Le chemin du caprice
J’aurais pu dire, ou chanter, comme Mireille : " Le petit chemin qui sent la noisette… ", car c’est bien d’un tout petit chemin, voire une sente à travers prés et jardins dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui.
J’étais une toute petite fille, j’habitais chez mes grands- parents, au fin fond de la campagne et je menais une vie libre. A l’époque, dans l’environnement social dans lequel j’évoluais, il n’y avait pratiquement pas de risque : le hameau était si petit que tout le monde connaissait tout le monde, la voiture était un monstre dont chacun se méfiait, il n’y en avait donc pas chez nous ; on ne croisait guère que charrettes, vélos ou brouettes, ce qui représentait peu de risque pour la fillette que j’étais.
Or, dès que j’ai su marcher, j’ai manifesté très vite des velléités d’indépendance contre lesquelles les adultes qui étaient responsables de moi hésitaient à se battre tant mes colères bouleversaient toute la maisonnée ; c’était en grande partie à mon père que je devais cette position de privilégiée (je devrais dire d’enfant pourrie).
Toujours est-il que cette petite sente dont je vous parle voyait souvent passer un petit bout de bonne femme, mains au dos, front plissé, joues enflammées… En effet, en la suivant sur deux ou trois cents mètres, au milieu des prés, on arrivait tout droit chez ma grand-tante, grand-tante qui , malheureuse de n’avoir jamais eu d’enfants, devançait toujours mes désirs et qui savait si bien comprendre et calmer mes colères de petite capricieuse sans cesse frustrée !
Combien de fois ai-je suivi ce petit chemin ? J’étais trop jeune pour m’en souvenir de façon précise, ce que je sais, cependant, c’est que cette situation a tellement marqué la cellule familiale qu’il en existe encore un témoignage sous forme d’une vieille photo jaunie que je garde précieusement.
Jakline
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