Arc-en-ciel
Arc-en ciel, le plus beau poisson de l’océan avait toujours
été généreux. Doté depuis sa naissance d’écailles d’argent
aux reflets scintillants, il avait distribué toutes ses écailles à
ses amis du fond de l’océan. Il en avait gardé une, une seule
qui faisait sa fierté et qu’il entretenait avec un soin méticuleux.
Ce matin, en faisant sa toilette s’apprêtant à lustrer sa belle écaille,
il se mira dans la transparence de la troisième vague. Elle était
tellement bleue, d’un bleu su profond qu’il crût être dans un tableau
de Matisse. Un remous lui fit miroiter son visage. Stupéfait il
contempla un museau noir comme du charbon et plus une
seule écaille sur son dos. Il était perdu son costume son beau costume.
Il est nu, tout nu, nu comme un ver.
Ses amis riraient bien de lui ; ils plouf feraient.
Il fondit alors en larmes, puis avisa qu’il était un peu ridicule,
il essuya ses pleurs et décida de nager vers d’autres eaux.
Quitter le fond de l’océan un peu trop froid et connaître la mer.
Il parait qu’elle est encore plus bleue et chaude. Il avait entendu
dire qu’on l’appelait la Grande Bleue. Sans écailles, il avait peur
de finir congelé. Arc-en-ciel remontait lentement à la surface,
un peu inquiet se sentant perdu quel chemin prendre. s’arrêtant
pour respirer un peu, il découvrit un chemin constellé
d’étoiles filantes laissant des myriades de traces blanches et lumineuses.
Soudain devant lui, un poisson tout rond, rond comme une bulle
de savon. Un visage humain le contemplait et dans la bulle
il vit toutes ses écailles. Il perçut un signe dans un tourbillon
bleu marine. C’est alors qu’il comprit que ses amis le suivaient
de loin en soufflant sur un cœur et aperçut son ami cœur lui
montrant la route à suivre.
Lilouette