Le rocher
On a frappé à ma porte. Deux coups befs et impatients. Je savais que c'était lui qui revenait. Son impatience devait croître ou plutôt sa colère et son dépit devant mon obstination et mon silence.
Je me suis faite encore plus petite dans le grand fauteuil et j'ai tiré mon pull sur mes genoux. Je me suis recroquevillée à l'abri de la chaleur des coussins.
Les coups ont redoublé. Je tressaillais à chacun d'entre eux comme si je recevais une série d'uppercuts. J'ai entendu des sanglots, et un râle de désespoir.
Je me suis bouchée les oreilles et j'ai serré fort jusqu'à ressentir la brûlure et le bourdonnement contre mes paumes.
C'est terrible quelqu'un qui ne peut pas vous laisser tranquille, qui ne peut pas vivre sans vous.
C'est même incroyable cette capacité à souffrir qu'ont certaines personnes, accrochées à leur petit malheur comme une huître à son rocher.
Ils ne savent pas lâcher prise, vivre pour eux-mêmes, s'enchanter de ce qu'ils ont, laisser partir sans regrets ce qui leur est refusé!
J'étais touchée pourtant, par cet homme, dehors, qui pleurait. J'ai risqué un oeil derrière les rideaux.
Anouk