Soirée familiale !!!
Sur le canapé du salon un adolescent, le nez dans une BD., Sur un fauteuil son père, feuilletant son quotidien, sur un autre sa mère toujours en mouvement avec ses aiguilles à tricoter. Un dialogue s’amorce, le fiston écoute d’une oreille.
- Je ne sais plus par quel miracle…
(Tiens nous allons avoir une petite leçon de catéchisme)
- Inutile de recommencer avec tes miracles, je t’ai vingt fois expliqué qu’il n’y avait pas de miracle, simplement du hasard. Le hasard, la rencontre de deux séries causales indépendantes, comme le disait mon professeur de Philo… Il n’y a rien de miraculeux dans le fait de m’être retrouvé, dans l’avion Paris - Alexandrie, assis à côté d’Arthur que je n’avais pas revu depuis dix ans… Il n’y a rien de miraculeux d’avoir garé notre voiture le long de celle de ta sœur quand nous sommes allés à Anvers, alors que nous la croyions chez elle à Perpignan… Il n’y a rien de miraculeux, non…
(Silence le professeur à parler, il a bien étalé sa science, la voilà coincée, comment va-t-elle s’en tirer. Il ne lui manque plus qu’à sortir son petit exemple choc de derrière les fagots, et elle rentrera dans sa coquille. Va-t-elle réagir pour une fois ?)
- Pourquoi non ?
(C’est mou, mais mieux que de s’écraser)
- Mon troisième exemple, bien loin du miracle et du hasard, relevait plus de la superstition.
(Tiens, voilà autre chose !!!)
- Et alors ?
(Chic, elle ne cède pas)
- Alors ? Je n’ai jamais eu de cours de philo sur la superstition.
(Évidemment en dehors de ses cours et de ses bouquins, il est sourd et aveugle)
- Mais…
(Pas assez énergique ce mais)
- Mais rien, bonsoir.
(Qu’est-ce que je te disais, « coucouche » panier, le sujet est clos… Elle abdique)
Le fiston baye, s’étire, murmure un vague bonsoir et file dans sa chambre, elle continue, sans enthousiasme, quelques rangs de son tricot, lui se lève et allume la télévision.
ABC