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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 23:50

 

Se fondre dans le décor 

 

Se fondre dans le décor

Voilà un thème qui lui convient à merveille, se dit-elle, elle qui n'a fait que cela toute sa vie.

Elle n'a tellement fait que ça qu'elle ne trouve aucune histoire à raconter, tant cette habitude est ancrée en elle, tant elle ne sait faire autrement...

 

Est-ce une vie de rêve

ou seulement

une vie rêvée,

une vie de passe-muraille?

 

Elle est là sans être là

Elle est ailleurs

Ailleurs, c'est bien plus beau

Tout le monde le sait.

 

 

Gazou

 

http://gazou.over-blog.fr

 

 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 23:40

 

La douceur des "Mai"

 

Une légère brise soufflait et faisait voleter les cheveux dénoués de Clotilde. Elle n’y prêta aucune attention. Le réverbère éclairait d’une faible lumière cette silhouette qui se fondait dans la pénombre. À cette heure bien particulière du soir où se confondent les dernières lueurs du jour et premières ombres de la nuit, ses pensées vagabondaient vers son arrière grand-mère dont elle portait le prénom.

 

L’année dernière, celle-ci lui contait encore cette coutume charmante, venue du Moyen-Âge traversant les siècles de la Renaissance survivant aux tremblements de la Révolution pour parvenir jusqu’à nous bien que diluée dans la vie hyperactive où elle paraît désuète. Et pourtant….

 

Clotilde entendait la voix douce de son aïeule qui lui narrait la coutume des "Mai". Au printemps, le parfum des lilas embaumait le pays. Les jeunes gens s’adonnaient avec joie et empressement au rite des "Mai". Chaque jeune fille en âge d’épousailles découvrait au matin du premier mai une branche d’arbre sous ses fenêtres. La belle devait ensuite trouver quel garçon avait ainsi fait sa demande. Si la demoiselle acceptait, elle portait ensuite sur sa tête durant une semaine, une couronne tressée de fleurs blanches et fraîches sur ses longs cheveux dénoués. Les accordailles étaient scellées et des réjouissances bucoliques suivaient, pas toujours très innocentes, dans le village.

 

Clotilde respira profondément ; le muguet naissant et les violettes mêlaient leur arômes … Mamy, malicieuse, avait ajouté que née le 29 avril, elle avait eu son petit rameau offert par son "jumeau" devenu son tendre époux des années plus tard et que jamais il n’avait failli à la coutume.

 

Ce soir, Clotilde était seule, Mamy était partie… c’était à son tour de faire survivre la coutume.

 

Lilou

lundi 14 février 2011

 

 

http://www.lilou-fredotte.com

 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 09:02

 

ME FONDRE DANS LE DÉCOR

 

 

Me fondre dans le décor

 

 

Me fondre dans le

 

 

Me fondre dans

 

 

Me fondre

 

 

Me

 

 

M

 

 

 

*

*

*

 

H

 

 

He

 

 

Hel

 

 

Help

 

 

 Help !

 

 

 

 

Pénélope Estrella-Paz

 

 

 

 

 

L’Orée des peut-être

 

http://aloreedespeutetre.over-blog.com/

 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 08:46

 

Règle n° 1

 

 

Ma vie, comme vous avez pu le constater est assez structurée. Malheureusement, je la partage avec mon amie Violette Potimarron. Elle est entrée dans ma maison par hasard, selon ses propos, et n'est jamais repartie. Ce moment se prolonge maintenant depuis plus de dix ans.

Cette femme ne respecte aucune règle ou plutôt aucune règle ne lui correspond. Elle les devance et parfois à son insu elle les crée.

 

Règle n°1589:

Lorsque Violette arrête de parler ou pleure, gémit, hurle,… il est essentiel de lui demander si quelque chose ne va pas. Il est important de feindre l'intérêt même si des taches urgentes nous appellent. Les conséquences du non respect de cette règle peuvent être extrêmement dangereuses.

Exemple type de phrase:

- Quelque chose ne va pas?

- Je suis inquiète pour toi.

- Tu as l'air de souffrir énormément.

Ensuite rester silencieux le temps pour elle de s'exprimer, il n'est pas obligatoire d'écouter sa réponse mais il faut toujours terminer la conversation par la phrase: » je comprends ça a l'air difficile ».

 

J'ai avec elle de nombreuses occasions de me sentir humiliée.

Ainsi, elle se présente systématiquement aux gens sans donner son nom de famille. J'ai ainsi du me résigner à lui prêter le mien devant son refus d'utiliser le sien. Elle manifeste également une tendance prononcée au contact physique avec de parfaits inconnus, elle embrasse sur la joue les passants, les étreint…

Il lui arrive régulièrement de pleurer en pleine rue et de s'asseoir sur le trottoir plein de déjections de pigeons. Aucune règle, même d'hygiène, ne peut la ramener à la raison. La logique de son comportement reste pour moi extrêmement obscure. La dernière fois il semble qu'il s'agissait du refus de la boulangère de lui faire un pain rose à paillettes.

 

Elle se pique également de nudisme.

 

Règle n°2356:

La nudité n'est autorisée que dans la salle de bain et la chambre à coucher.

 

Devant mon refus d'accepter sereinement cette habitude de vie, elle a décidé de pratiquer le naturisme sur le toit de notre maison.

 

Je n'ose plus regarder le facteur en face depuis qu'il a pu apercevoir toute l'anatomie de mon amie Violette Potimarron.

Elle l'a hélé l'été dernier, du haut de son perchoir, ravie d'avoir du courrier. Son salut enthousiaste a mis à contribution non seulement sa main mais aussi involontairement certains de ses attributs. J'ai eu à cette occasion une furieuse envie de me fondre dans le décor, je vous l'avoue.

 

Mais la seule et unique fois ou j'ai voulu disparaitre, m'évanouir entre les lattes de mon matelas, tomber en poussière, être ramassée par le vent pour ne plus revenir c'est lorsque mon amie Violette Potimarron est partie en vacances.

 

Voilà pourquoi, il n'y a qu'une règle que je demande à mon amie de respecter.

Voilà pourquoi, elle la respecte sans protester.

Voilà pourquoi, la règle n°1 ne parle ni de bienséance ni de l'ordonnancement du monde, mais simplement de mon amie Violette.

 

 

Règle n° 1:

Violette reviendra toujours.

 

 

Mademoiselle Bournabelle Potimarron

 

 

http://violetteetbournabelle.over-blog.com/

 

 

http://violetteetbournabelle.over-blog.com/article-travaux-communautaires-67114477.html

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 22:00

 

Le mur 

 

Ruban de mots

Pénombre dans la salle

Rideaux noirs

Murs noirs

Un projecteur, voilé,

Révèle ou cache,

On ne sait trop…

 

 

« La lune blanche luit dans les bois »

Ce vers de Verlaine

Devenu un ruban de mots

Répété à l’envi

Résonne en moi.

 

 

Je le fais glisser

Je le retiens

Il s’insinue dans chacune de mes cellules

Je le dirige à volonté

Je le visualise, écrit de différentes couleurs

Pour en décrypter les images

Pour en ressentir les forces cachées

Les accords et les antagonismes

Car les couleurs révèlent les mots

Les transforment et les domptent

 

 

Dans ce laboratoire de perceptions

Que sont devenus, mon corps,

Mon souffle et mon esprit

Unis par la volonté de maîtriser l’interprétation

Suivant mon intuition créatrice,

Je dirige le ruban des mots

Je le visualise dans mon bras

Dans ma main tendue dans l’espace

Il se déroule

S’écoule dans l’air

Suivi par ma voix qui dit mon ressenti.

 

 

Dans le silence

J’observe alors un point sur le mur d’en face

Je le veux attirant

Irrésistible

Je dirige alors par la pensée

Mon ruban de mots sur ce point

Je le vois traverser l’espace

Pénétrer le mur

Y trouver sa place

Se lover dans la pierre

S’enfoncer, se dilater ou se rétrécir

Selon ma volonté

Et du silence explorateur

Tout en mot pensés

Un son

Venu du plus profond de moi

Sourde soudain pour évoquer l’action.

Ce son porte les mots

Sans qu’ils soient dits

Bien qu’il les exprime avec force

« La lune blanche luit dans les bois »

 

 

Le mur absorbe ce ruban

Renouvelé par la répétition mentale du vers

Sa lueur se teinte de toutes les nuances

Mon corps vibrant s’en imprègne

Le ruban des mots se renouvelle sans cesse

Et disparaît, avalé par le mur

Les mots se libèrent

J’avance, bras tendu

Ma main attirée par le mur m’emporte

Mon corps, comme en apesanteur, traverse l’espace

Quand enfin elle se pose

La phrase ruban

Quitte ma paume palpitante

Pour se glisser dans la pierre

Ma voix parcourt mon bras et sort par ma main

Elle pénètre dans ce mur tant espéré

Retrouve le chemin

Se love dans la pierre

S’enfonce, se dilate ou se rétrécit

Jusqu’à ce qu’insensiblement

Vivant l’osmose

Je m’y sente à ma place

« La lune blanche luit dans les bois »

 

 

Ainsi j’acquiers, par l’harmonie,

La maîtrise, indispensable à toute interprétation,

De ces trois éléments essentiels

Que sont le corps, le souffle et l’esprit

 

 

Quand s’allumeront les projecteurs

J’entrerai en scène

Riche de cette expérience

De m’être fondue dans le mur

Pour en ressortir dans la lumière.

 

 

 

Ce texte s’inspire d’expériences d’ateliers autour d’un exercice ayant pour but de développer, sensibilité, concentration et maîtrise de soi. Cet exercice est sans doute un des plus représentatif de ma méthode.

 

 

Adamante


http://adamante-images-et-reves.over-blog.com/

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 22:31

 

La femme pierre

 

Il dit qu’il m’aime… Il ment. Je le sens, je le sais !

 

Les femmes sont sensibles au moindre changement d’atmosphère, à la plus anodine des phrases concernant leur silhouette, par exemple. Il ne me regarde plus comme avant. D’aucuns me disent que je suis toujours une belle femme. Une déesse callipyge dans la plénitude de l’âge. Mais lui, il s’échappe. Je suis rongée par la jalousie, mon cœur s’effrite et ma raison se délite. Ce vilain sentiment me fait mal mais lui, il reste de marbre.

 

Il partira avec une jeunesse. Son regard s’attarde sur les jupes courtes dévoilant de longues jambes, sur les minois tous frais et tendres.

 

Je ne me sens plus la force de lutter contre les ravageuses amazones. Je voudrais me fondre dans le décor, ne plus souffrir des œillades échangées avec de jolies passantes, ne plus sentir son agacement devant ma souffrance.

 

Alors, j’ai trouvé une parade. Pour l’épier et éviter une intrusion dans mon univers amoureux, je me suis transformée en cariatide. Ainsi, je peux observer toutes celles qui franchissent le porche.

 

Claudie

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 22:13

 

Accroc et papillon

 

Lundi

 

Ernest Galuchat vient prendre son service au 3ème niveau en sous-sol de l’Administration. Il est 7h57. Ernest Galuchat a 37 ans et a accédé depuis 13 jours au rang de second sous-secrétaire chargé de la Refonte Administrative. Il se met au travail sans tarder. Il sait exactement ce qu’il doit faire. Un message envoyé la veille sur son téléscripteur à bande passante 3 KHz lui a fixé son planning hebdomadaire. Ce matin, Ernest Galuchat est seul dans le bureau qu’il occupe avec Monsieur Mantelet. Il ne comprend pas.

 

A 9h58, Monsieur Patère, son supérieur direct, entre. Sans saluer, il lui dit :

« Votre collègue, Monsieur Mantelet est appelé à d’autres fonctions. Son remplaçant arrive. En attendant, vous continuez votre travail tel que défini. »

Monsieur Patère jette un regard circulaire dans la pièce, passe une main gantée sur le bureau, observe ses doigts et ajoute :

« Pensez à réparer cet accroc à votre veste. Nous nous devons d’être impeccables. »

 

Il sort, toujours sans saluer. Il est 10h02. Ernest Galuchat reste à regarder la porte qui s’est refermée dans un « cloc » discret. Sa position n’a pas changé. Son crayon est à 5 cm du formulaire B52 ter qu’il était en train de corriger. Il se dit :

« Monsieur Patère porte un nœud papillon vert d’eau ce matin. »

Il repense à Monsieur Mantelet et à sa phrase de vendredi :

« Un nœud, je sais ce que c’est. Mais pourquoi papillon ? »

 

Mardi

 

Ernest Galuchat se lève 15 minutes plus tôt que l’heure habituelle. Il a trouvé une aiguille et du fil gris dans la boîte à couture que lui a léguée Maman. Maman. Son avis de décès est accroché en face de lui. Il en connait le texte par cœur. « Les fonctions vitales de Fernande Soulier, veuve Galuchat, se sont arrêtées ce jour à 5h 17 du matin. » Pas de date mais un grand tampon de l’Administration au Recensement Public. Ernest Galuchat essaie de se souvenir quand c’est arrivé. C’était en tout cas il y a plusieurs plannings hebdomadaires de cela. Il en oublie l’accroc à sa veste. Une sonnerie. 7h39. Il est l’heure qu’il parte.

« Ça ira comme cela, dit Ernest Galuchat à voix haute en regardant sa réparation inachevée. »

Aussitôt, il se sent gêné de ce qu’il vient de dire. Si on l’avait entendu.

 

Une autre sonnerie. Plus longue. 7h43. Ernest Galuchat quitte son singlapt, son appartement pour célibataire. Il est vraiment en retard cette fois-ci. C’est la première fois. Il ralentit son allure quand il arrive sur la Place du Devoir, lieu central de la Cité Administrative. Personne ne l’a remarqué. Au dessus de lui, le dôme translucide diffuse sa clarté laiteuse. Il tourne à main droite dans la rue de la Raison Dialectique et longe le mur en petites briques apparentes.

« Je me demande ce qu’il y a là derrière », se dit Ernest Galuchat.

Il s’arrête, interdit. A-t-il parlé à voix haute ? Il repense aux paroles de Maman.

« Ernest, tu auras de l’avancement à coup sûr si tu sais te fondre dans le décor. Ecoute tes chefs et fais ton travail consciencieusement. Ne fais pas comme ton père. Qu’il m’a fait souffrir celui-là. Quel foutriquet c’était. »

7h58. Les portes de l’Administration sont déjà ouvertes au public. Monsieur Patère se tient sur le seuil, le regard au lointain. Ernest Galuchat passe devant lui en soulevant légèrement son chapeau. Un filet de sueur coule le long de ses omoplates.

 

(Je me suis laissé emporter par l’histoire. Au final, le texte me paraissait trop long pour la Petite Fabrique. La suite est à découvrir sur mon blog)

 

Dan Rodgerson

 

http://lire.ecrire.rever.peut-etre.over-blog.com/

 

 

 

Voir l'image qui a été inspirée par la consigne de ce jeu et qui a inspiré à son tour le texte de Dan :

http://lire.ecrire.rever.peut-etre.over-blog.com/article-passage-67012057.html

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 22:01

 

Lueur lointaine

 

Lasse de cette longue et pénible journée

L’envie de me poser ; de fermer les yeux….

D’apprécier le calme ; et fermer les yeux….

Me mettre à rêver ; en fermant les yeux…..

 

Mais quelque chose me tient éveillée

Cette faible lueur au loin

D’où je suis, je ne peux distinguer

Je suis beaucoup trop loin

 

Cela m’apparaît ; comme un décor de rêve…..

C’est sans nul doute ; un décor de rêve…..

Puis-je entrer ; dans ce décor de rêve…..

 

Je sens mon corps s’abandonner

À ceci, je dois renoncer

L’emprise du sommeil m’envahit

Puis plus rien, je m’endors ici.

 

Élise

 

 

Pour en savoir un peu plus sur l'auteur, sa présentation ici :

http://azacamopol.over-blog.com/article-presentation-d-elise-60921682.html

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 21:57

 

Être une pierre de ce mur

 

J'ai froid.

Les gens passent devant moi,

regardant droit devant eux.

Ils sont pressés, ils savent où ils vont.

Ils sont attendus quelque part.

Et moi, je suis assis par terre.

J'ai faim.

Plus personne ne m'attend,

je n'ai pas d'endroit où aller.

Je n'avais plus la force d'être pressé,

de ne plus avoir de temps pour moi.

Je n'en pouvais plus de voir

les regards se détourner de moi

avec mépris et colère.

Alors j'ai fui.

Je me suis réfugié dans la rue.

Mais ici, sur mon trottoir,

c'est encore pire.

Plus aucun regard ne me voit

sauf celui des chiens.

C'est comme si je n'existais plus.

Et je crie, je hurle ma solitude en silence.

J'aimerais tant que quelqu'un me voie

et vienne me parler,

mais il n'y a que les chiens .

Je voudrais rentrer dans ce mur

sur lequel je suis appuyé.

Ne plus en être qu'une pierre,

et ne plus être exposé à l'indifférence.

Je serais au moins encore utile à quelque chose.

 

 

Le pèlerin

 

http://le.jardin.du.pelerin.over-blog.fr

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 16:27

 

Pas que Pâques

 

Ding ! Dong ! Dong ! Tzing ! Vous entendez ce raffut ? C’est bientôt Pâques les enfants ! C’est le temps des zoziaux, des coucous, des zolies pâquerettes… Il faut se préparer, aller se récurer, le dedans, le dehors pendant que dans le ciel, les cloches se font la belle !


Cousez, cousez les couturières ! Taillez, piquez, pour revêtir l’homme nouveau et emballer l’âme nouvelle. Et ce qu’il faut  surtout, c’est que l’habit soit neuf, cousu de frais et d’un modèle unique ! Aussi, avant la messe, on ourdit, on s’informe, on diffuse, on suppose…  Madame Machin portera du vert pomme et Madame Truc une veste pastis sur une robe sable, un patron de Femme d’Aujourd’hui. Il paraît que la femme du notaire va se produire en parme, celle du médecin sans doute en violet. Elle aurait fait venir son chapeau de Toulouse !

 

Mais toi, ma fille, tu seras en bleu ciel avec peut-être une note de blanc. C’est très joli le bleu, c’est toujours à la mode ! Voyons, voyons… Je verrais bien un tailleur bleu avec un chemisier blanc à pois bleus. Oui, ce sera superbe !  Et puis bien sûr un chapeau cloche, hein ? Qu’est-ce que tu en dis ? Un chapeau blanc en paille avec un ruban bleu.

 

Ce que j’en dis moi, c’est qu’à 13 ans, même si j’en parais 17, avec ce tailleur bleu et ce chapeau qui cloche, j’aimerais bien être ailleurs ! Et puis, il va falloir des chaussures neuves, des chaussures à bouts ronds alors que moi, j’ai les pieds tout carrés ! Si seulement je pouvais lui répondre à cette andouille de vendeuse qui me dit que le cuir va se faire ! Bien sûr, bien sûr que ça va se faire ! Menteuse !  On voit bien que c’est pas toi qui va les porter !

 

Aïe ! Aïe ! La vache que ça fait mal ! Je marche sur des œufs, je sens déjà l’ampoule qui se forme  et pour tout arranger, il fait un froid de gueux ! En plus, il a fallu enjamber mes tout premiers bas, avec le porte- jarretelles et tout le tintouin ! Me voilà harnachée comme une jument de remonte ! Et si ça pète ce truc ! Ça tire bouchonne de partout, je vais jamais tenir !  Et me voilà dans une église pleine à craquer. J’ai beau me planquer derrière un pilier, y a toujours le chapeau qui dépasse ! Si seulement je pouvais rejoindre les moutons de Sainte Germaine de Pibrac et me planquer dans le vitrail ! Au moins, ceux-là sont pacifiques et se foutent pas mal du regard des voisins ! Tous unis et solidaires dans cette parité heureuse !

 

L’harmonium nous endort en sourdine. Il flotte dans les airs un lourd parfum de cire chaude qui se mêle aux parfums chamarrés de ces dames ! Debout, assis, à genoux, debout, assis…   Et puis voilà le moment tant attendu où tel un bœuf allant à l’abattoir, il va falloir quitter son banc, se mettre en rang,  avancer humblement tout en trainant les pieds, tendre la langue à la barrière et revenir les bras croisés en ruminant  sa pastille de façon élégante. L’harmonium se déchaine. Enfin, on va pouvoir épier les toilettes, s’observer en silence, comparer les tissus, estimer le prix du chapeau, des chaussures, repérer les maladresses des couturières dans une manche mal montée, une jupe qui pendouille, un faux pli sur le ventre, faire sa provision de cancans pour les jours à venir. Pourtant, dans les allées, on se tient droit, on essaie de marcher du meilleur pas possible, on sait le poids de tous ces yeux qui vous détaillent…


Enfin, le grand cirque est fini ! Soudain, une envolée de volatiles colorés des pieds jusqu’ à la crête s’ébroue sur le parvis. On se sourit, on se salue, on reste encore un peu, histoire de revoir ce qu’on aurait mal vu ! L’homme nouveau n’aura pas fait long feu ! Demain, il va lâcher son fiel et cancaner à qui mieux mieux ! J’espère que l’année prochaine  la mode sera aux bouts carrés !

-          Ma chérie, tu étais la plus chique ! Tout le monde t’a regardée !

-          Oui maman, tout le monde m’a regardée !

 

Azalaïs

 

http://marge-ou-greve.over-blog.com/

 

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