Je déménage
Tout est brouillé dans ma pauvre tête, tout est cassé, j’ai tout perdu. Tous les jours un peu plus, je glisse, je glisse… Ça me donne le vertige cette béance là et tous ces vides à combler ! C’est un peu comme si j’étais moi mais sans moi, comme si je n’étais plus dans moi mais suspendue quelque part à l’écoute de ce dedans qui va mourant…
Et tous ces mots qui se promènent… Je sais même plus les aligner ! Pourtant, les mots, je les aimais ! Tous ces mots lus, écrits, brodés sur des cahiers aux lignes bleues. Tous ces chemins à dérouler ! Des petits bouts de vie, des bouts de rêve et qui errent sans fin dans l’infini des autres ! Ils sont là, je les sens, comme des oiseaux fous qui voudraient se poser !
Je me sens si fragile et si petite aussi. Et puis quelle importance ! Tout ça paraît si vain ! Qu’est-ce que ça change, une voix de plus, une voix de moins ? Qu’est-ce que ça change si je sais plus me rassembler et si tout se délite ? J’ai tant de pilules au pilulier, j’ai tant de coussins au canapé ! Je peux tenir tout un hiver ! Et au printemps, si je sais plus le nom des fleurs, je peux toujours les respirer !
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