Le blog a été ouvert le 24 janvier 2008. Jusqu'au 1 mars 2017, Azalaïs, Lilousoleil, Polly et Quichottine vous y ont proposé des jeux d'écriture en toute simplicité.
Rencontre primordiale
Le cercle de feu apparaît derrière la montagne et dispense sa lumière sur l'immensité de la prairie. Je quitte le sous-bois, mon ombre danse avec celles des arbres qui s'étirent dans la brume. J'avance à pas feutrés, humant l'air à l'affût d'une proie. Je suis sauvage, je suis un animal, et j'ai faim....
Des jours et des nuits de marche à travers les glaces, les marais brûlant, puis la forêt incertaine sans rien débusquer, sinon quelques ailés malingres. Je hurle ma famine au matin blème quand une odeur inconnue me fait tressaillir. Mon poil se hérisse, mes babines se retroussent découvrant mes crocs puissants.
Je me tapis dans l'herbe et rampe, les blessures à mes flans amaigris saignent à nouveau contre la roche : je les lèche pour apaiser leur brûlure et le goût de mon propre sang me tord les entrailles. Je grogne de douleur...
Je voudrais bondir sur cette odeur, de plus en plus forte, de plus en plus proche, mais mon instinct m'ordonne la prudence et je me dissimule sous un bosquet. Le vent m'indique que les créatures sont nombreuses mais peu rapides. Peut-être aurais-je ma chance si je reste suffisamment longtemps à couvert.
Attendre, reprendre quelques forces...
Le temps semble interminable. Inquiet, je flaire la brise alourdie de midi : le troupeau a changé de direction et sa progression a cessé, je perçois des sons en contre-bas. J'espérais me repaître d'une bête isolée et faible, je vais devoir affronter cette espèce dont je ne sais rien. Je décide de m'approcher pour l'observer et attaquer à la faveur de la nuit...
Le ciel s'empourpre enfin quand je surplombe la vallée.
Je recule effrayé. Des êtres debout construisent des abris de branchages, il y en a vingt, trente, il y a aussi des petits qui roulent dans la terre. Il y a le feu de l'orage au centre qui les éclaire. Ils ont la peau nue. Ça sent le caribou fraîchement tué, ils le dépècent et je vois, je ne vois plus que ces morceaux de chair. Je salive...
Sont-ils des proies, un gibier nouveau que je peux chasser ? Ils possèdent le feu, ils sont hauts sur leurs membres inférieurs et ils sont eux aussi des prédateurs.
Je les crains, une peur que je n'ai jamais ressentie, plus forte que ma faim. Je ne peux fuir, leurs multiples activités me fascinent. Je reste là, à les regarder mâcher cette viande qui sent maintenant le brûlé.
Je ne peux retenir mes gémissements, l'un d'eux m'entend et m'aperçoit, je disparais derrière un rocher furtivement. Je gronde, tout mon pelage frissonne. Que sera l'affrontement avec ces êtres ?...
Tout à coup, un projectile tombe près de moi. Je bondis ! C'est un os : je le dévore ! .........
Arc-en-ciel
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