Cinq petites minutes….
Elle m'a dit :
Je serais vêtue d'une redingote bleue et d'un chapeau en cuir marron A dix-sept heures précises, je vous attendrais sur le banc en face de la petite entrée ; située à l'ouest du jardin « le haut bois ».
Soyez à l'heure car le temps m'est compté et je crains de ne pouvoir remettre ce rendez-vous. De plus Ludovic, le chauffeur de la résidence doit m'y ramener pour dix-sept heures quarante cinq.
Jour « J ».
Il ne me faut que vingt minutes pour me rendre là-bas. J'enfile mon manteau, attrape une écharpe car le jardin se trouve sur une petite colline et, en ce mois de novembre, le vent doit déjà y souffler fort.
Il ne faut pas que je la déçoive, elle a fait preuve d'une extrême gentillesse et d'une grande patience lors de notre entretien téléphonique. De plus, au timbre de sa voix cela m'a donné à penser que je ferais la connaissance d'une dame âgée et qui plus est en grande souffrance.
Je ferme la porte, un tour de clé, et je suis dans la rue.
Après avoir marché sur quatre cents mètres, je tourne à gauche; des cris d'enfants me parviennent à l'oreille; me voilà devant l'école primaire du quartier. Un peu plus loin, c'est la voix de Gilbert « à la bonne châtaigne ». Aujourd'hui, pas le temps de m'arrêter, je le salue seulement au passage. Au bout de la rue, j'emprunte la ruelle des tisserands, j'y suis presque. En passant devant l'entrée principale du jardin, le long du trottoir, une ambulance est stationnée et deux ambulanciers referment les portes à l'arrière du véhicule. Au moment où je jette un œil à ma montre, mon écharpe glisse à terre; un homme tenant à la main une canne et une petite valise me la rend. Dans son regard, je perçois un air quelque peu absent.
Je le remercie et continue mon chemin.
Un court instant après, j'entends une sirène, sans doute celle de l'ambulance. Je me retourne et là, je la vois s'engouffrer dans la rue des tilleuls, une voiture grise la suivant de très près. Je m'arrête, « pensive » puis, je poursuis mon chemin en longeant ce grand mur Au coin de celui-ci, la petite entrée.
J'y suis, je regarde l'heure, « dix sept heure cinq, ce n'est pas possible, je n'ai pas pu mettre cinq minutes pour arriver jusqu'ici ….. » j'aperçois le banc. Personne,
Je m'y assois, en pensant qu'elle ne devrait plus tarder maintenant. Bientôt un vide sera comblé, et je saurai enfin…..
A nouveau je regarde ma montre, dix sept heures vingt cinq. Là mes espoirs s'amenuisent…… Je me dis qu'elle ne viendra plus.
Et si c'était pour elle que l'ambulance avait été appelée ? Je revois cet homme à la valise, peut-être contenait-elle les réponses à toutes mes questions. Puis ces mots qu'elle avait prononcés « le temps m'est compté, je ne pourrais remettre ce rendez-vous ».
Je sentais bien là, la fin de ma quête.
Triste et déçue quant à ce léger retard, je regrette de n'avoir pu rencontrer cette femme à qui j'aurais pu me confier. En retour, elle m'aurait aidé à lever ces quelques doutes sur cette fameuse histoire Je me sentis tout d'un coup, dépitée.
Je n'en connaîtrais donc jamais son dénouement
Avec une certaine amertume, je quitte le jardin, et prends le chemin du retour.