Petit Louis découvre les adultes
Maman, maman, viens voir, il y a un martien dans le ciel.
Petit louis, à qui on avait raconté, la veille, une histoire sur les martiens, découvre dans l’azur du ciel un joli ballon avec des yeux.
Bien sur ça ne pouvait qu’être les martiens.
Maman dépêche toi ou tu vas le louper.
Maman, qui ne croyait pas aux martiens, n’était pas pressée de laisser son torchon pour venir admirer tout ce qui trainait dans le ciel.
Elle continua tranquillement à essuyer sa vaisselle et après avoir rangé la dernière assiette sortit sur le pas de la porte, voir les martiens de petit Louis.
Un ballon avec de gros yeux peints sur sa panse se balançait mollement juste au dessus de la maison.
Petit Louis ne se tenait plus de joie, il ameutait tout le voisinage, il avait même été chercher sa sœur dans son berceau et tout en lui disant de ne pas avoir peur puisqu’il était là pour la protéger. Il la levait, au risque de la faire tomber, pour qu’elle voit elle aussi les martiens.
Maman lui prit la petite des bras et lui dit, c’est juste un ballon sur lequel on a peint des yeux et gonflé à l’hélium.
Petit louis n’était pas d’accord, il trouvait que le ballon ressemblait étrangement à la navette du martien de son livre d’image.
Un petit vent léger jouait avec le ballon, l’emportait plus haut, puis le ramenait presque sur le toit de la maison.
Petit Louis pensa à l’appareil photo de son père, fila comme une flèche dans le bureau, renversa quelques tiroirs avant de le trouver et revint juste à temps pour voir filer le ballon derrière le clocher de l’église.
Se trouvant trop loin pour la photo, il sortit de la cour, longea la première rue, enfila une deuxième en surveillant la course du ballon qui s’en allait toujours plus loin.
Il se mit à courir. Il courrait de toutes ses forces. Il lui fallait absolument une photo de la navette des martiens, sinon comment les copains pourraient-ils le croire ?
Où donc est cette église ?
Il lui était bien arrivé d’y aller avec ses parents. Pas plus tard que dimanche dernier, il y avait assisté au baptême de sa petite sœur.
Il emprunta une autre rue, toujours courant, la tête en l’air pour ne pas perdre le ballon qui s’était accroché tout en haut du clocher.
Par miracle tout au bout de la rue, il trouva l’église, mais le ballon n’y était plus, il planait maintenant, justement, du moins on aurait pu croire, sur le toit de sa maison
.
Découragé, il s’assit un moment sur les marches de l’église en se remémorant l’histoire que son père lui avait lue et qui racontait les coutumes des petits hommes verts.
Il se souvenait maintenant, la navette allait sûrement se poser dans un champ loin de la ville. Les petits hommes verts n’aimaient pas les humains, ils en avaient peur tout autant que les humains avaient peur d’eux.
Un autobus s’arrêta devant l’église, quelques dames en descendirent et se dirigèrent vers le cimetière. Il reconnut leur voisine, madame pimbêche. C’est ainsi que l’appelait ses parents qui ne la fréquentaient pas.
Bonjour madame pimbêche lui dit-il, vous avez vu les martiens ?
La dame se retournât et les yeux sortant presque des orbites, se ruât sur lui et le prenant par le bras, le secoua en le traitant de petit vaurien.
Elle lui dit qu’elle allait le ramener chez ses parents qui entendront parler d’elle
.
Petit Louis ne comprenait rien à ce qui se passait.
Pourquoi madame pimbêche était-elle en colère ?
Les grandes personnes étaient vraiment bizarres.
Il n’osait plus rien dire.
Le tirant par les rues, elle le ramena à la maison.
Maman qui le cherchait partout fut heureuse de le revoir mais elle l’était beaucoup moins de voir madame pimbêche qui hurlait des mots qui firent sortir papa de son bureau.
Papa et maman s’excusèrent pour l’avoir appelée pimbêche et petit louis comprit que pimbêche n’était pas son nom mais un mot méchant pour désigner une personne qu’on n’aimait pas
Il fut puni pour être sorti de la cour et pour avoir pris l’appareil photo de son père.
Il s’en fichait de la punition. Ce qui le blessait le plus c’est tout ce qu’il avait découvert sur les grandes personnes.
reinette