Danse
Curieuse dame, la danse !
Un jour, me prenant le visage entre ses mains, elle me dit : « je ferai de toi une grande danseuse, ayant le sens du rythme et de la musique ».
Aussi lorsque quelques notes folâtraient autour de mes jupons, déjà je sentais mes hanches suivre en cadence le tourbillon de ces mots.
J'étais aussi saoule à valser sur la piste, que ceux qui s'enivraient, bouteille à la main, et mon corps élancé se projetait en arrière pour boire les lumières tamisées.
Quand un tango suivait, mes jambes se mouvaient, collées à ceux de mon partenaire, mais des frissons qui s'échappaient, seule la danse restait divine et déjà tout s'évanouissait dans son plaisir jusqu'au bout des lèvres sèches et muettes.
Des pas et des pas, des jeux de mains, toute la nuit sans s'épuiser jusqu'au final
Alors s'éteignaient les lumières, et les couples une dernière fois s'assemblaient sur la piste devenue trop étroite
Emotion, tristesse, parfois larmes, on s'abandonnait à la fièvre du samedi soir, celle de nos vingt ans, pour une dernière danse.
Ainsi les yeux vieillis, je la regardais avec ses empreintes : des pas figés, et seule, une musique résonnante sur un sol désert, en dernier adieu.
Lilounette
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