Dialogue surréaliste
- Tu fais quoi, assis sur cette branche ?
- Je pense !
- Mais pourquoi là, dans cet arbre ?
- Qu’est-ce que ça peut faire ? et toi ?
- Moi ?... je suis venu voir ce que tu faisais…
- Eh bien moi je pense que tu aurais pu rester en bas.
- Mais avant tu faisais quoi ?
- Je viens de te le dire, je pensais !
- Mais à quoi ?
- Que tu aurais dû rester en bas
- Mais tu te moques, là ?
- Non je ne me moque pas ! c’était évident !
- Qu’est-ce qui était évident ?
- Où que je sois je ne peux penser seul…
- Pourquoi ?
- Parce que penser au fait que l’on pense nous renvoie à nous-mêmes, comme un miroir, et dans ce cas, difficile de se sentir seul, on pense : on se pense. On réfléchit : on se réfléchit… et forcément à l’arrivée on est deux…
- Quoi ? ça veut dire que je ne suis que ton double ? une sorte de projection ?
- Evidemment, tu n’es qu’une projection, une copie… Tu n’existes pas, tu n’es rien, rien qu’une image. La production d’une tête pensante d’un mec assis sur une branche.
- Ah bon !
- Ben oui !
- Mais alors pourquoi tu veux me faire descendre ?
- Parce que je pense que je suis un con, alors pour ça pas besoin d’être deux !
- Alors là, moi je te dis chapeau ! Je suis sûr que tu as raison, alors je file ! le double d’un con n’est pas fiable…
- Je ne te le fais pas dire !
Quelques instants après :
- Ouf ! enfin seul ! Je l’ai bien eu ce débile !
Bigornette