L’arbre blanc
Au bout du chemin, ceint de luxuriance, on eût dit un bouquet de mariée que cet arbre aux bras chargés d’innocence, où chacune de ses branches ployait, révérencielle et de blancheur immaculée.
Dans un grand silence, seule une voix tremblotante précédait mes pas.
-« doucement, doucement si tu veux le rattraper, doucement, doucement si tu veux te réjouir de son exhalaison. Doucement, doucement, si tu veux écouter au creux de ses nids blancs le chant de ses ravisseurs et même si tu veux entrevoir leur demeure dernière ».
Ainsi me disait-elle.
J’avançais prudemment, comme elle m’eut dit, presque exigeante où elle rythmait à sa sonorité celle d’une cane que j’entendais frappant la terre craquelée par la sécheresse.
Mon esprit dessinait la silhouette d’un vieil homme n’étant nulle autre que celle de mon père qui m’amenait tranquillement au pied de cet arbre.
Enfin comme mes yeux glissaient sur une fleur, chacune d’elles s’ouvrait, découvrant un visage aimé, un sourire, un lieu enchanteur, un souvenir de vacances …et des vocalises montaient légères dans la transparence de l’atmosphère.
Puis soudain, un coup de baguette magique, l’arbre disparaissait et la voix s’estompait, à peine audible, avec ces dernières paroles :-« Il me faudra t’accompagner si tu veux le revoir autrement que figé dans un bain de verdure parmi les autres…. »
Maintes fois, je lançais des appels, désespérés, mais jamais je ne revis ce centenaire.
Et quand j’ouvris les yeux, des larmes coulaient le long de mes joues.
Ce n’était qu’un rêve, si beau rêve, que celui d’un arbre cousu aux fils blancs !
Mamylilou
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