Poésie en noir et blanc.
Il y en a tant de films qui me touchent !
Comment choisir ?
Depuis la Strada jusqu’à La vie est un miracle, en passant par le grand Citizen Kane, Bleu, Blanc, Rouge (surtout rouge), les moissons du futur...
En général, ceux qui me paraissent réussis, ce n’est que mon avis, sont ceux qui mêlent un excellent scénario, une photographie magique, des plans à vous couper le souffle…. Après c’est une histoire de talent entre réalisateur, techniciens, comédiens…
Mais je vais m’arrêter sur un seul, je le dois à la petite fabrique.
Je le visionne quelquefois, car tout comme je relis mes grands écrivains, je regarde mes grands films, on ne voit jamais tout à fait le même comme on ne relit jamais tout à fait le même livre.
Celui-ci se passe à Berlin, avant la réunification. Images noires et blanches, monde coupé en deux. Des Anges tentent de veiller sur des humains. Ils vont de l’un à l’autre, entendent leurs monologues intérieures, posent sur leurs épaules une main rassurante qui souvent ne suffit pas. Seuls les enfants les aperçoivent. « Quand l’enfant était un enfant…. ». Ainsi commence le film.
Et nous restons avec deux d’entre eux. Damiel et Cassiel. Damiel est tenté par la vie terrestre, il est las de naviguer entre les humains sans pouvoir agir contre leurs souffrances. Il est d’autant plus attiré qu’il a rencontré une trapéziste. Pour la première fois il est amoureux. Mais le chemin est long avant de choisir le monde des mortels.
C’est un beau voyage dans lequel nous entraîne Wim Wenders, aidé pour le scénario par Peter Handke, un beau voyage entre ces deux mondes, celui des vivants et celui des anges, et en filigrane entre celui de Berlin Est, et Berlin ouest. Du noir et blanc, des panoramiques de la ville absolument fabuleux, un vieux monsieur qui hante la grande bibliothèque avec tant de questions sur la vie, sur son sens, des ruines parfois, le mur. Une rencontre avec un acteur très connu qui joue son rôle d’acteur : Peter Falk, le fameux Colombo, venu tourner un film de guerre, nous traversons aussi cette ambiance de cinéma, avec les chapeaux à choisir, les décors, les figurants que Falk croque au fusain. Et Falk serre la main de Damiel, une main qu’il tend, il le sent… « je sais que tu es là, compañero».
Ceux qui l’ont vu connaissent les couleurs de Berlin à la fin du film.
Damiel (joué par Bruno Ganz) m’émeut toujours, et la dernière scène est d’une grande sensibilité, magnifique de douceur, de légèreté et de beauté, les ailes du désir.
Polly