Passez pompon, les carillons
Il y aura un jour, il y aura la nuit. Il y aura un jour et puis ce sera l'heure. Et quand tu seras là, si seule au bout du pont, il ne sera plus temps de poser la question : « Je reste ou je demeure ? »
Peut-être entendras-tu cette ancienne comptine qui te faisait frémir quand tu étais enfant :
« Passez pompons les carillons, les portes sont ouvertes
Passez pompons les carillons, les portes sont fermées à clef!!
Passe, passe, passera, la dernière, la dernière,
Passe, passe, passera, la dernière restera ! »
Quelle peur tu avais de ne pas être élue, préférée, retenue dans cette cage à quatre bras ! Mais maintenant, si tu pouvais choisir, refuser cet encadènement du corps et de l'esprit, être juste oubliée encore un petit peu. Ne pas avoir à traverser cette ligne mouvante aux rives incertaines.
Les vannes du désir, pourtant, ne se sont pas fermées. Oui, tu as faim encore de soleils, d'arbres nus, de neige, de corolles, de forêts frissonnantes et de chemins perdus.
« Sœur Anne ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
« Je vois juste le ciel qui rougeoyant flamboie et l'océan des bleus qui foisonnant ondoie ! Et puis, dans le lointain, l'autre terre est là. Une terre sans mots, une terre d'oubli, de silence, d'abîme, noire terre d'ennui, de châteaux effondrés ! »
« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ... »
Azalaïs