Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 09:20

Roselyne et le rosier

 

La petite fille l’avait planté un jour, en plein milieu de l’allée.

Elle avait tenu bon lorsqu’il s’était agi d’en déterminer la place. Ce serait là et nulle part ailleurs.

Elle avait expliqué qu’il ne servait à rien d’avoir un si joli rosier si c’était pour le mettre dans un coin où personne ne le verrait.

Sa mère avait souri puis elle l’avait aidée à l’installer dans ce parterre inespéré.

Le rosier avait grandi, comme la petite fille. Il avait pris de l’ampleur et l’on devait maintenant en faire le tour pour continuer son chemin et ne pas s’y piquer.

C’était comme la jeune fille qu’elle était devenue. Il fallait mieux la connaître, l’apprivoiser, pour ne pas recevoir de ces piques acérées qu’elle envoyait de temps à autre à ceux qui la tançaient. Elle n’avait jamais accepté de sacrifier sa liberté, fusse pour se fondre parmi les autres et se trouver des amies.

Elle s’était épanouie, comme les roses du rosier. On enviait sa beauté, mais aussi, sans se l’avouer, la façon qu’elle avait d’être toujours présente où et quand il fallait.

Elle n’avait jamais voulu qu’on déplaçât son rosier.

Adulte, elle avait transformé l’allée en la faisant contourner de part et d’autre ce rosier majuscule qui continuait à grandir comme un arbre, ce rosier inévitable que l’on apercevait depuis la grande grille qui fermait le jardin.

Il se couvrait de roses au printemps, de grandes roses d’un blanc immaculé.

Elle passait de longs moments à le contempler, depuis sa fenêtre, ou très près, sur un banc qu’elle avait installé pour mieux lui parler.

C’est à lui qu’elle avait confié ses chagrins d’enfant, ses premières grande peines. C’est à lui qu’elle posait les questions qu’elle ne pouvait plus poser à d’autres. Et il lui répondait, du moins elle le croyait.

Les années avaient donné ensuite à ses cheveux la couleur des pétales des roses de son rosier.

Elle continuait à lui raconter d'autres peines, qui n’étaient plus les siennes. Elle venait, clopin clopant chaque soir pour admirer les reflets que le soleil couchant déposait sur les immenses fleurs de cet arbre incroyablement grand.

Et puis, un jour, Roselyne ne vint pas.

Au milieu de l’allée d’un jardin déserté, il ne resta qu’un arbre, un rosier géant où chaque jour, d'avril à novembre, une rose pleurait.

 

Quichottine

http://quichottine.blogspot.fr

...

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Magnifique histoire entre Conte et Réalité<br /> @ + Quichottine
Répondre
E
Un beau texte Quichottine; Deux vies se sont côtoyées mais seul ce vieux rosier subsistera avec ses secrets bien gardés dans ses pétales de roses.....<br /> J'aime beaucoup ta dernière phrase , et comme la rose j'étais tout près d'y verser une larme. Elise.
Répondre
A
Deux vies en parallèle, une belle complicité, et des larmes quand la rencontre n'est plus possible... très beau !<br /> Les fleurs savent lire et garder les secrets des cœurs qui se confient...
Répondre
B
oh la la, quel récit émouvant... Tu m'as presque tiré la larme... Bisous.
Répondre
J
un très beau texte<br /> émouvant<br /> bouleversant<br /> comme un vie que le temps affaiblit inexorablement<br /> puis éteint...<br /> merci, chère Quichottine<br /> bisous d'amitié<br /> jean-marie
Répondre
K
Coucou Dame Quichottine<br /> J'aime beaucoup ta petite histoire. Roselyne (et son rosier blanc) est attachante.<br /> Bises du vendredi<br /> Béa kimcat
Répondre
P
Beau rosier qui poursuit solitaire et triste un chemin où elle ne viendra plus.<br /> Je me souviens d'une histoire d'arbre que j'avais écrite il y a longtemps, l'héroïne s'appelait Rose, et un chêne avait été planté à sa naissance...<br /> Il faudrait que je retrouve cette nouvelle, c'est la même complicité, le même amour.
Répondre
A
ma grand mère avait un jardin plein de rosiers qu'elle plantait un peu au hasard des dons qu'elle recevait. Il y en avait un très ancien avec de très petites épines mais qui était redoutable. Elle<br /> disait toujours "surtout faites attention à celui là, il est mortel" elle ne croyait pas si bien dire car il est mort peu de temps après elle.<br /> Je n'en ai que deux, un Pierre de Ronsard et un William Shakespeare que j'avais mis côte à côte pour qu'ils ne s'ennuient pas mais il semble que les artistes soient très jaloux de leur intimité et<br /> j'ai dû les séparer.<br /> <br /> C'est une très belle histoire, les roses ont toujours des choses à nos apprendre malgré leurs épines.<br /> bises
Répondre

Nous

  • : Le blog d' azacamopol
  • : Le blog a été ouvert le 24 janvier 2008. Jusqu'au 1 mars 2017, Azalaïs, Lilousoleil, Polly et Quichottine vous y ont proposé des jeux d'écriture en toute simplicité.
  • Contact

Bienvenue

L'inspiration de Fragonard

La consigne a retrouvé sa place dans les pages, module de droite.

 

Avez-vous pensé à offrir un petit texte de présentation à la Petite Fabrique d'écriture afin de figurer dans liste de ses membres ?

Rechercher

Important

Important !

 

Depuis le 1er mars 2017, les nouvelles publications sont effectuées sur notre nouveau blog.

Le nouveau blog a été supprimé le 19 août 2020 sans sauvegarde, j'en suis désolée.

Si vous désirez que les texte parus sur Wordpress soient de nouveau publiés ici, vous pouvez me les envoyer à l'adresse habituelle.

Merci !

 

Nos "annales" continueront à être publiées sur ce blog, à raison d'une publication par mois.

 

Merci.

Archives

Jouer avec les mots


Vous avez envie de vous amuser avec les mots ?
Vous aimez écrire à partir de jeux, de thèmes, d'images et
vous n'osez pas vous lancer ?
La Petite Fabrique d'Ecriture vous convie à ce un moment de détente.
En toute simplicité, venez jouer avec les mots selon
une consigne donnée, à laquelle vous participez ou non selon votre envie
et votre inspiration.
Rien n'est obligatoire sinon s'amuser.