Purgatoire
Lorsque j'ai lu la consigne du jeu de la Petite Fabrique d'Ecriture, qui consiste à écrire un texte dans lequel un mot revient tout le temps, j'ai tout de suite pensé à une personne que j'ai rencontrée sur le chemin imprévisible de mon humble vie.
Une personne que je n'ai connu qu'un court moment, certes. Mais dont les paroles m'ont extrêmement touchée.
Cette personne est un homme pour être honnête. Une vingtaine d'années, grand, blond, les yeux clairs, un homme tout ce qu'il y a de plus normal, avec une particularité, une seule et unique particularité: une déficience mentale légère. Voici le genre de discussion que nous avions. Appelons-le, Monsieur.
Moamoonoupsarghh: " Bonjour Monsieur, tu as bien dormi?"
Monsieur: " Comme au purgatoire."
Moamoonoupsarghh: " Si on prenait un bon petit déjeuner pour bien commencer la journée?"
Monsieur: "Comme au purgatoire."
Moamoonoupsarghh: "Aujourd'hui, nous allons pique-niquer au bord d'un lac, qu'en penses-tu?"
Monsieur: "Avec les autres? Comme au purgatoire."
Moamoonoupsarghh: "Oui, avec les autres."
J'ai mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi cette personne ne cessait de prononcer ce mot. Un mot qui représentait alors pour moi: LA MORT. Jusqu'au soir même, où nous étions en train de jouer à un jeu de société et où je lui dis:
"Ce n'est pas grave, tu peux rejouer, mais c'est ta dernière chance!"
Et où il m'a répondu: "C'est ça la vie, c'est comme au purgatoire."
À partir de ce moment, j'ai compris qu'en fait pour lui, le purgatoire, c'est la dernière chance, et sa dernière chance à lui, c'était LA VIE!
Moamoonoupsarghh
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