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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 21:31

 

Dialogue théâtral

 

 La Marquise de Termeuil au Vicomte de Montval

 

Vicomte,

 

Il faut que je vous conte au débotté une anecdote savoureuse et pleine d’enseignement, qui vient de survenir, et dont la relation ne souffre point de délai.

Ce matin, j’étais en visite à l’impromptu chez notre amie très chère, Mme de Vaulanglais. Elle n’était point céans et François, son vieux cicerone, à ma demande pressante, m’a menée sur le pas des appartement de Caecilia, votre petite protégée. Vous, qui me connaissez à cœur, ne manquerez point là de lire une marque de ma curiosité native !

J’ai trouvé la jeune enfant à sa toilette, les cheveux défaits,

« Belle sans ornement, dans le simple appareil

D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil »*.

Elle était dans la contemplation béate de ce petit écrin de nacre, rond comme un coquillage, que je lui ai offert pour ses seize ans, et qui contient ces minuscules vanités dont nous, pauvres femmes, ne pouvons nous passer. Vous savez cependant combien j’y tenais ! C’est mon parfumeur anglais préféré qui m’en avait fait don, du temps que nous avions, vous en souvenez-vous, un penchant l’un pour l’autre ? Un fabuleux magicien qui m’avait donné à découvrir en sus l’enchanteresse « eau à la maréchale ». Ne vous enivra-t-elle point lorsque nous nous rencontrâmes, il y a, ma foi, fort longtemps ? Mais, foin de ces souvenirs ! Il fallait bien que je m’en dessaisisse puisque cela avait été orchestré dans notre plan.

Et voici que, sur l’instant, il prend à ma plume l’envie de vous narrer cette historiette à la manière de celui « qui pèse des œufs de mouche dans des balances en toile d’araignée » **. Et vous me pardonnerez, très cher, cet éloignement vis-à-vis de moi-même, tant il est vrai que, dans cette machination galante, je ne suis que votre acolyte occulte.

 

Dans les appartements privés de Madame de Vaulanglais : la chambre de sa fille.

 

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

Oh ! Madame, comme il me sied de vous rencontrer de sitôt. Je suis dans le plus profond embarras, car j’ignore tout du secret de ces petits riens de mousseline et de velours, dont vous m’avez gratifiée. Ne serait-ce point trop de votre bonté que de m’en révéler le bon usage ?

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Ma chère petite agnelle, vous me mandez là un conseil, qu’il eût été plus séant de demander à votre digne mère ! Mais, puisque c’est moi qui vous ai fait cadeau de cette frivolité, il n’est que justice que je vous en donne la clé. Sachez en premier lieu que, lorsqu’il s’agit de se parer, comme en toute chose, mesure et discrétion sont de mise. Ainsi, il vous faudra éviter les emplâtres sur les tempes et sur les joues ; ils pourraient malencontreusement faire croire à vos soupirants que vous désirez celer quelque bouton malin ou la quelconque trace d’une vilaine vérole.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

Mais dites-moi sans fard, Madame, puis-je promener sur mon visage ces fleurs de taffetas sans craindre de passer pour une indécente courtisane ?

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Ma chère enfant, s’il convient d’être modeste, il importera toujours d’être à la mode. Dans nos salons, à l’affût du moindre faux-pas, on ne vous pardonnerait point de ne pas sacrifier à l’art de la parure… et de la conversation.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

De la conversation, Madame ? Je vous saurais gré de m’éclairer plus avant. Qu’a donc à voir la parole avec ces brimborions?

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Vous ne l’ignorez point sans doute, ma douce, mais la gent féminine dispose d’autres moyens que les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Ce sont nos précieuses d’antan qui ont inventé le langage secret de ces bagatelles. Selon que vous les disposerez sur la joue ou sur le nez, elles auront un message bien différent. Ainsi, je vous dirai que la fantaisie que vous mettrez sur le front se nomme la majestueuse et qu’on jugera de bon ton de découvrir la discrète sur votre gentil menton.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

Eh bien, Madame ! Vous m’en comptez de belles ! Il me semble que je comprends pourquoi, l’autre jour, chez Madame de Noirmonde, la présidente de Belletour portait une de ces vétilles au coin de la bouche.

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Et que comprenez-vous, petite fille ? Croyez bien que je suis tout ouïe.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS (Elle rougit)

 

Oh, Madame ! Ne vous moquez point. Il me semble que, si la présidente de Belletour a placé là sa noire fantaisie, c’est pour attirer le regard du chevalier Nadceny, ce beau Hongrois que toutes les femmes regardent avec convoitise.

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Je vois que vous apprenez vite, ma toute belle, et ne vous dirai point quel est le nom de cette friponne-là, dont il m’apparaît que vous le découvrirez bien vite.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

Vous me prêtez là une science que je ne possède certes pas, Madame. Mais dites-moi plutôt, est-il permis de parsemer ces bêtises ailleurs que sur le visage ?

 

MADAME DE TERMEUIL

 

Cela, ma chère, je ne saurais vous le dire ! En voilà des idées pour une petite fille qui est encore à la grille du couvent ! Apprenez seulement que notre sexe est trop souvent tenu en souverain mépris par les hommes. Dans l’incapacité de combattre à armes égales avec eux, nous nous devons d’user de celles dont Dieu nous a pourvues. Et la séduction de votre joli minois en est une, dont il conviendra d’user et d’abuser. Croyez-en mon expérience : les charmes de ce petit écrin m’ont rendu de bons et loyaux services, dont je n’ai eu qu’à me louer.

 

CAECILIA DE VAULANGLAIS

 

Oh, Madame ! Que j’ai de reconnaissance à votre endroit ! Comment pourrais-je jamais vous remercier assez des bontés que vous avez pour moi, vous qui n’avez de cesse de parfaire mon éducation.

 

 

Sur ce, mon cher Vicomte, je vous dirai que notre jeune tendron, satisfaite de mes précieux conseils, m’invita en minaudant à déguster une collation sucrée au jardin.

Que dites-vous, ami, de cette historiette, somme toute très théâtrale ? N’y-a-t’il pas toute apparence que notre jeune oiselle soit prête à franchir le Rubicon ? Il n’est que grand’temps pour vous de vous mettre en campagne et d’endosser votre costume de Pygmalion.

À vous revoir un jour prochain, Vicomte, afin de deviser du succès de notre charmante entreprise.

 

 

Du Château de …, Ce 8 juin 17…

 

 

 

* Britannicus, Acte II, Scène 2.

* Il s’agit de Marivaux croqué par Voltaire.

 

 

Catheau

 

ex-libri.over-blog.com

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 21:16

 

Renaissance

 

Le décor :

Une tonnelle fleurie de roses sauvages, une table ronde et des chaises, une vieille femme assise écrit. Un petit enfant arrive de nulle part, debout à côté d’elle, il la regarde.

 

La scène :

 

L’enfant curieux : Que fais-tu ?

La vieille femme : J’écris. Sa plume court sur le papier qui progressivement se remplit de signes vert d’eau.

Lui : C’est joli ! Comment fais-tu ?

Elle : Oui, d’où viens-tu ?

Lui, sérieux et sombre ne répond pas et fronce les sourcils.

Elle : Tu vois cette boîte sur la table, ouvre-la.

L’enfant ouvre la boîte. Il semble intrigué.

Elle : Viens, assieds-toi. Elle lui tend une feuille et sort un élément de la boîte.

L’enfant farouche, recule, avance, effleure du bout des doigts le contenu de la boîte, hésite.

La vieille femme repose, à sa place, l’élément qu’elle avait pris : Vas-y, prends en un, celui que tu voudras.

L’enfant se décide maladroitement.

Elle : Tiens-le comme cela, elle lui montre, entre le pouce et l’index, et laisse ta main glisser au-dessus du papier.

L’enfant avec ce joli bout de bois, trace un trait maladroit.

La vieille femme lui sourit, l’encourage d’un signe de la tête.

L’enfant repose le bâton dans la boîte en choisit un autre, puis un autre, les bâtons roulent sur la table et tombent. L’enfant craintif sursaute.

Elle soupire, les ramasse, et lui montre : regarde comment je fais, doucement, délicatement sans appuyer, d’une main légère.

L’enfant s’enhardit prend un bâton rouge, le bout se casse, il a peur et s’enfuit…

Le lendemain, il revient, à la même heure, puis le jour suivant, un autre jour encore…

Un jour, il dit : Combien en as-tu dans cette boîte ?

Elle : Autant que de nuances. Tes doigts, avec ces bâtons, peuvent exprimer tout ce que tu penses.

Alors, il choisit un bâton noir trace deux courbes de bas en haut. Il choisit un bâton jaune d’or trace une courbe de haut en bas. Il choisit d’autres couleurs et lentement semble unir la terre au ciel. Une larme tombe sur le papier. Il se recule, il dit d’une voix à peine audible : Merci !

Il venait de rapprocher ses yeux d’une étoile, de dessiner un arc-en-ciel.

Depuis la disparition de sa mère c’était la première fois qu’il arrivait à la rejoindre.

La vieille femme n’en sut rien.

À la fin de l’été, avant de quitter le jardin, elle lui offrit la boîte et ses bâtons magiques.

 

ABC

 

http://detente-en-poesie.over-blog.com

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 20:49

 

La boîte venue de l'éphémère 

 

 

 

La scène se passe dans une grande forêt de feuillus en des temps immémoriaux.

Les bois bruissent de conversations feutrées. On voit un adolescent vêtu

d'une longue tunique bleue disparaitre entre les arbres vers le fond de scène. 

Entrent ensuite deux hommes dont le chemin se croise.

 

 

-         Excusez-moi. Je cherche le Grand Chêne du Druide.

-         Le Grand Chêne du Druide ? Je n’ai point l’honneur de connaître ce lieu-dit.

-          Je viens de loin. Peut-être que par chez nous, les noms sont un peu déformés.

-         Vous venez pour qui ? Parce que Merlin et Mélusine sont fort prisés.  Dès l'Assemblée de l'année dernière, les tablettes d'inscription étaient remplies.

-         Et en se juchant sur un arbre ?

-         Il n'y a plus un chêne qui n'affiche complet. Les épaules valides des participants mâles ont également trouvé  chacune locataire.

-         Toutes les épaules des participants qui peuvent se louer sont déjà occupées.

-         Ce sont de vraies stars alors !

-         Vous dites ?

-         Une expression de par chez moi. Je veux dire, ils sont … très connus.

En fait, je viens de très loin. Je suis envoyé par mon journal « Le Gui Libéré » pour faire une présentation de la communauté des Druides et rapporter les travaux de l’Assemblée.

Dans mon pays, l'influence des Druides s'est beaucoup réduite. Il serait plus juste de dire qu'elle a presque totalement disparu. Il s'agit pour moi de faire connaitre leur rayonnement.

-             Drôle de pays.  Vous venez d’où au juste ? Je n'ai jamais entendu parler du "Gui Libéré".

-         Je viens de l’Ephémère, c’est par-delà le temps, derrière l’estuaire de l’inaccessible.

-         Un bien joli nom pour une contrée perdue aux confins de la terre.

-         Je voudrais faire des croquis.

-         Il y aura des ateliers de partage des pratiques. Ce sera le plus intéressant.

-         Je veux faire un portrait des druides qu’on écoute le plus.

-         Il faudra leur demander leur autorisation. Certains seraient forts courroucés s’ils apprenaient que vous vous êtes approprié leur image sans leur en parler.

Vous croquez au fusain ?

-         En fait, j’ai une boite. Rectangulaire. Tenez, je vais vous la montrer.

-         Oui, ça m’intéresse.  Montrez-moi ça.

Je n’ai jamais rien vu de telle facture. Tiens qu’est-ce que c’est, ce cylindre qui englobe un morceau de verre ?

-         C’est l’œil de ma boite à croquis.

-         Je ne vois pas son fusain. Comment dessine-t-elle ?

-         Le fusain est caché à l’intérieur de la boite. Il y a un bouton, ici, pour mettre en route la main intérieure. Elle dessine très vite. Et en couleur. Je vais vous montrer. Le dessin apparaitra ici à l’arrière. Il sera tout petit.

-         J’ai hâte de voir ce dessinateur à l’œuvre. Vous le nourrissez comment ?

-         Placez-vous là. Ne bougez plus. Le dessinateur n’aime pas du tout que cela bouge.

-         Voila. Venez voir votre dessin.

Non, non ! Laisse ça ! Vite courrez-lui après !

-         Inutile. C’est le petit singe de Merlin. Des voyageurs qu’il a soignés l’avaient rapporté d’îles lointaines. Ils lui en ont fait présent. Il est très agile et grimpe aux arbres, vous vous en doutez, avec une facilité déconcertante.

-         Mais ma boite  à croquis ?

-         Sans doute Merlin la récupérera-t-il d’ici deux ou trois jours.

-         L’Assemblée ne dure-t-elle pas que deux jours ?

 

-         Pour les non initiés. Le Collège des Grands Druides, en apprenant la merveilleuse invention que vous avez apportez, décidera peut-être de vous autoriser à assister à la suite des travaux.

Oh ! Votre boite là ! Elle fait des éclairs ! Elle va déclencher les forces maléfiques ! Au secours ! Un espion de l’Ephémère parmi nous ! Attrapez-le !

 

 

L’Œil qui court

 

http://loeilquicourt.over-blog.fr/article-la-boite-venue-de-l-ephemere-65301888.html

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 20:38

 

Pour l’ivresse de ce flacon

   

Un intérieur bourgeois meublé simplement. A droite, un bureau derrière lequel s’ouvre une grande fenêtre sur un jardin fleuri. Une cheminée éteinte. A gauche un bahut à côté d’une porte à deux battants en bois massif. Quelques portraits accrochés au mur. Sur le devant un petit guéridon avec deux fauteuils Voltaire.

Un homme d’une quarantaine d’années est assis à son bureau. Il écrit. A sa droite est posé un petit paquet entouré d’un ruban rose. L’homme est vêtu avec élégance mais sans ostentation. Un autre homme, plus âgé, essuie des bibelots sur la cheminée et le bahut. Ses habits sont simples, propres, rapiécés avec soin.

 

Le domestique

Monsieur !

 

Monsieur

                 Qu’y a-t-il donc ?

 

Le domestique 

                                            On a sonné à l’huis !

 

Monsieur 

Eh bien dépêchez-vous, ouvrez sans attendre.

 

Le domestique 

Pourtant, vous m’aviez dit…

 

Monsieur 

                                           C’est mon cher Clitandre !

 

(Le domestique fait entrer un homme plus jeune, d’une trentaine d’années. Il porte les derniers habits à la mode, dont une chemise à jabot, largement échancrée. Monsieur et l’homme qui vient d’arriver se saluent d’un regard et d’un petit mouvement de tête.)

 

Monsieur (au domestique)

Ne me dérangez plus, laissez moi avec lui.

Allez donc à l’office nous préparer du thé

Quelques pâtisseries, entremets et pâtés.

 

Le domestique 

Mon bon Monsieur, j’y vais.

 

Monsieur 

                                            C’est cela, disposez !

(réfléchissant)

Ah, j’y pense à l’instant. Apportez du rosé.

 

(Le domestique sort. Clitandre s’assied.)

 

Clitandre

Vous m’avez fait mander ?

Monsieur

                                         Par un mot, hier au soir.

Ce que j’ai à vous dire, je ne peux y surseoir.

 

Clitandre

Je suis, mon cher ami, attendu au logis

Une charmante enfant, arrivant de Paris.

 

Monsieur

Las ! Par monts et par vaux, en amourettes vaines

Vous êtes emporté, me laissant à ma peine.

Cela fait deux mois que je suis sans nouvelle.

Encore une conquête ?

 

Clitandre

                                   Oui, mais elle est si belle.

 

(Monsieur s’assied, les épaules légèrement affaissées à côté de Clitandre. Puis se reprend.)

 

Monsieur

Au cours du mois dernier j’ai acquis un objet

Je l’ai rangé ici, dans ce petit paquet.

Il est muni d’un manche ainsi que d’une hélice.

Quand vous l’aurez en main…

 

Clitandre

                                              Arrêtez ce supplice !

Vous me faites languir avec tous ces mystères.

Parlez clair à la fin, et restez terre à terre.

(Monsieur ouvre le paquet.)

 

Monsieur

Cet objet élégant, racé et métallique

Saura vous dispenser de toute la panique

Que l’on a quelquefois quand un petit flacon,

Refusant de s’ouvrir, nous rend fou pour de bon.

Vous pourrez donc dès lors goûter avec ivresse

A son liquide ambré avec joie et sans stress.

 

(Monsieur tend l’objet à Clitandre.)

 

Monsieur

Eh bien, qu’attendez-vous ?

 

Clitandre

                                           C’est un très beau cadeau

J’en avais plus qu’assez de ne vivre que d’eau.

 

Monsieur

Pour votre bon plaisir, carafes et flacons

Partout, à tout moment, sans effort s’ouvriront.

 

(Le domestique entre, apportant un plateau garni des choses demandées. Monsieur saisit une bouteille et prend l’objet.)

 

Monsieur

D’une pression bien ferme, ici vous l’enfoncez.

Tournez, tournez encore. D’un coup sec vous tirez.

 

Clitandre

N’ajoutez plus un mot, vous m’avez convaincu.

Je l’accepte avec joie.

 

Monsieur

                                  Heureux qu’il vous ait plu.

 

Clitandre

Mais il est temps pour l’heure…

 

Monsieur

                                               Vous devez me quitter,

Retrouver cette enfant dont vous m’avez parlé.

 

Clitandre

Je reviendrai bientôt.

 

Monsieur

                                   Nous aurons plus de temps

Pour nous connaître mieux ?

 

Clitandre

                                              Et deviser gaiement.

Il sort.

 

Dan Rodgerson

 

http://lire.ecrire.rever.peut-etre.over-blog.com/

 

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 20:34

BEAU PRINCE

 

Il faisait déjà sombre, j’étais pressée de partir.

  • Bon, je te laisse les clefs de la maison. Tu arroseras les plantes, nourriras la chatte et prendras soin de dépoussiérer mes collections.

Je le connaissais depuis peu mais il était si gentil et courtois que je lui confiais mon univers sans appréhension. Miss Tigri, mon adorable chatte jalouse, crachait en sa présence. Il saurait l’apprivoiser elle aussi.

Il contemplait mes étagères et je le sentais intrigué par des petits pots de verre.

  • Qu’est-ce que c’est ? Des pots de yaourt ? Il en avait pris un entre ses doigts fuselés.

  • Fais attention, j’y tiens ! C’est un héritage de famille, de mon grand père qui le tenait lui-même d’un aïeul chirurgien.

Une lueur dansa dans ses yeux.

  • Chirurgien ! c’est un métier saignant me répondit-il ravi de sa pointe d’humour.

  • C’est pour pratiquer une Hijama !

  • Ah oui, pyjama, nuits câlines et tendres étreintes !

  • Mais non idiot ! Je t’explique. Une Hijama c’est une saignée à l’aide de ventouses.

Ses jointures blanchirent sur la ventouse. Elle éclata.

  • C’est malin ! Je t’avais dit de faire attention, tu ne sais pas que le verre est fragile ?

  • Je vais ramasser les morceaux dans mon mouchoir.

  • Une fois cassé, c’est cassé !

  • Si je l’ai cassée, ta vente ouste, c’est pour servir.

  • Une V.E.N.T.O.U.S.E. Tu n’en connais pas l’utilisation ?

  • Non 

  • Bon et bien… C’était une pratique répandue jusqu’au dix neuvième siècle. L’homme de science incisait la peau, appliquait une ventouse à vide et aspirait le mauvais sang pour purifier l’organisme.

  • Mauvais sang, jolie formule ! Ils avaient du savoir vivre tes ancêtres. Je peux tester merveilleuse coutume sur Miss Tigri ?

  • Tu es malade !

  • Mais je plaisante voyons !

Il m’entoura de ses bras forts. La chatte au poil hérissé, feulait. Je plongeai mon regard dans le sien.

Des traînées de sang coulaient de ses yeux pers et sa bouche s’entrouvrît sur de longues canines de mauvais aloi.

 


Claudie

 

 

 

 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 11:30

 

Souvenir d'Afrique

 

La photo était là, sur la table. Je l'observais, et le tigre qu'elle pensait avoir emprisonné à jamais, tourna la tête dans ma direction, bâilla, s'étira et entreprit de quitter cette cage de papier glacé.

 

Mes pensées s'envolèrent en Afrique où nous aimions ces safaris photos qui nous procuraient tant de frissons et d'émotions.

 

Le soir, chez le gardien de la réserve, toutes les images que nous avions emmagasinées alimentaient des discussions jusqu'au milieu de la nuit.

 

Les splendeurs des couchers de soleil et le relâchement des tensions déclenchaient d'inextinguibles fou-rires, entretenus par de copieuses rasades d'un vieux gin infâme, certainement volé à une réserve de pirates. Le genre de liquide que l'on boit quand le bateau coule pour ne pas se voir mourir. Il nous aidait à supporter la présence à nos côtés d'un tigre prétendument apprivoisé.

 

Il ne nous prêtait pas la moindre attention, mais ses trois cents kilos de muscles, de mâchoire, de griffes et de sauvagerie sommeillante nous maintenaient sur un qui-vive chargé d'appréhensions et de respect.

 

Cependant, à mesure que les dernières rougeurs du soleil disparaissaient à l'horizon, le béatifiant liquide engourdissait notre vigilance et nous finissions par nous endormir sur le sol, pour nous réveiller, le lendemain, dans les bras protecteurs de l'animal.

 

Oncle Dan

 

http://oncledan.blogspot.com

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 11:25

Rêve ou Réalité !

 

La photo était là sur la table !

Ramassé sur lui même ! un tigre blanc semblait vouloir en sortir.

Mirage ou imagination ! ou simplement l'artiste avait-il voulu nous étonner ?

Là ! il avait réussi ! était-ce la fatigue du jour  ou m'étais-je endormi ?

Mais je vis ce magnifique tigre faire un bond qui me fit reculer,

Et sauta dehors par la fenêtre ouverte !

Je me précipitais !

Non pas ça je rêve ! cela ne se peut ! il va revenir !!!

Instinctivement je regardais la photo toujours sur la table, saisi de tremblement.

Je constatais que le tigre, le magnifique tigre blanc n'y était plus !!!

Seule son ombre encore vibrante frémissait sur le papier !!!

Que s'était-il passé !

Par quelle magie le tigre avait-il repris vie !!!

 

Tout à mes réflexions, j'oubliais que le tigre était là dehors !

Lorsque des cris, étouffés d'abord, puis affolés envahirent l'espace extérieur !

 

- Maman, Maman un tigre sur la pelouse !

- Jean, Michel venez vite ne restez pas là c'est dangereux un tigre !

- Appelez la police, il s'est échappé d'un Zoo-

- Il est énorme ! au secours il a bougé, il se lève, il s'avance vers nous !

- Christian ne reste pas là ! il va te dévorer !

 

C'était l'affolement général ! je restais interdite ne sachant que faire !

Seul un enfant de douze ans ne bougeait pas il ne semblait pas avoir peur !

et le tigre s'approchait de lui !

Je me mis à craindre pour l'enfant !

Je me sentais responsable !

Puis je repensais à ces Dobermans !

Il y a quelques années, je devais voir une personne !

Entre elle et moi deux magnifiques et énormes Dobermans me regardaient ! je savais que si j'avais peur ils pouvaient mal réagir !

Je fis le vide en moi et réussis à atteindre un niveau de paix que je jugeais suffisant !

Je franchis la distance sans autre  pensée !

Les Dobermans m'ignorèrent royalement !

Et je rejoignis mon contact !

Plus tard le maître qui avait vu la scène vint me dire :

- C'est la première fois que je les vois sans réactions devant une personne qui leur passe devant aussi près !!!

 

Oui mais un tigre !!!

Un tigre qui sort du papier !!!

Celui-ci s'avançait toujours vers l'enfant !

Alors sans plus réfléchir je repris l'attitude de paix intérieure que j'avais déjà expérimentée  !

Et, sans précipitation je rejoignis l'enfant !

Le tigre me regarda ! regarda l'enfant qui n'avait pas peur !

Et, se retournant majestueusement ! fit une roulade sur le gazon !

La mère s'approcha et repris son fils les yeux toujours fixés sur le tigre qui s'ébattait sur l'herbe tendre du tertre.

Il était ravi ! la beauté du tigre l'avait médusé !

 

Qu'il est beau finit-il par dire !

Maman il ne faut pas qu'ils le prennent ! " Papa c'est mon anniversaire demain dit-il à un monsieur qui arrivait ( c'était le propriétaire de ces bâtiments)  et c'est le tigre que je veux ! on lui ferra un enclos dans le parc du domaine ! un très grand ! il y sera comme chez lui ! comme en liberté !

"Mais répondit le père tu te rends compte de ce que tu me demandes - c'est un tigre ! ce n'est pas un chat"

-  "Je sais bien papa hier tu m'as demandé ce que je voulais pour mon anniversaire ! c'est le tigre que je veux "

-  "mais tu ne pourras pas jouer avec lui ! "

- "j'irais le voir avec mon Poulain, on fera le tour de l'enclos, dis papa !!! s'il te plaît !!! "

 

Le père regarda son fils ! puis le tigre ! les pompiers arrivaient ! il fallait se décider ! puis il se revit enfant devant la cage d'un tigre dans un cirque ambulant ! il se revit faisant une demande semblable à son père qui bien sûr refusa !

 

Il revécu sa frustration devant ce refus implacable et hautain qu'il avait essuyé, comme si il considérait que son fils n'avait pas toute sa tête !!! l'image s'enfuit ! il revit ses dernières années ou pris par ses affaires, il n'avait pas beaucoup pris attention à son fils ! il lui avait promis un cadeau exceptionnel! il faut dire que c'était le cas ! et il pouvait réaliser le désir de son enfant !

Alors ses yeux s''illuminèrent il regarda son fils bien en face ! "

- "c'est vraiment ce que tu veux lui di-il "

 Celui-ci comprenant l'enjeu regarda son père sans sourciller, du haut de ses douze ans ! il comprit que quelques liens secrets étaient en train de se souder ! OUI répondit-il ferme et déterminé ! "

- "Tu en serra responsable "

- "D'accord répondit l'enfant"

Le père réfléchit comme si il prenait sa plus grande décision ! en effet prendre la décision de donner à son fils une preuve de confiance et de collaboration, ce qui ne s'était jamais produit, c'était un moment exceptionnel à ne pas prendre à la légère !"

Sans rien dire il s'approcha du capitaine des pompiers, se présenta et lui soumis  sa demande ! mettre le tigre dans une cage, et il lui donnerait  l'adresse ou l'envoyer  si personne ne le réclame !

L'enfant qui l'avait suivi entendit sa requête heureux n'en croyant pas ses "oreilles" il regarda son père avec d'autres yeux ! il a dit Oui ! il aura le tigre ! tout les Week End il pourra aller le regarder et qui sait ! il n'a pas l'air méchant ! je me renseignerais auprès d'un cirque ! déjà mille projets faisaient jour dans son esprit  ! il se voyait en compagnie du tigre dans le parc de sa famille au domaine de Lavaldieu !!!

 

 

Épilogue :

 

L'enfant tint sa promesse et le tigre se prélassa sous les arbres de son nouveau domaine ! son maître sut veiller sur lui et l'amadouer. Par chance pour lui le tigre était encore jeune et put être éduqué  !

J'eus l'autorisation de venir le voir, mais jamais il ne sut que c'était au départ un "tigre en papier" une photo particulière !

 

Ce que je n'ai toujours pas compris d'ailleurs !!!

 

 

Juliette

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 07:36

TCHANG ET MOI

 

La photo était là, sur la table…

*

Non, elle n’était plus sur la table,

 puisque depuis longtemps déjà,

 je l’avais faite encadrer sobrement

et

elle ornait discrètement l’un des murs de ma chambre…

*

Il s’appelait Chandernagor,

mais pour moi,

c’était Tchang.

*

Le soir,

 après une journée terne, triste et grise,

après mon potage aux coulemelles,

 je me couchais en général assez tôt.

 

J’allumais la petite bougie rouge,

celle qui est légèrement parfumée aux épices du Bengale.

 

Je lisais quelques pages de Kipling

et puis

 je faisais un léger toc toc de mon doigt

contre le bois blond de ma table de nuit.

 

En l’attendant,

je m’allongeais bien sur le dos, je m’étirais complètement,

je fermais les yeux doucement

 et

je laissais en moi s’installer une respiration lente et profonde.

 

Luxe, calme et volupté…

Qu’il est doux d’attendre…

 

Il ne tardait jamais beaucoup.

A quelques signes impalpables,

 je devinais qu’il descendait tranquillement de son cadre.

 

Son pas de velours faisait à peine craquer le parquet.

 

Alors,

 je soulevais le drap, juste un peu, pour l’accueillir.

Il venait se glisser délicatement à ma droite

et moi,

 je me blottissais tout contre lui…

 

Hum… C’était bon…

 

On restait un long moment comme ça,

sans rien dire, sans bouger,

juste à se respirer…

 

La lueur dansante de la bougie.

 

Et puis, subitement,

je me mettais à lui raconter ma journée,

toute ma journée,

les choses insignifiantes, mes menus ennuis, mes petits plaisirs…

 

Il restait silencieux,

 mais je savais qu’il m’écoutait.

Vraiment.

 

Un peu plus tard,

il y avait toujours un moment

 où je le sentais imperceptiblement frémir…

 

La flamme vacillait davantage.

 

Dans la pénombre,

 il ne pouvait pas savoir que mes joues avaient rosi.

 

Alors,

d’un souffle vif, j’éteignais la chandelle.

Aussitôt

la mèche commençait à fumer

et à sentir si bon

 dans le noir…

 

Bientôt,

le sommier à lattes murmurait un peu.

 

Quand la cloison, inévitablement,

 se mettait à vibrer,

 j’avais toujours peur pour les voisins…

*

*

*

Le matin,

 je me réveillais toujours tard.

Bien reposée,

 comme neuve d’un jour neuf.

 

Je sentais encore sa présence chaude contre moi,

alors qu’il avait repris sa pose sage et figée

 sur le mur.

 

Quelquefois,

sur le miroir de la salle de bain,

il avait pris le temps de laisser quelques mots carmins :

 

« Pénéloop, avec vous, les nuits sont si douces… »

 

Loop

 

http://aloreedespeutetre.over-blog.com/

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 07:32
L'ESPRIT DE LA TIGRESSE
 
 

La photo etait là, sur la table. Elle avait été prise quelques heures plus tôt. J'avais trouvé pour l'été un emploi de caissière au Zoo de Beauval proche de Saint Aignan. Le soir, au moment de la débauche, j'avais décidé de faire un tour dans le parc. J'admirais les tigres blancs essayant de les prendre en photo, mais ils étaient bien trop loin. Alors le soigneur me proposa de la prendre pour moi, ce que j'acceptai avec plaisir.

 

Avant de rentrer à la maison, j'avais déposé ma carte mémoire chez le photographe lui demandant de développer la photo du tigre en format poster. Environ deux heures plus tard, j'étais chez moi et j'admirais le résultat spectaculaire. On aurait dit que le tigre avait pris la pose afin de se trouver sous son meilleur jour. Il semblait me regarder intensément. Le soigneur était un génie.

 

Je me débarassai de mes affaires, otai mes chaussures, et admirai la photo lorsque je vis le tigre sortir une patte, puis une autre. Je crus d'abord à une hallucination mais le tigre maintenant se levait et s'étirait de tout son long, laissant entrevoir une musculature impressionnante. Figée de surprise et de peur, je regardai, effarée, l'animal bondir hors du cadre et se poster devant moi.

 

Terrorisée, je n'osai bouger. Le tigre s'avança un peu, s'assit sur son derrière et feula. Ne sachant que faire, tétanisée, je m'agenouillai sans réfléchir et baissai la tête. L'animal s'approcha de moi, et me lécha le visage. Je remarquai alors qu'il s'agissait d'une femelle alors que le tigre présent au zoo était un male. D'abord surprise par ce geste affectueux, je risquai une main sur son dos et entreprit une caresse. Son pelage était d'une grande douceur, contrastant avec la réputation féroce de l'animal. Je pris énormément de plaisir à prolonger la caresse qu'il semblait apprécier, vu qu'il se mit à ronronner.

 

Il s'allongea sur le flanc, et m'incita, d'un coup de patte affectueux à poser ma tête sur son torse. A ce moment, une chose incroyable se produisit. A l'instant, où ma tête entrait en contact avec le pelage de l'animal, je fus transportée dans des contrées lointaines, en pleine nature. Là, je vis le corps sans vie de mon tigre, allongé sur le flanc. Deux tigrons couraient et miaulaient autour de lui, cherchant en vain, à réveiller l'animal. Je compris alors que celui se trouvant avec moi devait être l'esprit de la femelle du tigre pris en captivité au parc zoologique, même si je ne savais pas comment elle avait pu arriver là. A cette instant, je repris connaissance, me retournai et constatai que ma tête reposai sur une peluche.

 

Je me relevai, montai la peluche dans ma chambre et passai alors un coup de téléphone au soigneur, cherchant à savoir où l'animal avait été capturé. La photo était toujours sur la table, intacte. J'ignorai comment l'esprit de cette tigresse avait réussi à entrer en contact avec moi, mais j'étais décidée à retrouver ses petits et les confier à quelqu'un qui saurait en prendre soin.

 

Naniloup

 

http://lepetitmondedenaniloup.blogspot.com

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 07:28

La règle n° 2078

 

La photo était là sur la table de la cuisine. Mademoiselle Bournabelle Potimarron était, elle, sous la table, étreignant un tube de crème épilatoire de toutes ses forces.

Au début, il y avait eu cette photo bien loin de la place qui lui était dévolue sur la commode à photographie. Lorsque Mademoiselle Bournabelle Potimarron entra dans la pièce et la vit, son cœur manqua un battement puis s'accéléra. Cette photographie enfreignait toutes les règles d'hygiène et d'ordre établi dans cette maison. Sa respiration se fit saccadée. Une sueur froide se mit à couler le long de son dos, tandis que ses mains  voyageaient constamment et régulièrement de son nez à son carnet.

Mademoiselle Bournabelle Potimarron vivait dans un monde fait d’ordre, de discipline et de règles... surtout de règles.

Chacune d'entre elles étaient dûment consignée dans un petit cahier noir qui ne la quittait jamais.

Ces lois, ces consignes et leur exécution lui permettaient de garder le contrôle, de définir et de délimiter son univers :

 « Règle n° 106: Les jurons même en pensée sont à éradiquer. »

 

Tout ceci lui permettait de garder les deux pieds au sol, là où ils devaient être.

 

«  Règle n°245: L'avion, le deltaplane et la montgolfière sont pour les esprits fantaisistes dénués de tout sens pratique. L'être humain n'est pas fait pour voler sinon il aurait des ailes. »

 

Une seule faille, un seul manquement aux règles, une seule fissure dans cet édifice et sa sécurité mentale était en danger.

La vie de Mademoiselle Bournabelle Potimarron était fait d'ordre, de discipline et de règles... surtout de règles.

Or, l'une de ses règles venait, très clairement, d'être bafouée par une photo.

« Règle n°2078: Aucun objet non relié directement aux activités de préparation ou d'absorption d'aliments n'a sa place sur la table de la cuisine. »

 

 Mademoiselle Bournabelle Potimarron se mit à faire du yoga,  comme lui préconisait son amie Violette en cas de panique.Sa respiration reprenait un tempo plus normal, lorsque levant la tête,  elle remarqua un détail troublant. Défiant toute logique et toute notion de bienséance, elle vit la photo laisser échapper un tigre... un tigre à poil blanc.

Le cerveau de Mademoiselle Bournabelle Potimarron se remplit de visions d'horreur peuplées de poils blancs. Des poils... Des poils sur sa moquette, dans sa salle de bain, des poils sur les tapis, des poils virevoltant désinvoltes au soleil, des poils dansant dans la lumière des lampes, enveloppant effrontément son balai, sa brosse à vêtement, des poils s'accrochant au moindre tissu, envahissant chaque surface disponible, réfractaires à toutes disciplines, collant aux doigts, aux vitres, à ses vêtements, s'accrochant à ses cheveux , à ses sous-vêtements, imprégnant chaque parcelle de sa peau, des poils gros gras, rêches, des fins presque invisibles et pourtant présents, couverts de microbes et de bactéries, des poils dans son lit, sous son lit, des poils, des poils partout tout le temps,...

Elle vit sa lutte et son trépas, ensevelie sous des milliers de millions de poils blancs.

Elle ne put en supporter d'avantage.

Voilà pourquoi Mademoiselle Bournabelle Potimarron était là sous la table de la cuisine étreignant de toutes ses forces un tube de crème épilatoire. 

 

Mademoiselle Bournabelle Potimarron

 

 

http://violetteetbournabelle.over-blog.com/

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