L'amour de la montagne
Je crois que c’est en Bavière, lors du séjour de j’y fis dans les années 70 que je suis vraiment tombé amoureux de la montagne.
Bien sur, j’avais souvent fréquenté les pistes des alpes l’hiver, mais je n’avais pas été conquis par la majesté des lieux, je m’étais contenté de chasser flocons et étoiles délivrés par l’école de ski local et plus tard à faire la compétition avec mes amis.
J’étais toujours heureux de reprendre le train qui me ramenait vers la capitale comme on est heureux de retrouver son confort après un pique nique amusant mais incommode.
Le trouble qui m’amenait en Bavière me fit voir autrement la montagne, c’était l’été, je m’adonnais à de longues marches pour que ma fatigue physique endorme ma souffrance morale, et ce qui au début, de cette convalescence était une contrainte devint très vite un réel plaisir.
Je retournais l’année suivante passer plusieurs semaines dans la petite station allemande où je repris vite mes habitude de marcheur solitaire, tout en regardant avec un intérêt grandissant des alpinistes qui revenaient de course.
Mais ce fut à Chamonix que de contemplatif je devins acteur de ma nouvelle attirance.
Après deux ou trois cours à l’école d’escalade des gaillands où on m’enseigna le maniement des cordes, les principes de l’assurance enfin en un mot les rudiments de cette activité un peu spéciale, je me rendis régulièrement, comme des dizaines d’autres, à l’affichage du bulletin météo de 18heure devant le bureau des guides..
J’écoutais avec fascination les conversations de tous ces passionnés, il suffisait de la promesse d’un beau lendemain pour que leur visage s’éclaire.
Une phrase magique alors retentissait comme si elle avait été dite par une seule bouche
« C’est pour demain ! »
Parfois les groupes se formaient, comme ça, presque par hasard on cherche quelqu’un pour la petite verte, ou pour l’aiguille de Blaitière ou encore le Grépon.
Il n’était pas question d’argent, ou de quoi que ce soit d’autre que de passion, et je crois que c’est précisément cela qui m’a captivé.
J’ai fini par entrer dans le bureau des guides, ils m’ont écouté conseillé et attitré un guide pour le lendemain matin.
Il ne s’agissait pas, bien évidemment, une voie mythique, loin de là, mais je ne cherchais qu’à approcher de plus près ce monde à la beauté si puissante, à me découvrir aussi, à m’apprivoiser, à faire un voyage au bout de moi-même.
Je pourrais vous dire que j’étais dans un état de grâce absolu et ce ne serait pas vraiment faux, mais pour être honnête, je passais une nuit agitée et au réveil un petit dérangement intestinal souligna que le bel alpiniste qui s’apprêtait à conquérir le monde était mort de trouille.
Je sais ce n’est pas très glorieux, j’étais tout de même à l’heure dite à la gare du téléphérique, et l’aventure put commencer.
Une fois sur le terrain l’angoisse, les questions, les doutes, tout disparut le sommet eut le goût sucré d’un moment exceptionnel ; je voulus prendre des photos mais Michel, mon accompagnateur, me découragea en affirmant fort justement, je le sais à présent, que les plus belles photos sont prises par la mémoire.
A mon retour dans la vallée, en début d’après midi, j’étais fourbu mais heureux.
Je crois que ce jour là, pour un petit moment, je me suis bien aimé…
Matheo