LA DAME DU DEHORS
Elle frappe à ma porte. Un coup. Tout léger d’abord. Un coup imperceptible aussitôt porté par le vent et puis ses poings martèlent le bois. Je ne veux pas lui ouvrir mais je sais qu’elle ne me lâchera pas. Elle revient encore, obsédante et opaque comme la nuit qui enveloppe les murs de ma demeure. Je ne veux pas rallumer le feu pour elle. Je ne veux pas lui ouvrir mon cœur. Je connais trop sa peine et ses larmes. Je l’entends gémir sous les assauts du vent. Je sais qu’elle a froid, je sais qu’elle a mal. Elle passe sous mes fenêtres et j’aperçois son ombre blanche à travers les panneaux disjoints de ma porte. Elle siffle que je suis une créature inhumaine, que je n’ai aucune pitié, aucun amour à donner.
Sa douleur et ses plaintes me déchirent jusqu’au tréfonds de l’âme. Avec le temps elle aurait dû m’oublier. Notre amour est mort et enterré. J’en éprouve parfois des remords mais je ne peux plus rien pour elle puisque c’est moi qui l’ai tuée. Alors je ne comprends pas pourquoi, tous les soirs et par tous les temps, elle revient, auréolée et transparente, frapper à ma porte.
Claudie