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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 18:51


Ames sensibles s’abstenir

 

Certains rêvent en rose, moi je rêve en marron. C’est joli le marron me direz-vous lecteur ! On pense au brun si doux qui brille tendrement au temps de la châtaigne, à la vague cuivrée qui décline ses ocres au temps des feuilles mortes, à la terre de Sienne qui court dans les sillons lorsque revient l'automne… Mais mon marron à moi n’a rien je le crains fort d’un marron bucolique, bien que si m’en souviens, un poète en son temps  écrivit sur la chose un très joli poème.


D’où me vient un tel rêve et que je fais souvent ?


Peut-être de ce jour où je tombais d’un coup dans la fosse d’aisance que surmontait un banc où bourdonnaient des mouches ! C’était chez ma grand-mère par un beau jour d’été ! Ma mère cria fort mais elle ne sut que faire ! Je ne dus mon salut qu’à un vétérinaire qui en un tournemain eut tôt fait de m’extraire de cet endroit puant, de me débarbouiller à grands  seaux d’eau glacée tirée du fond du puits, de me rendre à ma mère en lui disant d’un air très suffisant : «  Mais voyons chère madame, ce n’est que de la merde ! »


Peut-être de la honte qui me montait au front lorsque nous allions en vacances chez mon autre grand-mère et qu’il nous fallait faire ,dès que la nuit tombait, un bien étrange pèlerinage aux toilettes publiques, tout en  haut d’une place, notre bout de journal caché au fond des poches ! Et que dire lecteur, du long chemin de croix, dans le petit matin, lorsqu’avec le «  julou », nous allions tous en chœur vider l’obole de la nuit dans ce petit ruisseau nommé le Merdussou ! Depuis on l’a débaptisé, changé le M en V pour faire Verdussou ! Mais il n’empêche que je me souviens toujours du bruit et de l’odeur, sans parler des regards goguenards de ceux qui, bien plus riches que nous,  avaient des chiottes à la maison !


Il m’est même arrivé de me voir vidanger cette chose ! Je la voyais passer d’une bassine à l’autre en glissant doucement à l’intérieur d’un énorme tuyau ! Je vous laisse lecteur, si ça vous fait envie, élucubrer tout votre saoul sur le sens profond et caché de ces rêves étranges ! Un jour pourtant que je confiais cette vidange à une psychologue, elle me dit tout à trac : Votre vie a-t-elle déjà été en danger ? (vidanger vous suivez j’espère !)


Je me mis alors à lui compter par le menu toutes les fois où ma vie avait frôlé le grand danger final, à commencer par ce jour où je me refusais obstinément à naître et d’ouvrir mes poumons à l’air terrible et froid d’un hôpital militaire. Et puis toutes les fois où je serrai les fesses en récitant le chapelet à l’arrière d’une voiture conduite par un père qui n’en finissait pas  de nous trainer de bar en bar , de verre de vin blanc en verre de vin blanc, tout en nous faisant croire que nous prenions l’air pur à la campagne ! Combien de fois nous sommes-nous retrouvés dans un champ, dans un fossé ou zigzagant sur une plaque de verglas, terminant notre route dans un artistique tête-à-queue ? J’en garde une phobie des voyages en voiture dont je ne peux guérir. Et puis il y eut aussi ce matin où l’on me tira d’affaire de justesse alors que j’avais absorbé toute la nuit les vapeurs toxiques d’un méchant poêle à charbon (ma mère a toujours aimé jouer avec le feu!) et puis aussi…. mais je m’arrête là, vous finiriez par ne plus me croire !


Curieusement depuis que j’ai raconté à cette femme toutes mes histoires de miraculée, je ne vois plus de pompe à merde. Mais le souvenir de ces WC publics, avec leurs murs recouverts de virgules et de blague salaces, leur sol tout décoré de papiers dentelés, tous ornés de couleurs bigarrées allant de l’ocre jaune au rouge de Venise, continue à me hanter souvent !


Je suis vraiment désolée si  j’en ai choqué certains. J’aurais pu vous raconter c’est vrai, comment à l’âge de 13 ans,  je me suis retrouvée dans un bordel (rassurez-vous je n’y suis pas restée !) ou encore comment j’ai attrapé dans mes filets un jeune prêtre qui voulait m’épouser, mais ce sont ces lieux finalement pas insolites du tout bien que fort peu décrits, qui sont venus me hanter encore cette nuit ! Me fallait bien les expulser d’une  façon ou d’une autre !


 

Azalaïs

 

http://marge-ou-greve.over-blog.com/

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commentaires

M
<br /> Tu a évacué , sans doute pas encore tout<br /> MAis ton article aussi véridique qu'il soit n'étant achevé, il faudrait que tu concilies une suite, d'une autre manière, ailleurs , tu sais ce dont je fais allusion<br /> On a ainsi dans notre vie des rebondissements,et avec tant de reculs, comment ne pas traverser des moments de détresse , à ne plus savoir trop où l'on est !<br /> Bisous Aza<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Eh!!! une histoire pas facile à raconter assurément,et des moins agréable mais une bonne partie est "evacuée"!!!! De notre enfance mauvais souvenirs, cauchemars quelque fois nous suivent dans notre<br /> vie d'adulte et il n'est pas facile de s'en débarrasser il faut croire qu'un jour ,ils finiront par se lasser de nous..<br /> <br /> <br />
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A
<br /> superbe Dan, tu aurais fait un bon psy toi aussi et merci à ceux qui ont bravé les odeurs pour me laisser un commentaire<br /> <br /> <br />
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O
<br /> Ce n'est pas une vie d'ange !<br /> <br /> <br />
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D
De l'excrément Hugo avait fait un poème truculent, mais je t'assure Azalaïs, que ton récit rout en étant réaliste et peut être justement parce qu'il l'est, lui est est fort touchant.<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Dominique
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J
Ma chère Aza,<br /> selon l'histoire (ou la légende), il y eut un concours de poésie scatologico-pornographique dont l'initiatrice et la récompense était... Georges Sand elle même...<br /> Victor Hugo écrivit "Ode à la M..." et Musset "les filles de Loth"...<br /> (aussi "énormes" l'un que l'autre)<br /> Musset gagna et la belle Aurore devint sa maîtresse... pour le plus grand malheur du poète...<br /> bisous amicaux<br /> jean-marie
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A
pour jean-marie et Robinson, il y avait un autre poète auquel je pensais Lamartine ou Musset, mais j'ai oublié le nom,
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R
Ton texte me rappelle une formule que j'avais lue dans des lieux identiques que je fréquentais moi aussi bien sûr:<br /> "Vous qui, en ces lieux, soulagez vos entrailles,<br /> De vos doigts merdeux épargnez la muraille!"<br /> C'était la vie...
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B
tu as ouvert les vannes... il est évident que notre enfance était bien différentes de celles de nos petites "tête blondes"... je me souviens très bien du ruisseau dans un village des Pyrénées Orientales qui recevait le contenu en direct des W.C. des maisons qui le cotoyaient... C'était le cas dans les années 70 de petits villages du Massif central aussi dans un hotel dans lequel je suis passée; les toilettes dans l'angle de l'escalier donnaient directement sur le torrent...Et qui n'a jamais eu peur de tomber dans le caca sous les bancs de bois qui nous servaient dans les années 50...Je crois que ça fait partie de notre vie...Alors tes cauchemars ne me surprennent pas plus que ça... mais cette vrai merde là n'était -elle pas préférable à la "merde" actuelle économique je veux dire ?... bisous Aza...bravo pour ce texte...
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A
C'est bien comme cela que j'avais compris, tu lâches les soupapes sachant qu'ici tu trouveras partage et complicité....
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J
bonjour, ma chère Aza...<br /> ce petit mot pour te redire combien je trouve que tu as eu raison de publier ce texte<br /> c'est ici notre espace de liberté, aussi bien pour les textes que pour les commentaires et c'est formidable !<br /> gros bisous d'amitié à tout le monde<br /> jean-marie
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A
c'est juste Annick que je suis dans une période de régression, de rejet envers pas mal de choses, de colère aussi devant tout ce bling bling, cet argent jeté par les fenêtres, mon enfance aussi qui n'en finit pas de me péter à la gueule, cet éternel sentiment d'exclusion, d'injustice et de honte... Ce n'est pas une merde joyeuse Polly, c'est juste la merde que partagent tant de gens dans la vie alors que nous nous bouchons les yeux et les oreilles pour ne pas la voir ni la sentir<br /> Les rêves, c'est comme la médiation,on a les rêves qu'on peut et la culture qu'on peut et je suis désolée Annick d'avoir partagé cette vidange<br /> avec vous. c'est vrai que si je l'ai fait c'est aussi parce que La Petite Fabrique c'est un lieu à part où je connais la plupart des gens qui le fréquente mais je ne mettrai pas ce texte sur mon blog
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A
Et voilà tu as fait la vidange !<br /> Tu aurais pu la faire ailleurs mais tu as préféré nous faire partager ta merde, est-ce un signe d'amitié ???????????? :-)
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P
et bien moi j'ai adoré toute cette merde dont on nous éloigne dès l'enfance par mesure d'hygiène, comme s'il fallait oublier qu'on a un corps qui évacue, un corps qui sent, qui sue et qui vit!<br /> J'ai vu récemment un titre de livre qui m'a fait rire, je ne sais pas si je l'achèterai parce que je me débrouille bien de ce côté: "Comment chier dans les bois".
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J
Un récit réaliste à souhait, ma chère Aza<br /> mais c'est tellement bien raconté<br /> Ton texte est infiniment plus agréable que la fameuse "Ode à la m..." de Victor Hugo... poème que je n'ai jamais vraiment apprécié...<br /> d'aucuns le tiennent d'ailleurs pour apocryphe<br /> gros bisous amicaux<br /> jean-marie
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