Le souffleur de vers
Ils se sont accrochés l’un à l’autre. La chute sur les parois verticales du temps aurait pu leur être fatale mais un arbre soyeux de neige amortit le choc. Ils se sont accroupis, solidement amarrés à leur branche de survie. Elle, si jeune et brûlante d’un feu intérieur et lui le vieux sage aux yeux d’outremer. Elle se mit à parler. Les mots s’envolèrent, fugaces fleurs de givre. Il lui sourit, paternel. Surtout ne pas lui dire que l’équilibre de leur nouvel espace était fragile, que la branche providentielle fondait comme la glace des pôles d’où ils venaient. Il lui souffla des vers et des rimes qu’elle déroula en comptine. Le jeu l’amusa beaucoup. Il ferma les yeux pour cristalliser dans la mémoire de cette planète la plénitude de cet instant. Deux cœurs battant au rythme des mots dans la solitude blanche d’une prison de verre.
Claudie