link
Paris, gare du Nord
Quai A du RER(*) B, direction Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Ses pas au hasard l'ont amené là. Comme souvent, il va monter dans un train et se laisser porter jusqu'au terminus. Aller quelque part c'est avoir un but. Au moins pour aujourd'hui.
Tout ces jolis noms en blanc sur fond bleu, qui le faisaient rêver au début de sa vie parisienne, sont trompeurs. Il sait bien qu'il n'y a pas plus de forêt à Rosny-sous-Bois que de fraternité à la Cité de l'Amitié. Il n'y a que des Lego géants, jetés là par un enfant négligent, qui les aurait délaissés depuis longtemps. La vallée de Chevreuse lui fera-t-elle oublier la grande ville et ses étouffements, ou ressemblera-t-elle à tout le reste ?
Il hésite depuis trop longtemps, laissant passer les trains sans y monter. On le regarde bizarrement depuis le quai d'en face. Alors il fait semblant de guetter l'arrivée de quelqu'un, à chaque ouverture des portes. Puis il se récite mentalement une comptine qui décidera de la direction à prendre : « Am stram gram, pic et pic et colégram... ». A l'arrivée d'une nouvelle rame, il regarde sa montre et se mêle à la foule, tâchant de régler son pas sur lacavalcade générale. Il faut avoir l'air pressé, ça veut dire qu'on est attendu quelque part.
A l'aéroport, il aura sa petite bouffée d'exotisme à bon compte. Et les avions ça ne déçoit pas son monde, on sait à quoi s'attendre. Bien sûr, il n'y a plus le plaisir de la découverte, mais il veut seulement passer le temps.
Pas comme tous ces excités. Lui au moins, il a le choix. A quoi servirait la solitude sinon ?
Bab