L’ami (joty) des bègues
Mijoty tira de son balai laiteux et hirsute en poil de chameau moldave des sons somptueux et mélodieux.
« Dieu, que c’est magnifique, fit Quentin, interdit par tant de beauté amassée.
- Assez, ces sons sont criards. Arrête tout de suite ce tohu-bohu, hurla la belle Estelle. »
Elle sortit de chez elle, électrisée de colère, l’air mauvais, vêtue d’un pantalon long à trou.
« Où est cette mijaurée ? J’aurai sa peau à cette sorcière. Hier déjà, elle a fait du bruit. Oui, cela suffit. Fi de ses passages répétés, été comme hiver. Vers quoi tend elle, tant elle joue mal, à l’aube et au crépuscule. »
Culottée, elle l’est, laissant à d’autres la sonate atone. Tonique et outrancière dans sa robe oblongue descendant jusqu’à ses escarpins peints. Mais cette musicienne énergique et accomplie plie ses envies vitales aux vertus tumultueuses de ses harmonies si décriées.
« Riez, mais sachez apprécier sa rime immatérielle, elle vaut un piano nostalgique. »
Dan Rodgerson
Pour voir la première participation de Dan, qui n'a pas de blog :
http://azacamopol.over-blog.com/article-deux-mijoty-sinon-rien-de-dan-rodgerson-1-61790256.html