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Le blog a été ouvert le 24 janvier 2008. Jusqu'au 1 mars 2017, Azalaïs, Lilousoleil, Polly et Quichottine vous y ont proposé des jeux d'écriture en toute simplicité.

De feu et de glace de Bab


De feu et de glace



Au matin, elle s'était engagée sur l'étroite passerelle. « Avance ! » disait la voix, « Tu n'as pas le choix ». Elle avait commencé à quatre pattes car elle perdait l'équilibre. C'était si beau autour ! Sûrement, ce serait encore mieux de l'autre côté.


Elle continua debout, accoutumée maintenant à la souplesse des planches. Prise au jeu du balancement, elle esquissa un pas de danse, jouant à descendre le pied dans le vide, bras en balancier et mains tendues vers la rougeoyante et attirante clarté. Accélérant le pas, elle s'étira plus loin, transpirant, haletant, malgré la chaleur, puis la brûlure. Au seuil de s'embraser, elle recula, son pied glissa, pour se rétablir de justesse. Elle avait failli être happée par la fournaise.


D'abord à genoux, puis cahin-caha, elle reprit son avancée, retrouvant peu à peu la cadence, puis se risqua à regarder de l'autre côté, se pencha dans une gracieuse révérence, encore un peu, plus bas, vers la scintillante et trompeuse clarté, jusqu'à toucher la glace. Epouvantée, les orteils déjà  translucides, le ventre dur et le cœur froid, elle comprit que le côté clair était lui aussi mortel.



Elle se releva encore, titubante, chancela, rampa, se traînant sur les planches rugueuses. Elle n'écoutait plus la voix qui lui disait toujours d'avancer. Lui obéir ? Pourquoi ? Rester là. Ou bien plonger. Mais de quel côté ? Elle se remit tout de même en route, sans trop savoir pourquoi, peut-être parce qu'elle avait dépassé le mitant de la passerelle. Epuisée, elle avait perdu le tempo du matin.



Elle progressa encore sur l'étroit passage, sans vraiment l'avoir décidé. Au soir, elle était péniblement parvenue dans le dernier tiers du petit pont. La lumière déclinante lui cachait l'issue de la traversée. Elle se retourna. « Tout ça pour ça ? », se dit-elle. Puis elle recula, ferma les yeux, et plongea doucement, comme une feuille morte portée par la brise, pour disparaître dans les profondeurs glacées.



Bab


http://bamisam-bloggapart.blogspot.com/



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B
Si dur d'abandonner car il y a bien quelque part,un<br /> petit coin de rêve !
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A
quelles sont nos attentes et les efforts que nous voulons bien acclomplir pour y arriver ?
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Q
C'est très beau. J'aime cette progression, et l'abandon final.<br /> <br /> La vie.
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E
en lisant cette histoire captivante, frissonnante, je pense qu'elle ne pouvait avoir une autre fin..<br /> en meme temps je me suis retrouvée dans mon récit , moins tragique.
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L
Oh non, tout mais pas ça!<br /> Quelqu'un va lui lancer une corde n'est-ce-pas?<br /> Elle remontera très vite, retrouver quelques forces qui la mèneront où elle voudra?
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T
je suis envoûtée par ce récit, et sa fin triste mais si paisible
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P
Très stressante ta vision de la toile de Joëlle, cette traversée interminable pour finir dans les eaux glacées, c'est un mauvais rêve, un de ceux qu'on fait quand on a beaucoup à faire devant soi et qu'on croit qu'on n'arrivera pas au bout... c'est ce que j'ai ressenti en te lisant.
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J
très beau récit, ma chère Bab...<br /> un suspense poétique en harmonie avec le tableau de Joëlle<br /> bises amicales<br /> jean-marie
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A
au moins on pourra la retrouver intacte, plus tard au pied d'un glacier ou portée par la banquise, alors que brûlée, plus de trace! elle a sans doute fait le bon choix.
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A
J'ai terminé ma lecture en me disant"j'ai froid", mais j'ai dansé, trébuché, hésité, avancé puis reculé avant de plonger, je n'avais pas d'autre choix que de l'accompagner jusqu'au bout...............
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A
vrai,ce texte est magnifique de poésie et de suspens....ces chemins sur lesquels on s'engage avec foi et qui ne sont plus au final comme au début!très beau texte,de surprises glaçantes,"chair de poule,"tu m'as donné "la chair de poule"....merci ne sommes nous pas que d'humbles feuilles?
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B
c'est en frissonnant que j'ai été au bout et je ne m'attendais pas à ce qu'elle plonge.
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