Il faut savoir parfois se sacrifier pour faire avancer la science.

-  Tétrao , Tétrao ! Vous n'auriez pas vu un petit chat tigré ?

Ah ! Tiens, voilà la Mère Michel. Enfin, quand je dis Mère... Plutôt belle comme Mère. Moitié rousse, moitié blonde, avec un joli petit nez retroussé sur sa frimousse polissonne. Et des jambes ! Longues !

Moi qui ai dans mes chromosomes, comme beaucoup de vos compagnons, mes Dames, une façon bien rapide, et toute à moi, de remonter des pieds à la tête d'une beauté, d'un seul coup d'œil, sans que la personne assise à côté de moi ne s'en aperçoive. Eh oui ! Au fils des millénaires, de nombreux coups de gourdins nous furent assénés.

Bref... Là, mon regard, tintin... Mon glance, quoi, dure une éternité. Pouf... passons...

- Oui en effet, j'ai chez moi, bien au chaud, un magnifique chaton gris.

- Rendez-le-moi ! Espèce de Lustucru !

- OK, OK ! On y va, on y va Mère...

- Dites donc, c'est quoi tout ce foutoir dans votre garage ? Tous ces instruments et tous ces fils ?

- Prototype de téléphone temporel, chérie. Venez, votre Minou, c'est par-là !

- Une boîte ! Mais que fait-il là-dedans ?

- Ecoutez ! C'est simple... C'est une recette quantique classique. J'ai à l'intérieur un très petit échantillon radioactif. Et si le compteur Geyser, qui est avec, détecte la désintégration d'un seul atome, un marteau frappe une seringue de cyanure directement dans le gosier de votre greffier.

- Assassin ! Il est mort alors !

- Pas si vite, petite... La probabilité pour qu'il soit vivant est la même. Donc actuellement, si on ne regarde pas, autrement dit, sans une observation extérieure, il est dans un état quantique vivant-mort, couplé grâce à la fonction d'onde Psi de notre atome.
Psi, étant telle que : somme de - l'infini à + l'infini de Psi carré dxdydz = 2.

- Quoi ! Assassin, assassin !

- Mais quoi !?

- C'est somme de - l'infini à + l'infini de Psi carré dxdydz = 1 ! Connard !

- Heu ! ... Oui... Vous avez raison, c'est bien 1 ! ( ???) Que j'ai mis... L'expérience de Schrödinger doit durer une heure. Si on ouvre avant, on devient un observateur, et là, là, ça peut le tuer. Minou, il ne sent rien, pour l'instant ; il est mort-vivant, sit venia verbo, tout mélangé, tout brouillé, si vous voulez, en proportions égales avec l'atome.

Ecoutez, il reste donc trois longs quarts d'heure à attendre. On fait une petite pause ? C'est paradoxal, mais j'ai ici un petit divan, qui lui est bien vivant.

- OK ! Pourquoi pas... Mais trois quarts d'heure, pas plus ! Juré, promis, hein ?

Un peu plus tard, la Mère Michel s'en retourne chez elle, toute guillerette, son tigré vivant sous le bras. Qui l'eu cru ?

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COMMENT  CUISINER  UN  HOMME  POUR SAVOIR  LE  DEGUSTER !

      Recette :

      Commencer par les hors-d'œuvre pour stimuler l'appétit.

      Continuer par le plat de résistance à servir bien chaud.

      Terminer par le dessert pour le sucré et le moelleux.

      Préparer un bain-marie, y plonger délicatement l'homme.

      Le laisser blanchir pour l'attendrir.

      Attention de ne pas le laisser macérer trop longtemps :

      La viande doit rester de consistance ferme.

      Pas question d'en faire une escalope ou pire une paupiette !

      Le faire simplement mariner pour lui donner une saveur spéciale,

      Ou le faire doucement infuser pour en extraire les principes actifs.

      Lorsque commence l'ébullition et qu'il frémit, sortir votre bouquet garni

      (Vous pouvez l'échauder pour l'éplucher plus facilement)

      L'éponger délicatement, puis le trousser.

      Le faire sauter (sans attacher) ...tout dépend si vous désirez un poulet sauté

      Ou un pigeon à la crème ...

      Assaisonner :

           - Un tour de moulin de Cayenne (pour pimenter l'étreinte)

           - Une pointe de safran (pour colorer le tout)

      Flamber. (Attention au retour de flamme)

      Déglacer avec un peu de vin, pour dissoudre les sucs récalcitrants.

      Laisser mijoter le tout quelques minutes.

      Pour la sauce :

      Faire une liaison pour lui donner du corps.

      Une fois l'appareil monté, ne surtout pas laisser réduire :

      Pincer, piquer, tourner, sangler, enfin... raidir !

      Ne pas laisser suer.

      Quand le sucre perle, mouiller de baisers.

      Coucher sur canapé.

      Napper de caresses avec un coulis d'amour.

      Rajouter un zeste de passion.

      Pour éviter les tuiles et les bûches, suivre cette recette rigoureusement, point par

      point, si vous voulez faire d'un cœur d'artichaut une pâte à choux, et si voulez

      qu'il reste baba de vous et qu'il n'aille pas chercher ailleurs une autre charlotte...

      ce qui, vous en conviendrez, vous laisserait comme une crème renversée, un

      flan, voire comme  une île flottante ...

      Bon appétit !

                                                                                                                   Nickyza

http://nickyza.over-blog.com/

                       Recette pour un rangement.

Ah le terrible casse-tête qu'est le rangement de sa bibliothèque ! Quelle recette miracle appliquer ?

le classement alphabétique, sec et intransigeant, des auteurs de A à Z

le classement par genres : romans, poésies, théâtre, philosophie, sciences, bandes dessinées...

le classement par collections : livres de poches, livres reliés, éditeurs, Pléiade...

le classement par nationalités d'auteurs

aucun classement, simplement au fur et à mesure des achats

tous les livres dans la même pièce ou éparpillés dans toute la maison

des piles de livres le long des murs

des livres dans des cartons à la cave

...........................................................................................

Ma recette personnelle est assez hybride :

trois étagères jusqu'au plafond de romans (plutôt des livres que je lisais « avant ») par ordre alphabétique d'auteurs

une étagère de « vieilles » choses que je ne relirai sans doute jamais, mais dont je ne peux me séparer et qui reste un peu comme une mémoire de ce que j'ai été, composée d'ouvrages à tendance religieuse, psychologique, sociologique...

une étagère de dictionnaires, encyclopédies, livres scolaires, grammaires...

deux étagères plantées derrière mon bureau, un peu comme une protection chaleureuse, et sur lesquelles ma main accède avec rapidité, où règne la poésie et les écrits en prose que je lis désormais. Et là pas forcément de classement alphabétique : il faut que les auteurs qui se côtoient, se plaisent et s'apprécient !

Ainsi Antoine Emaz est lové entre André Du Bouchet et Pierre Reverdy ; Gustave Roud est à côté de Philippe Jaccottet, Lionel Bourg près de Jacques Borel , Julien Gracq et André Breton ; Pierre Bergougnioux s'adosse à Pierre Michon (ou l'inverse)....

Ne pas faire d'impair ! et il est vrai que j'hésite à laisser Sylvia Plath près de Ted Hugues !

la dernière étagère conserve les piles de livres achetés et en attente de lecture, ainsi que les livres prêtés par des amis ou empruntés à la bibliothèque.

Après, ce qu'il faut trouver, c'est le temps de déguster tout cela et de le digérer !

                            Bruyère

                 http://jardindombres.blogspot.com

Recette poétique

Achetez une bonne livre de mots.

Regardez leurs syllabes pour voir s'ils sont frais.

Faites un sourire au marchand ;

Les mots n'en seront que plus croquants.

En rentrant chez vous, regardez le ciel

Pour que votre plat prenne son envol.

Installez-vous au chaud mais aérez- vous la tête.

Mettez en fond la musique de votre âme.

Coupez les mots en rondelles, fines en goût mais épaisses en sens.

Faites chauffer un peu d'huile dans votre athanor.

Laissez les mots se dorer au feu de vos rêves.

Ajoutez une pincée de sel de rimes, de poivre de prose.

N'oubliez pas  le piment d'imagination.

Servez en caressant les nuages avec une coupe de champagne poétique.

 Laura.

http://www.lauravanel-coytte.com

J'adore Marc mon père. Il est intelligent, mais aussi si profondément bête parfois. Heureusement, ma mère Colette a le sens plus pratique. Du bon sens.

Mon père taquine gentiment la truite. Il utilise des cannes de bambou avec un fil au bout. Un jour, il décide d'essayer d'en fabriquer une en fibre de verre, et pourquoi pas d'en vendre. Quelle drôle d'idée.

Rapidement, la cuisine, en superbe banc d'essai, fleure bon le verre fondu, mais exhale des relents de vieux problèmes de démoulage. Toutes les cannes se brisent les unes après les autres quand on les extirpe de leurs solides matrices. Un peu pot de colle, elles refusent tout net de prendre l'air. Mon père s'acharne. Puis, jours après jours, la difficulté le mine. Dépité, un peu raide, il se confie à un inconnu au café. Et justement, celui-ci utilise à longueur de journée un produit pour ce genre de casse-tête. Il lui refile le tuyau.

Mon père parvient ainsi à bricoler quelques cannes. Mais bien sûr il n'en vend la queue d'une. Ma mère est exaspérée, la cuisine dévastée. Elle lui demande de mettre son produit dans une grande casserole. Pour bouillir son lait. Ça pourrait enfin servir à quelque chose.

C'est au Monoprix du coin qu'il m'achète. Il alchimise le produit miracle. Colette, bonne pâte, met à rissoler deux belles truites. J'en ai l'eau à la bouche, et tel un phœnix, je renais de mes cendres.

Abasourdi, Marc entrevoit le filon.

- On va en vendre des tonnes ! Je l'appellerai Polytétra-fluoro-éthylène. C'est un nom super vendeur !

- Heu... non, dit Colette, là c'est moi qui décide ! Peau douce de téflon sur âme pur aluminium... elle s'appellera Tefal...

 

                                 Tétrao.

 http://tetrao-dom.juan.over-blog.com/