J'ai rêvé d'une plume.
J’ai rêvé d’une plume pour caresser l’écaille dans la mer immobile. J’ai rêvé d’une plume pour que les mots s’envolent dans un ciel tranquille. J’ai rêvé d’une plume pour annoncer la lune quand elle fait des grands « O » dans ses larges yeux d’or tout emplis de nos songes, nos rivages, nos îles, nos bateaux.
J’ai égaré les ailes qui caressent le flot où s’ébat l’argenté de nageoires. J’ai égaré les ailes qui couvent les mots célestes d’un matin ou d’un soir. J’ai égaré les ailes qui ombrent le lent balancement d’un rayon de la lune sur les dunes où s’échoue, tout enroulée de brume, une mer d’algues brunes.
J’ai plongé dans un ciel couvert d’une écume épousée par la bise broussailleuse. J’ai plongé dans des fonds verts et roses emmaillotés de paillettes amoureuses. J’ai plongé et trouvé ces fins rayons d’argent qui dansent insouciants et légers, âmes espiègles, dentellières, du tourbillon lascif de nos plus graves rêves.
polly