Il est parti de nuit
Il est parti de nuit, comme un voleur, un grand voleur d’enfance à l’enfance volée, un voleur d’innocence et de tendre abandon.
Il est parti de nuit, honteux et solitaire, le cœur lourd d’un remord qu’il n’a pas su confier, un chagrin d’homme mûr, tout en vrac dans son sac.
Il est parti de nuit et moi je n’ai rien dit, effrayée de ce cœur qui trop fort s’emballait, effrayée de ma joie qu’il me fallait cacher, effrayée de ce ciel qui d’un coup s’entrouvrait, de cette échappée belle que je n’osais goûter.
J’ai senti ses baisers tout empleinés de larmes, mais j’ai gainé mon corps d’une armure d’acier. A-t-il vu que je ne dormais pas ?
Qu’aurais-je pu lui dire, moi qui ne parlais pas ?
Azalaïs