Aux Bardenas
- Un jour, là-bas... savez-vous monsieur ce que l’on vit ?
Les flammes de l’enfer vous dis-je ... car savez-vous, l’impitoyable désert que vous vous apprêtez à traverser – à vos risques c’est entendu – était aux temps jadis une fraîche et profonde pinède peuplée des brigands les plus sanguinaires du pays - rejoints même d’honnêtes gens lassés d’une vie sans lucre...
Une société organisée vivait là, dont l’expansion grandissante inquiéta tout autant sa Majesté que le Grand Inquisiteur - déclarant Dieu chassé de ces lieux.
Plusieurs assauts de la troupe, inefficace en ces lieux peu propices à la manœuvre militaire ayant échoué, on se résolut aux flammes, et ce fut le plus beau, le plus grand des autodafés qu’on ait vu de mémoire de Grand Inquisiteur ! Ceux qui ne brûlaient point étaient percés tranchés découpés, et la pratique de cet art si noble qu’est la boucherie atteignit là des sommets jamais rêvés auparavant !
Les fumées dissipées, plus une herbe ne repoussa sur ces terres maudites, où l’on dit que certaines nuits sans lune on entend, modulées par les vents, de terrifiantes clameurs : ce sont les plaintes des âmes des suppliciés qui hantent à jamais le désert...
Or donc, libre à vous de traverser l’enfer, fit le vieil homme qui déjà refermait sa fenêtre, et tisonnait en tremblant son feu de cheminée refroidi.
JCP
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(Sur l’histoire du désert des Bardenas, autrefois pinède, incendiée par les Espagnols pour en extraire les bandes de brigands qui y vivaient)
Le texte et les images correspondantes ont été publiées sur le blog de l'auteur à l'adresse suivante :
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