Pour continuer le voyage
Dans ce jardin aux murs fermés, il y a un banc qui invite au repos.
Nous y allons parfois mais trop souvent l’air est bien trop chaud
ou le vent un peu frais.
Depuis quelque temps, tu n’as plus « toute ta tête. »
Ca c’est toi qui le dis mais moi je te retrouve souveraine,
souriante et presque gaie.
Je ne sais pas si tu me reconnais vraiment mais chaque fois je veux y
croire très fort. Je guette chaque signe, chaque geste, même un mot de
« travers » qui relierait nos rires.
Mon cœur bat la chamade quand je franchis la porte à code et l’estomac
se noue. Non, aujourd’hui le banc est désert, tu as sans doute gardé
la chambre.
Je pressens déjà que nous n’irons plus sur ce banc, celui de ton dernier
pélerinage, où tu humais les brins de romarin et cueillais
quelques fleurs de lavande.
C’était encore les petits bonheurs de l’été.
Le ciel s’est obscurci soudain, l’automne est presque là
et dans ta chambre aux rideaux pâles tu t’éloignes déjà.
Dans ce jardin aux murs bien clos, il y a un banc qui ne nous
verra plus complices.
C’était notre rendez-vous mère-fille, mère que je voulais protéger
malgré tout. Mais tout l’amour d’une fille ne peut lutter contre
ce mal envahissant et insidieux.
Je vais laisser ce banc à d’autres, peut-être plus forts ou plus
tenaces,je ne sais.
Il fût le banc de mes fragiles espoirs , de notre cruelle séparation
mais aussi de ces petits riens tout légers et si lumineux ,
oui tu sais,mes trésors « pour continuer le voyage. »
Balaline
3 octobre 2013