Un paysage frappe à ma porte
Un drôle de paysage ce soir frappe à ma porte. Il est là devant moi tout frémissant de peur, avec ses deux grands yeux débordant de tendresse, des yeux comme des vagues qui seraient égarées sur l’océan des jours ! Un très grand paysage, tragique et dérisoire.
Il tente bien de ravauder ses prés pour combler tous ces vides, mais ça fuit de partout et il n’a plus le temps de reprendre la route pour retrouver le temps où tout semblait en place. Alors, il reste là dans ses lambeaux de nuit et ses trouées d’étoiles.
Il me dit :
- Tu te souviens comme j’étais joli, avec les cheveux sombres de mes forêts profondes et mes lacs de montagne que j’assemblais sans fin pour en tisser mes robes et l’eau de mes torrents qui perlait dans mes rires et la voix que j’avais pour chanter les moissons ? Tu te souviens dis, des nuages assoiffés qui courtisaient parfois le parfum de mes herbes, la fraîcheur des sous-bois ?
S’il te plaît, ne m’abandonne pas ! Ne peux-tu remailler la trame des chemins pour que je puisse encore garder dans ma mémoire l’écume de mes joies et le sel de mes peines ?
Comment lui expliquer que chacun de ses manques me fait si mal à moi, comment lui expliquer combien mon cœur en saigne, que j’y brise mes forces, qu’il me vide à mon tour ?
Azalaïs