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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 15:07

Cinq petites minutes….

 

Elle m'a dit :

Je serais vêtue d'une redingote bleue et d'un chapeau en cuir marron A dix-sept heures précises, je vous attendrais sur le banc en face de la petite entrée ; située à l'ouest du jardin « le haut bois ».

Soyez à l'heure car le temps m'est compté et je crains de ne pouvoir remettre ce rendez-vous. De plus Ludovic, le chauffeur de la résidence doit m'y ramener pour dix-sept heures quarante cinq.

 

Jour « J ».

Il ne me faut que vingt minutes pour me rendre là-bas. J'enfile mon manteau, attrape une écharpe car le jardin se trouve sur une petite colline et, en ce mois de novembre, le vent doit déjà y souffler fort.

Il ne faut pas que je la déçoive, elle a fait preuve d'une extrême gentillesse et d'une grande patience lors de notre entretien téléphonique. De plus, au timbre de sa voix cela m'a donné à penser que je ferais la connaissance d'une dame âgée et qui plus est en grande souffrance.

Je ferme la porte, un tour de clé, et je suis dans la rue.

 

Après avoir marché sur quatre cents mètres, je tourne à gauche; des cris d'enfants me parviennent à l'oreille; me voilà devant l'école primaire du quartier. Un peu plus loin, c'est la voix de Gilbert « à la bonne châtaigne ». Aujourd'hui, pas le temps de m'arrêter, je le salue seulement au passage. Au bout de la rue, j'emprunte la ruelle des tisserands, j'y suis presque. En passant devant l'entrée principale du jardin, le long du trottoir, une ambulance est stationnée et deux ambulanciers referment les portes à l'arrière du véhicule. Au moment où je jette un œil à ma montre, mon écharpe glisse à terre; un homme tenant à la main une canne et une petite valise me la rend. Dans son regard, je perçois un air quelque peu absent.

Je le remercie et continue mon chemin.

Un court instant après, j'entends une sirène, sans doute celle de l'ambulance. Je me retourne et là, je la vois s'engouffrer dans la rue des tilleuls, une voiture grise la suivant de très près.  Je m'arrête, «  pensive » puis, je poursuis mon chemin en longeant ce grand mur Au coin de celui-ci, la petite entrée.

 

J'y suis, je regarde l'heure, « dix sept heure cinq, ce n'est pas possible, je n'ai pas pu mettre cinq minutes pour arriver jusqu'ici ….. » j'aperçois le banc. Personne,

Je m'y assois, en pensant qu'elle ne devrait plus tarder maintenant. Bientôt un vide sera comblé, et je saurai enfin…..

A nouveau je regarde ma montre, dix sept heures vingt cinq. Là mes espoirs s'amenuisent…… Je me dis qu'elle ne viendra plus.

Et si c'était pour elle que l'ambulance avait été appelée ? Je revois cet homme à la valise, peut-être contenait-elle les réponses à toutes mes questions. Puis ces mots qu'elle avait prononcés « le temps m'est compté, je ne pourrais remettre ce rendez-vous ».

 

Je sentais bien là, la fin de ma quête.

Triste et déçue quant à ce léger retard, je regrette de n'avoir pu rencontrer cette femme  à qui j'aurais pu me confier. En retour, elle m'aurait aidé à lever ces quelques doutes sur cette fameuse histoire Je me sentis tout d'un coup, dépitée.

 

Je n'en connaîtrais donc jamais son dénouement

 

Avec une certaine amertume, je quitte le jardin, et prends le chemin du retour.

 

 

 

                                                                        Elise.

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 16:02

Vite!

 


Depuis ce matin j'attends ce moment...
Finir vite cette journée de labeur et pouvoir enfin le rencontrer sur ce banc.
Un bel endroit paisible où il ne manquera pas de me rejoindre.
La grille est ouverte.
Je me précipite, essoufflée, décoiffée et pleine d'espoir.
Personne...
N'est-ce pas la bonne heure?
Est-ce trop tôt? Trop tard?...
Je suis perdue...
J'étais si sûre de moi...
Je pensais avoir rendez-vous avec mon destin, mais le destin n'est pas au rendez-vous...
Demain...
J'en suis sûre...



Mel

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 10:47

Double ouf !!!

 

Si la grille avait été fermée, j’aurais au moins pu avoir l’excuse d’avoir eu du mal à l’ouvrir, j’aurai accumulé ainsi des tonnes de petits tracas qui n’arrivent qu’une fois dans la vie et qui justement, aujourd’hui, ce seraient ligués contre moi... Mais, non, même pas, la grille était ouverte, et je n’avais pas d’excuses plausibles à lui présenter… Et pourtant, j’étais en retard, très en retard, j’arrivais à reculons, sur la pointe des pieds, certaine de recevoir un savon bien mérité… Je tremblais un peu, prête à faire demi-tour, avant même d’avoir atteint le banc où nous avions rendez-vous, comme chaque vendredi à 18h.

Au moment précis où, morte de trouille, j’allais prendre mes jambes à mon cou, une main s’est posée sur mon épaule et la voix de mon père, s’est élevée rassurée derrière moi :

- Ouf, tu es encore là, j’avais si peur que tu ne m’aies pas attendu. Une panne de voiture, aucun moyen de te joindre et les heures qui tournaient inexorablement… J’espère que tu ne t’es pas trop inquiétée ?

Je pris une grande respiration, avant de me retourner et d’un ton des plus innocent je déclarais :

- Je commençais à me faire un peu de soucis, mais tu es là, tout est bien.

J’arborais mon plus beau sourire alors qu’une sueur froide me dégoulinait dans le dos…

 

ABC

 

http://detente-en-poesie.over-blog.com

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 09:43

L'assassin était en retard

 

 

15h38 – Le crime n'est pas une affaire banale, même pour moi qui en ai l'habitude. Ceux qui s'y engouffrent sur un coup de tête, comme ça, par dépit ou par colère, ratent généralement leur prestation. On peut le constater tous les jours dans les journaux.

Pour un beau crime, bien réussi, il faut de l'organisation, il faut être un maniaque. Sans jeu de mot, naturellement.

 

Je suis donc un criminel précis, montre à l'heure atomique, réglée sur la fréquence du rayonnement électromagnétique émis par un électron. Ma photo n'est pas dans les journaux, je n'ai pas besoin de la reconnaissance médiatique. La perfection est ma seule gloire.

 

15h43 – C'est pourquoi, je me dirige d'un pas de promeneur dés?uvré vers les bancs bleu métallique installés récemment à l'entrée du parc urbain. C'est là que j'attendrai patiemment l'arrivée de ma prochaine victime qui sera là entre 15h50 et 16h00. Il faut toujours prévoir le manque d'exactitude.

 

Le crime nécessite donc également de la patience. Agitation ou énervement sont la marque d'un amateurisme qui vous conduit tout droit aux lamentables conclusions d'un avocat général hargneux et imbu de l'autorité de la chose jugée.

 

Et pourtant, je certifie que mon activité doit être vue sous un angle scientifique qui ferait changer d'avis plus d'un pisse-copie affecté aux faits divers. Car enfin, il faut bien admettre que la surpopulation nous guette. Et pas n'importe laquelle. Une surpopulation particulièrement insidieuse qui fait naître à chaque minute un nouvel imbécile ou une nouvelle andouille.

 

Je sais de quoi sont capables ces nuisibles qui se trompent dans un branchement, provoquant une électrocution imméritée, ou pondent un arrêté municipal responsable de collisions mortelles aux carrefours, ou encore javellisent quotidiennement les trottoirs, obligeant des générations de chiens désespérés à uriner indéfiniment au même endroit pour marquer à nouveau leur territoire.

 

15h46 – J'attends depuis 8 mn et 2 s. Il passera une première fois en direction du portillon ouest. Je le saluerai et lui demanderai l'heure. Il est toujours préférable de vérifier qu'on est sur la même longueur d'onde avec une future victime. Toujours l'exactitude, la politesse des rois. Et moi, sans me vanter, je suis presque le roi des assassins. Presque seulement. On peut toujours s'améliorer.

 

Le public et la presse sont nos seuls juges. Ils se chargent de nous féliciter à leur manière. Mais ils n'y connaissent rien. Ce serait bien le hasard si je pouvais jamais rencontrer un alter ego pour mesurer nos savoir-faire. On éviterait les bavardages sur la sensiblerie, le sang et toutes ces sortes de choses qui, après tout, s'effacent facilement dans une laverie publique. Ou, lorsque quelque personne sérieuse est prête à payer pour débarrasser le monde d'un imbécile, il suffit de jeter tout ce qui porte trace de mon action.

 

15h52 – Je l'aurais parié ( mais avec qui?), il est en retard ! Et maintenant, la sortie d'école approche, c'est ennuyeux. Je pourrais revenir demain mais c'est mercredi. Il y aura les enfants. Et puis c'est le jour des sorties de nouveaux films. D'habitude, je ne travaille pas ce jour-là. Tant pis, j'attends. Ah, le voilà !

-Bonjour Monsieur, vous faites un tour d'inspection ?

-Oui. C'est pour quoi ?

-Oh, rien ! Hum, j'ai l'impression que vous êtes en retard. Pourriez-vous me dire l'heure qu'il est s'il vous plaît ?

-En retard, ah bon ? Il est 15h48.

-Merci bien. (Je m'en doutais, sa montre n'est pas à l'heure.)

 

15h52 – Marchant sur le silencieux tapis d'aiguilles, je guette son retour, à l'abri du sapin. Il sera facile de l'attirer sous prétexte d'identifier un champignon.

 

-Aïe ! Je ne peux plus... respirer... Il y a des abeilles, ça bourdonne, aïe... Mais qu'est-ce qui m'ar... Plaf !

 

-En retard, hein ? Tu m'a pris pour Robert ? Celui qui ne vérifie pas sa montre, oublie de fermer les portes à 18h00, et ramasse les psilocybes parce que ce sont des champignons hallucinogènes. Hein, hein ? Tu m'as pris pour Robert ? Mais tu as eu tort mon gars. Moi, je suis un type ponctuel. Dommage que tu ne puisses plus me répondre pour t'excuser. De toutes façons, l'approximation est la marque des imbéciles. Inexcusable !

 

L'assassin était en retard.

 

 

Bab


 

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 07:04

Synchrones

 

 

Synchrones on est, nous ! J'entends ses pas sur les graviers côté sud, au moment où je passe le portillon ouest. Il faut que j'arrête de courir. Marcher l'air de rien. Faisons semblant de scruter le ciel. En haut du grand sapin, un geai ricane et s'éloigne d'un trait bleu.

J'arrive devant les bancs. Vides ! Mais qui marchait ? Il n'y a jamais personne d'autre à cette heure-ci. Ah, je sais, il se cache pour me surprendre, eh bien il va voir.

 

Je fais le tour du bosquet, derrière les fusains, j'écoute : friselis, frottements, flap flap, puis un souffle et un bruit sourd tout près. Boum, boum... Mais non ! C'est mon propre souffle et mon coeur qui bat la chamade. Ah, il veut jouer ? Tant pis pour lui, je reste là, qu'il me trouve ! Et puis non, je vais me glisser derrière le sapin et le surprendre. J'avance à l'abri de la haie. Aïe, une racine. Plaf ! Me voilà à plat ventre dans l'herbe. Fini de jouer ! Je me dresse, furieuse d'avoir taché ma robe.

 

Je fonce vers les bancs. Personne ! A tout les coups il ne m'a pas entendue arriver, il est allé à ma rencontre vers le portillon. Je m'assois. Le geai ricane à nouveau. Sale bête ! Je replace les écouteurs du mp3 dans mes oreilles et je ferme les yeux, style la fille fâchée qui n'aime pas attendre. Ça lui apprendra !

 

Un frisson me parcourt le corps. Je me redresse dans un éternuement. Zut ! Je me suis endormie. En plus, j'ai le nez qui coule Mais il m' a plantée mon rencard ! Il fait sombre.Une ombre contourne le sapin. D'un bond je suis dans le taillis, je progresse baissée, en essayant de ne pas faire de bruit, hop, je traverse l'allée et cours vers le portillon. Dévale ! Vite, vite ! Le métro. Je cours sur le quai. La rame arrive. Ouf ! J'y entre d'un bond et m'affale sur un siège. Au moment où la sonnerie de fermeture des portes retentit, quelqu'un surgit de l'escalier, retient les portes et pénètre en trombe dans la rame.

 

Je n'ose pas me retourner. Et si c'était l'ombre du parc ?

Je sens son regard. Il avance. Faire semblant de rien.

Il s'assoit sur la banquette de l'autre côté du couloir. Je regarde le tunnel défiler.

Enfin, ma station. Je reste assise, les yeux tournés vers le mur. Au dernier moment, je descends en courant comme une folle. Vite, les escaliers, non pas cette sortie, elle doit être fermée, il est tard. Je cours dans la rue sans me retourner. Le sang dans mes oreilles, ma respiration, je n'entends plus aucun autre bruit. Est-il derrière moi ? Il faut que je vérifie. Oui mais si je ralentis... Je bifurque à droite et m'arrête devant une vitrine. Tiens, des chapeaux à plume de faisan. Des plumes geai ce serait mieux. Cet oiseau de malheur qui se moquait de moi au moins, ça la lui bouclerait.

 

La rue est déserte. Je repars en me retournant de temps en temps. Faut pas traîner quand même, on ne sait jamais. J'y suis. Je monte les étages. Zut, la minuterie me lâche entre deux, comme d'habitude. Je m'assois sur une marche pour reprendre mon souffle. Je sais que mes yeux vont s'habituer et avec le vélux du dernier palier qui éclaire vaguement, ça va aller. Ma porte est à quelques marches. Une ombre bouge. La minuterie claque, la lumière m'aveugle presque.

 

-Mais où tu as passé la soirée ? Il y a des heures que je t'attends. Tu poses des lapins maintenant ?

-Non, c'est toi qui m'en as posé un beau. Je me suis endormie sur un banc à t'attendre.

-Tu n'as pas de portable, pas d'agenda. Ah ! on peut dire qu'on est synchrone tous les deux !


 

Bab

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 18:24

Image d'épinal

 

 

Je m'installe confortablement, tête à l'ombre et jambes au soleil.

J'aime l'entrée de ce parc public, le passage incessant des visiteurs qui y pénètrent et en sortent. Les promeneurs isolés ralentissent le pas aussitôt passée la grille. Comme s'ils devaient franchir cette frontière avec le tumulte de la circulation pour s'autoriser à flâner. Les enfants, au contraire, se mettent à courir comme des fous, enfin libérés des contraintes de la rue et de ses dangers.

 

Le banc que j'ai choisi est accueillant. Un de ces bancs dont l'air désuet et la peinture écaillée donnent à rêver. La mousse occupant les creux du bois - gravé de prénoms par endroits, l'usure même, le rendent romantique. Je me prends à fredonner intérieurement la chanson des amoureux sur les bancs publics « qui s'disent des je t'aime pathétiques » . J'espère qu'il restera ainsi, écaillé et tordu, comme un témoignage de l'éternité de l'amour, qui meurt et sans cesse renaît sur ses planches à demi vermoulues.

 

Tout y est : les roses trémières sur leurs interminables tiges, l'ancien puits de pierres sèches transformé en jardinière débordante de couleurs et de vie, les arches multicolores enrubannées par les enfants de la colo pour un jeu de croquet, la vigne vierge déjà rougissante qui essaime sur les pavés. L'endroit charmant par excellence.

 

J'aimerais le trouver banal, tout juste bon pour l'image d'épinal des photographies de mariage ou le calendrier des postes. J'aimerais ne pas être si fleur bleue. Mais en inspirant le parfum estival d'herbe coupée, j'inhale un philtre magique et je m'y berce d'illusions. J'y ai bien vécu une trentaine d'étés et chaque fois j'oublie. J'oublie que l'hiver existe.

 

-Excuse-moi, je suis en retard.

-Ah, tu es là ? C'est vrai, nous avions rendez-vous.

-Tu avais oublié ?

-Non. Mais je perds un peu la notion du temps quand je m'assois sur ce banc. Est-ce que mon impatience t'aurait plu ? J'ai bien pensé à prendre un air de circonstance pour ressembler au renard qui attend le Petit Prince.

 

Nous rions à cette image de ma tête surmontée d'oreilles velues et agrémentée d'une truffe. Car c'est moi le renard, et lui le prince.


 

Bab

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 06:04
Tempête sous le crâne


Immobile et pensif dans le parc je l'attends
et l'angoisse me prend j'attends depuis longtemps
s'est-elle souvenue du jour de ma visite
j'en doute quelque peu mais mon esprit hésite 
 
et va-t-elle arriver montrer du repentir
je serai  vite hélas obligé de partir
s'est-elle  donc enfuie par mon retard surprise
dans le fond sa venue n'était guère promise

affalé sur le banc du massif végétal
je sens à chaque instant vaciller mon moral
rencontre  compromise et douloureux silence
je renonce et soudain une forme qui danse


à la grille du parc et mon coeur fait un bond
tout sourit à nouveau le monde tourne rond
je me contenterai joyeux tout comme un mioche
de l'accueillir bien sûr sans le moindre reproche


En furent-ils heureux ? eurent-ils des enfants ?
dans  un conte de fée, les  bons jours apparents,
et l'émerveillement durent  toute la vie
alors croyez en eux ! vous en avez envie !


Jean-Marie


http://passage1.eklablog.com

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 20:34

désolée de vous envahir avec mes textes, mais j'avais envie de faire vivre un peu ce jeu, comme le dernier n'a guère eu de succès, peu de monde maintenant s'intéresse à cette petite fabrique, il fallait que, peut-être, je vienne m'asseoir sur ses bancs et écouter le silence et le rompre, qui sait?


Les bancs.

 

Posés, vissés, indéboulonnables, ils agrémentent le repos du promeneur. Ce jardin domine les toits, mais les bancs tout au long du mur ne sont pas tournés vers la ville. Ils font face à un autre mur, un mur de repos, de silence, fait de lierre et de roses mêlées. De silence ? Pas tout à fait : des bourdonnements à la belle saison, des pépiements souvent, et quelques arbrisseaux gazouillent sous le vent.


Un mur de couleurs selon la saison.


Même l’hiver. On imagine l’hiver nu et blanc, c’est pourtant rare un hiver nu et blanc. La pierre varie du beige au gris, rosée parfois, ocre ici, plus jaune là-bas. Les branches brunes la décorent, quelques pousses hivernales surgissent, le soleil glisse aussi, même l’hiver, traçant au gré de la nue et de l’heure du jour une palette variée. Il suffit de s’asseoir et d’observer, de laisser palpiter les rayons joueurs.


Des bancs qui n’existent plus soudain.


Où s’asseoir ?


Les habitués, incrédules, poursuivent leur chemin jusqu’au suivant. Mais le suivant n’est plus là.


Que se passe-t-il ? Qui nous vole les bancs ? dit un vieil homme bougon qui refuse de s’asseoir sur la murette pour lire son journal. Pourtant la murette peut servir aussi, mais c’est vrai que son confort est restreint, pas de dossier, pas de laisser-aller, un pincement dans le dos qui ne veut pas rester.


Un autre arrive, même exclamation, une autre encore, et la jeune fille tout énervée de ne pouvoir réviser sa leçon dans le silence. Et on discute,  après mille plaintes, on évoque ces bons moments dans ce jardin en retrait de tout, on loue ses fleurs, ce vieux portail toujours ouvert qui ne grince plus depuis longtemps, c’est rare de nos jours un jardin jamais clos. Oui, c’est rare, dit la dame au chat, celle qui chaque jour retrouve un vieux matou tigré avec qui elle a une drôle de conversation. Mais on s’y fait aux originaux, ici on les accepte ou on les ignore, c’est selon, car ce jardin tout en longueur, peu entretenu à vrai dire, un peu sauvage pour tout dire, tout le monde s’y sent bien, et il ne viendrait à l’idée de personne de juger, moquer, rejeter, car l’indifférence garantit à chacun son bout de tranquillité.


Et tout ce monde se parle pour la première fois.


On  marche avec l’un, avec l’autre. La jeune écolière avec la dame au chat, la dame au chat avec le vieux lecteur de journaux, celui-ci avec ce grand timide au gros livre sous le bras…


On se croise, on s’arrête, on se pose des questions, pas seulement sur le temps qu’il va faire, car les nuages s’accumulent au-dessus d’eux, mais sur la ville, sur les roses, la circulation, les tomates qui n’ont plus de goût, sur la beauté des choses, l’eau du robinet, et la mer là-bas que la dame au chat n’a jamais vue.


Ainsi plusieurs jours passent. Le grand timide ose venir avec ses dessins, croque les uns, les autres, le chat et la vigne automnale qui rougit tout comme lui quand on lui demande de montrer ses esquisses. La jeune écolière récite ses leçons au vieux monsieur bougon, qui prend plaisir à les compléter par des anecdotes de l’avant-guerre.


Un autre jour, les bancs sont là. Tout réparés, repeints de neuf, vissés, bien boulonnés. On les regarde un peu de travers, ils sont devenus incongrus, presque importuns, personne n’ose y poser un derrière.


Un autre jour, une jeune inconnue s’assoit, chacun l’observe du coin de l’œil. Peu amical, l’œil. Même le chat, tout allongé sur la murette, derrière le banc, se déplace plus loin.


Grand silence dans l’allée. Le crayon du grand timide suspendu, la leçon d’histoire interrompue. La jeune femme pourtant n’y prête garde, elle semble hors du monde. La dame au chat s’approche.  Pour la première fois depuis longtemps son fessier retrouve la pente douce de l’assise du banc  quand elle le pose à côté de la nouvelle venue. La conversation s’engage et le bourdonnement reprend. De ci, de là, on s’assoit à nouveau.


Dans le petit jardin au mur de lierre et de roses, les liens tissés ne se défont pas, si celui-ci vient moins souvent, un autre arrive.

C’est un petit jardin perché en haut de la ville, tout en longueur, habité de bancs de bois, de pierres, de fleurs, d’arbres, de chats, de pas mêlées et de conversations.


 

Polly

L'écrit conjuré. 

 

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 19:35

Pour continuer le voyage

 

 

Dans ce jardin aux murs fermés, il y a un banc qui invite au repos.

Nous y allons parfois mais trop souvent l’air est bien trop chaud

ou le vent un peu frais.

Depuis quelque temps, tu n’as plus «  toute ta tête. »

Ca c’est toi qui le dis mais moi je te retrouve souveraine,

souriante et presque gaie.

Je ne sais pas si tu me reconnais vraiment mais chaque fois je veux y

croire très fort. Je guette chaque signe, chaque geste, même un mot de

« travers » qui relierait  nos rires.

Mon cœur bat la chamade quand je franchis la porte à code et l’estomac

se noue. Non, aujourd’hui le banc est désert, tu as sans doute gardé

la chambre.

Je pressens déjà que nous n’irons plus sur ce banc, celui de ton dernier

pélerinage, où tu humais les brins de romarin et cueillais

quelques fleurs de lavande.

C’était encore les petits bonheurs de l’été.

 

Le ciel s’est obscurci soudain, l’automne est presque là

et dans ta chambre aux rideaux pâles tu t’éloignes déjà.

Dans ce jardin aux murs bien clos, il y a un banc qui ne nous

verra  plus complices.

C’était notre rendez-vous mère-fille, mère que je voulais protéger

malgré tout. Mais tout l’amour d’une fille ne peut lutter contre

ce mal envahissant et insidieux.

Je vais laisser ce banc à d’autres, peut-être plus forts ou plus

tenaces,je ne sais.

Il fût le banc de mes fragiles espoirs , de notre cruelle séparation

mais aussi de ces petits riens tout légers et si lumineux ,

oui tu sais,mes trésors « pour continuer le voyage. »

 

Balaline

 

3 octobre 2013

 
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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 19:34

Ponctualité

 

Je suis rarement en retard, mais tout peut arriver…

J’avais rendez-vous avec l’une, j’ai rencontré l’autre, simple grain de sable dans mon soulier, triste réalité !

Quand j’ai entendu la grille grincer et reconnu la beauté des lieux, j’ai su que c’était là, sur ces bancs bleus, que j’avais rendez-vous avec la chance.

Dans ma hâte, j’ai trébuché. La chance est ponctuelle. Le temps de me reprendre, elle n’était plus à prendre…

Résignée, j’ai tourné les talons pour me retrouver nez à nez avec la guigne.

Sans montre à son poignet, elle ne propose jamais de rendez-vous, et ne prévient pas avant de vous frapper…

 

ABC

 

http://detente-en-poesie.over-blog.com

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