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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 12:12

 

Entendez-moi….

 

Cela fait déjà plusieurs semaines que je n’ai pas envie de me lever, de m’habiller, de me préparer pour aller au travail, de même que répondre à mes appels téléphoniques me coûte.

 

Mardi dernier, mon voisin de palier (avec qui j’ai sympathisé à mon arrivée dans cet appartement.) m’a invité à venir prendre le thé jeudi soir je lui ai répondu que je n’étais pas là.

 

Il y a une semaine de cela, Odile ma collègue de travail me demandait si je voulais l’accompagner à une conférence «nouveau plan envers la botanique » un sujet qui pourtant me passionne ; mais la motivation n’y était pas alors, je lui ai fait savoir que je partais chez ma sœur ce samedi car je ne l’avais pas vue depuis bien longtemps.

 

Et, de nouveau je m’entends encore répondre à mon amie Marie-Cécile :

« Je suis vraiment désolée mais je ne peux pas, il faut que j’aille rendre visite à ma mère hospitalisée depuis maintenant trois semaines, elle compte sur moi tu sais, n’ayant pas trouvé le temps jusqu’à maintenant, je vais profiter de ces trois jours plutôt que de me joindre à vous. C’est vraiment très gentil de ta part, et ce n’est que partie-remise bien sûr… »

 

Aujourd’hui vendredi je suis là, dans l’appartement je tourne en rond, je ne réponds pas au téléphone, j’espère que personne ne viendra me visiter.

 

Je fais l’inventaire des placards de la cuisine, tant mieux il y a assez de nourriture pour tenir trois jours, cela m’arrange je n’aurais pas à sortir faire les courses.

 

Puis je me mets à penser très fort, de façon si intense que ma tète bouillonne, tout s’y bouscule comme une mini-tornade à l’allure effrénée, et cela en devient même douloureux.

 

Je prends ma tète entre mes mains et je pleure, je pleure un trop plein de larmes…

 

À ce moment précis, j’aimerais tellement que mon corps soit doté d’une fonction « régulateur de vie » pour m’aider à changer celle-ci……..

 

Et comme par télépathie, ma tète devient moins lourde, il n’y a plus de secousses tout y est plus calme mon corps et mon esprit sont en paix….

 

Au travers de cette pensée extrême, je ressens comme une chose étrange, indéfinissable, l’impression que mon corps ne m’appartient plus ; elle en prends les commandes, gère ses facultés pour changer le cours de ma vie.

 

Il s’en est fallu de peu pour que cette ennemie insidieuse « la dépression » ne vienne m’habiter.

 

Élise.

 

Voir la présentation d'Élise sur le blog de la communauté :

http://azacamopol.over-blog.com/article-presentation-d-elise-60921682.html

 

...

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 16:53

 

Mode d'emploi

 
(Trouver un modificateur de destin … encore faut-il savoir s’en servir !)


 
Babeth avance, suivant le chemin de ses pensées primesautières.

L’homme l’a-t-il seulement vue ?

Il a surgi à sa droite et n’a fait aucun geste pour l’éviter et pourtant elle n’a senti aucun heurt.

Et maintenant il marche devant elle, étrange costume chatoyant, un peu flou.

Babeth essuie ses lunettes, en vain et au moment où elle voit quelque chose tomber de la poche de l’inconnu, il s’estompe comme le reflet d’une glace embuée et disparaît.

 « Monsieur !!! »

Babeth tient dans le creux de sa main un  « galet ? » doux et cuivré. Peu à peu un fourmillement parti de ses doigts monte jusqu’aux cervicales lui apporte un sentiment de bien être. Un gadget relaxant ! Une aubaine qui prend place sur l’étagère à bibelots. A peine remarque-t-elle ses nouveaux reflets bleutés.
 
-------------------------------------
 

« Oui Katy, je finis les poussières et j’arrive... 5 minutes !! »

Le chiffon se promène sur le galet, caresse une petite bosse... clic

«  Ah tais-toi ! Si seulement j’avais les cheveux longs comme elle... Katy, Katy tu es là ?? »

Avec un sourire, Babeth pose le téléphone et s’active au son de la radio.

Le vase... le miroir...ses yeux, incrédules, fixent les boucles blondes qui dévalent sur ses épaules...

« Et pourquoi pas les yeux verts.. » s’écrie-t-elle. Bingo !!

Elle n’ose dire « belle » mais voit son visage se transformer comme si quelqu’un lisait ses pensées.

« Mais c’est impossible ! Cela ne se peut pas ! C’est comme si je pensais que la voisine s’est cassée une jambe ou que tonton est miss France. »

Une chute chez la voisine, un crépitement à la radio …"Scandale à l'élection miss ..."  « Le galet !! »

Babeth a beau le tourner, le retourner... rien n’y fait.

Pendant que, maladroits, ses doigts cherchent une bosse, une rainure, une faille, elle se force à ne penser que de bonnes choses…

« Que les français gagnent la coupe du monde.. »

…. crrrshhh  nous apprenons que (les circonstances restent à préciser) Jacques Dupont, le joueur parisien bien connu, vient de gagner la coupe du monde rugby au poker  cshii …

«  Que plus personne n’ait  faim ou  soif »

 …. crrrshhh  pour votre survie, nous vous rappelons qu’il est nécessaire de manger au moins une fois par jour et de boire un litre d’eau même si vous n’en ressentez pas le besoin cshii …

« Que le monde soit en paix «

…. crrrshhh  Dans quelques instants Michu 1er nouvel empereur, garant de la paix mondiale va vous parler  cshii …
 

Et seconde après seconde, la radio se fait l’écho des conséquences catastrophiques des pensées bien intentionnées de Babeth.
 
« NE PLUS PENSER !!! »
Voilà, ne plus penser, ne plus penser ….
 
……………

Xyz vient d’apparaître dans le salon. Il s’empare du modificateur de destin et règle le mode effaçage.

« Les dernières modifications sont désinstallées à 99, 99% »

Désolé, Xyz regarde Babeth qui, recroquevillée sur elle-même continue de psalmodier : ne plus penser, ne plus penser

Il va en prendre pour son grade.
Dame Quichottine ne va pas être contente.

Il y a un dommage collatéral !
 

Martine du jdV


 
http://lejeu-du-vendredi.over-blog.com/

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 16:44

 

Le Roman noir des nuits

 

 

Gisant au caniveau il faisait triste mine,
Le cuir tout boursoufflé et le papier moisi,
Délaissé là pourquoi délaissé là par qui ?
Pourtant ma main tendue le sauva de la ruine.

 

Il crissait de bonheur posé tout près du poêle,
Oubliait dans mes mains son passé d’attristé,
Et son papier tendu doucement feuilleté
Paraissait apprécier ma caresse amicale.

 

Enfin lorsqu’il fut sec, d’une place de choix
Je le gratifiai parmi mes plus beaux livres :
Certains le nez pincé en demeuraient sans voix,
Et d’autres l’accueillaient d’un discours des plus ivres.

 

C’est un fait méconnu, ignoré des lecteurs,
Ils causent savez-vous, pour meubler leurs langueurs
Sur les vastes rayons de leurs bibliothèques,
Certains parlent latin d’autres la langue grecque.

 

C’est dès le lendemain que cela s’est produit :
Le livre racontait mes rêves de la nuit !
D’abord n’y croyant pas il me fallut relire ;
Mes rêves étaient là, les meilleurs et les pires :
La plupart familiers, d’autres déconcertants
Montraient ma personne sous un jour inquiétant :
Timide et réservé, quand cessait la lumière
La nuit faisait de moi un être sanguinaire !

 

Ces pages de magie dès la tombée du jour
En vue d’un rêve neuf s’effaçaient sans retour ;
Alors nourri d’espoir, de ma plus belle plume
Je dis ce rêve fou qui toujours me consume,
Imaginant pouvoir le percer plus avant,
En couchant mes désirs sur le vieux papier blanc.

 

Mais le sommeil venu au fond de ma couchette
Le livre recueilli n’en faisait qu’à sa tête,
N’accrochant à mon rêve que les plus noirs desseins,
Me dépeignant toujours comme un être malsain.

 

C’est d’un large courroux que je brûlai l’ouvrage
Violeur des lois sacrées de l’hospitalité ;
Et depuis ce temps là l’hiver comme l’été
Je laisse au caniveau s’achever les outrages

 

JCP

http://chansongrise.over-blog.com

 

...

 

Le texte a été publié par son auteur à l'adresse suivante :

http://chansongrise.over-blog.com/article-467-le-roman-noir-des-nuits-87570477.html

 

...

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 20:54

 

Changer l'Histoire

 
Comment ce peut-il qu'en ma poche
Soit arrivé un tel objet
Mais d'où sort-il et qu'il est moche
Et que peut-il représenter ?
Moche peut être Chère dame
Mais si je te dis mon pouvoir
Ces imperfections de mes" charmes"
Tantôt tu ne sauras les voir !
Non content de s'être invitée
La Chose était très susceptible
Mais fut-ce là le singulier ?
Bien sûr que non ! L'inadmissible
Fut que l'objet savait parler
Bouche bée et abasourdie
Je me sentis choir de ma chaise
C'est alors que la chose dit :
- Je te trouble ne t'en déplaise
Tu vois bien que mon charme agit !
Puis, d'un ton beaucoup moins badin
Me voyant prête à défaillir
Ajouta : je vais tout de dire
C'est moi qui régule le destin
Je ne sais pas ou j'atterris
Quand je suis propulsé ainsi
Il s'avère que, sauf tes reproches
Aujourd'hui ce fut dans ta poche
Je suis là pour réaliser
De tout un chacun le souhait
En remontant le cours du temps
Pour faire qu'un évènement
Qui a eut lieu, ne se produise
Dis-moi, je ferais à ta guise !
- Remonter le temps c'est mon rêve
Tant  de choses sont arrivées
Que j'aimerais pouvoir gommer
Mais n'en peux décemment choisir
"Une" dans celles que je désire
Alors je vais te demander
D'arrêter "Princip Gravilo"
Afin qu'il n'assassine point
L'Archiduc à Sarajevo
Puisque ce fut l'assassinat
Qui déclencha la grande guerre
Plus d'assassin, plus de conflit
L'Histoire sera changée ainsi
Les hommes ne partant pas au front
Près de Neuf millions de victimes
Grace à ton beau geste "VIVRONT" !
 
22 octobre 2011
 

Dominique  

 

http://antidotesover-blog.com/

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 23:58

 

 

Juste un petit clic !!!

 

Je l’avais dans la poche mais ne m’en servais pas, à quoi bon, le chemin était long et je savais bien qu’il fallait le gravir pour arriver au but.

Soudain pourtant, par distraction ou inadvertance, j’ai appuyé sur ce petit criquet que je tâtais du bout des doigts, depuis que les mains dans les poches j’essayais vainement de les réchauffer.

C’est alors que le sentier s’aplanit, que les pierres se changèrent en herbe rase, et que les rayons du soleil vinrent taquiner ma nuque.

Pensant à un rêve, je cliquais, encore, l’herbe devint bleue, le ciel rougit, mes pas s’allongèrent, le trajet se raccourcit.

Émerveillée je cliquais encore et encore, à chaque fois, tout se métamorphosait autour de moi, et la route me semblait de plus en plus facile, de plus en plus idyllique, de plus en plus fascinante.

Il suffisait d’un clic, puis d’un autre pour transformer mon ascension en promenade du dimanche, pour métamorphoser la difficulté en heureuse découverte, pour…

J’en voulais encore et encore, c’était si bon de ne plus ramer, de progresser en toute aisance, de me sentir légère, de voir le bout du bout se rapprocher, de bientôt connaître l’apothéose.

Ce petit criquet dans ma poche, régulateur  de mon destin me faisait tant de bien, j’en négligeais mon but et pour le plaisir de connaître sa puissance, de tester sa résistance, je transformais mon horizon, oubliant tout objectif et toute objectivité…

Je cliquais encore, une fois de plus, une fois de trop et me retrouvais déçue et contrariée, assise sur le pavé, tout était à recommencer avec au fond de la poche un criquet tout cassé qui refusait de fonctionner…

 

Et si, au lieu de ma vie bousillée, ce fut une fable, en moralité j’aurais ajouté : qu’à vouloir forcer le destin l’on finit par perdre le sien !

 

ABC

 

http://detente-en-poesie.over-blog.com

 

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 23:47

 

Faiseur de roi

 

ce n’est qu’un conte baroque
où prosodie ne fait point loi

s’il vous paraît vraiment loufoque
je vous en prie pardonnez-moi
car mon esprit  bat la breloque

 

et dans l'histoire de nos  rois

vous montrant de nouveaux chapitres

j'aime bien voir danser les pitres

du destin me moquer parfois

 compléter mes pauvres épîtres

 

dans un grenier bas de plafond

se faufilant sous une poutre

avec peu de lumière en outre

un homme grand marche à tâtons

et je le suis sur ses talons

 

notre histoire  familière

dit qu'un roi dans l'ancien temps

trouva mort extraordinaire

se cassant le front les dents

en passant une porte infâme

 

il faut dire qu'il avait eu chaud

ayant joué sur le tantôt

à la paume devant sa dame

rougissante qui se pâme

croyant avoir vu le loup

 

le bon roi avait bu beaucoup

en son ventre sentant poindre

un désir incandescent

il se pressa d'aller rejoindre

le bel objet de sa passion

 

à sa plus grande confusion

pour un roi c'est indécent

d'exposer ainsi sa flamme

devant  la foule des  courtisans

gens méchants au fond de l'âme

 

et le roi fut très imprudent

oubliant de baisser la tête

un roi ne fait pas courbette

le linteau la lui cassa

c'est ce qu'on  dit couramment

 

mais dans le grenier notre homme

vient de trouver de vieux écrits

que je lisais  au moment précis

grimoire magique en somme

où le roi passait le seuil

 

et du coup il n’y eut pas deuil

puisque le roi courbant l'échine

courut alors vers sa divine

et lui fit un enfant

sur le champ

 

futur monarque  pacifique

qui régnera magnifique

plus de cent ans

temps idyllique

comme ses autres descendants

 

plus besoin d'altesses guerrières

ni de maîtresses dépensières

guerres de religion ou révolution

pas de guillotine

Napoléon ou Joséphine

 

un vingtième siècle peinard

et pas de bombes atomiques

de la magie simple bobard

et des rêves fantastiques

à vous coller le cafard

 

 

 

jean-marie


www.passage1.com

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 07:22

 

Au revoir Mamie 

 

 

Vous nous avez quitté Mamie

Pour toujours cette fois-ci

 

Des évènements difficiles

Ont marqué le temps passé

 

Vous avez connu la souffrance

Mais vous avez gardé l’espérance

 

Battante et courageuse

Vous l’avez toujours été

 

La déprime, vous ne l’avez pas laissé s’installer

 

Votre bonne humeur

Votre optimiste

Votre amour de la vie

L’aptitude de nous en imprégner

 

Aujourd’hui pour la dernière fois

On vous embrasse très fort, trop fort

Pour que vous restiez à jamais

Dans nos cœurs et nos pensées

 

 

Pour la vie.

 

 

Élise

 

 

 

P S : Poème écrit pour le décès de ma belle-mère.

          Même absente, elle nous aide beaucoup.

 

http://azacamopol.over-blog.com/article-presentation-d-elise-60921682.html

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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 21:05

 

L'examen

 

24 septembre 2010 à 10h30
 
Ernestine G*** déclare ,en regardant son petit fils :
 
«  Tu ne fais vraiment pas attention !  Ce pantalon est encore tout déchiré. C’est la DERNIÈRE FOIS que je le répare ! »
 
« Promis mamy » galope Théophile.
Bien sûr qu’il veut faire attention mais les flaques, les dérapages, les arbres .. que de tentations pour un bambin de 8 ans ...
 
Et puis il la connaît mamy ! Il sait que chez elle la dernière fois devient toujours l’avant-dernière. Elle est si gentille.
 
28 septembre 2010 à 18h23
 
Ernestine contemple les dégâts, la déchirure, les trous et soupire. Elle prend son aig…..
 
PAUSE
 
Dans la salle d’examen le surveillant prend une feuille et lit en articulant :
 
« Vous avez 10 minutes pour trouver comment intervenir pour que cette dernière fois soit vraiment une dernière fois.
Dans 5 minutes, je vous donnerai la contrainte. »
 
Les étudiants en régulateur de destin plissent les yeux, concentrés à l’extrême.
 
Xyz note quelques idées.
 
Agir sur le pantalon : le brûler avec le fer, le faire déchiqueter (par un chien sur le fil à linge ou par la machine à laver)
Agir sur Ernestine : paralysie, amnésie, décès
Agir sur Théophile : fracture de la jambe et découpage/dépeçage du pantalon par les méd…
 
TIP !

 
« Voici la contrainte : pas de dommage collatéral »

 

TIP !
 
Aïe ! Au revoir toutes ses belles idées !!
Il va rater son examen, c’est sûr.
Panique un crâne. Il reste figé devant une feuille désormais blanche.
 
Et soudain …
 
Le professeur lit le papier,  acquiesce silencieusement  et d’un doigt, valide la réponse.
 
La vidéo de sa table d’examen se rembobine.
 
24 septembre 2010 à 10h30
 
Ernestine G*** déclare, en regardant son petit fils :
 
«  Tu ne fais vraiment pas attention !  Ce pantalon est encore tout déchiré. C’est la DERNIÈRE FOIS que je le répare puis je vais le ranger dans l’armoire, il est trop petit maintenant. C’est incroyable comme tu as pu grandir ! »
 
Et ils se regardent incrédules.
C’est vraiment une exceptionnelle crise de croissance.

 

Martine du Jdv

 

http://lejeu-du-vendredi.over-blog.com

 

 

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 12:42

 

Comme une intuition... 

 

 

 

Tout le monde riait.

Bientôt,

dans deux semaines, les grandes vacances !

 

 

*

*

*

 

 

1941

 

Il reprendrait l’autocar de 15 h 10,

juste en face du lavoir.

 

Les temps étaient durs,

en Normandie comme ailleurs.

 

Mais Maman avait néanmoins réussi à préparer,

 ce jour-là,

un beau festin tout simple.

Une fée.

 

Je ne me souviens plus du menu,

mais ce dont je me souviens très bien,

c’est du dessert.

 

Un très gros gâteau de Savoie.

Blond. Léger. Moelleux.

Ça sentait bon dans toute la maison.

 

 

Tout le monde savait

que c’était sa gourmandise préférée…

 

 

Un bon gâteau de Savoie

avec une belle cerise bien mûre,

posée comme une île

au beau milieu d’une mer de sucre glace…

 

Pendant tout le temps du café,

il m’avait fait sauter sur ses genoux.

 

Ă un moment,

Papa avait lancé brusquement :

 

«  Allez, ouste ! Tout le monde dehors !

On va faire un souvenir.

  Je vais chercher mon Kodak ! »

 

 

Une petite boîte noire et carrée,

je m’en souviens bien,

qu’il tenait fièrement et précieusement

vers le bas, devant lui,

au niveau de sa taille.

 Papa aimait photographier.

 

 

Alors,

entre les asperges fines et les scaroles déjà généreuses,

on s’est serrés, bien côte à côte…

 

Sur la photo jaunie,

le noir et blanc est pâle,

les bords de l’image sont finement dentés.

 

Tout le monde a l’air vraiment heureux.

 

 

Sauf moi.

 

 

J’ai le regard dans les vagues,

la tête légèrement penchée

et une jambe en quasi déséquilibre…

 

Mon grand frère adoré

porte son beau costume de marin,

 rayé vers le haut.

 

Sur son béret bleu marine,

 il y a un très joli pompon rouge,

un peu comme une grosse cerise de début d’été.

 

 

Vous savez,

quand on le touche, ça porte bonheur !

Tout le monde vous le dira.

 

 

Moi,

je suis debout, juste devant lui,

et lui, il est juste derrière moi.

 

Il sourit, il me protège.

Ses deux grandes mains sont posées

sur mes petites épaules d’écolière.

Ma blouse à carreaux.

 

Et puis, Papa a dit :

 

«  Allez, Loopinette !

Embrasse ton frère et sauve-toi !

  Tu vas être en retard à l’école ! »

 

Mon frère a pris ma main

et il m’a conduit tranquillement

 jusqu’au carrefour des Landes.

 

 

Sur le chemin,

on n’a pas parlé du tout.

Ă un moment,

 il s’est baissé et il a ramassé

un petit silex tout rond, tout blond, tout lisse.

Il l’a glissé silencieusement dans ma poche

  en faisant un drôle de petit clin d’œil…

 

Je l’ai serré, serré.

 

Pour me décrocher de lui,

il a dû m’écarter un peu brutalement,

mais son œil riait toujours.

 

Alors, j’ai déguerpi.

Comme une folle,

 j’ai couru jusqu’à la Communale.

 

Il paraît qu’en classe,

j’ai pleuré tout l’après-midi.

 

 

Comme une intuition…

 

 

Devant tout le monde,

la maîtresse avait dit tout haut :

 

«  Loop, tu devrais être contente

d’avoir eu ton grand frère en permission,

rien que pour toi, pendant trois jours !

 

 

 

*

*

*

 

 

 

 

Personne ne pouvait imaginer

qu’il n’y aurait pas d’autre permission…

 

 

*

*

*

 

Automne 1944.

 

Cela fait plusieurs mois maintenant

que la Normandie est libérée.

Comme un grand bouquet de printemps,

un fol espoir renaît ici et là.

 

Mais,

au large de Sète, le 25 octobre de cette année-là,

un dragueur de mines,

 l’Aviso Ailette,

 a explosé et sombré

 sous le grand soleil de la Méditerranée…

 

 

 

                                                                                      Pénélope Estrella-Paz

 

 Peneloop

 

http://aloreedespeutetre.over-blog.com

 

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 22:56

 

La dernière fois 

 

 

La première fois que j'ai écrit un poème

C'était pour te dire combien je t'aime

 

La dernière fois que j'ai pris ma plume

C'était pour nos 20 ans de vie commune

 

La première fois que je t'ai parlé

Tu m'as longuement écoutée

 

La dernière fois que je t'ai interrogé

C'était pour te demander de continuer

 

Et comme la première fois

Tu m'as dit oui

 

Alors je me suis tue.

 

Blj73

...

 

Pour en savoir un peu plus sur Blj73 :

http://azacamopol.over-blog.com/article-presentation-de-blj73-62180331.html

...

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