Ruines
Dans un paysage presque lunaire les bâtiments de la vieille usine sont alignés au cordeau. On n'entend que le vent qui siffle entre les bâtiments aux fenêtres éventrées. Il fait froid. Tout est à l'abandon. Le soleil peine à percer la couche de pollution. Le ciel a perdu de son existence-même. L'atmosphère est une couche de brouillard opaque et impénétrable dés qu'on atteint dix mètres au dessus du sol. De la grande cheminée de l'usine on ne voit plus rien. Tout est grisâtre, recouvert d'une épaisse couche poudre plus fine que du talc, que le vent inlassablement essaie de balayer.
Une ombre avançait dans le brouillard, comme le fantôme d'un être humain. Quelques résidus de vieux sacs poubelle inutiles volent soulevés par le vent.
Une épaisse couche de poussière recouvre le sol que le vent de temps en temps soulève en tourbillons enveloppant le fantôme d'un manteau glacial. Les marques de pas n'existent pas, peut-être trop vite recouvertes, comme si le vent voulait effacer ce souvenir du passé.
De ce lointain passé où les hommes jouaient les apprentis sorciers, où ils voulaient dompter la nature, et n'ont fait que la détruire. Même le vent ne savait plus de quel côté souffler ! La mer, réchauffée, engrossée de toute la glace fondue, s'alliant avec le vent a finit par se démonter, montrant ainsi qu'elle se rappelait comment faire un déluge et que les êtres vivants, entre ses mains, n'étaient que des fétus de paille seulement capable de prier. Longtemps la mer se promena sur toute la Terre la marquant de son empreinte, lavant ainsi toutes les cicatrices que l'Homme lui avait faites.
L'ombre continuait d'avancer entre les bâtiments de la vieille usine. Au bout de l'allée il aperçut l'ancienne maison du gardien, petite maison du Chnord, de briques qui devaient être rouges. Légèrement voilée par le brouillard atmosphérique, la fenêtre était ouverte et une ombre blanchâtre semblait s'y encadrer. Sur la vitre le fantôme aurait dû voir son reflet, mais il ne vit que la poussière de l'atmosphère, opaque, irrespirable... L'ombre blafarde aurait pu être un être humain survivant du grand cataclysme. D'autres ombres circulaient dans les allées de l'usine et toutes ralentissaient en passant devant la fenêtre sans oser s'en approcher. Le fantôme lui osa... Ce qu'il vit de prés... Lui sembla être une femme, la peau vraiment blafarde, le visage irrémédiablement triste comme celui d'un mort-vivant. Elle ressemblait à une nymphette, mais le désespoir était passé par là. D'une main elle venait de soulever le rideau alourdi de poussière âcre, son regard traversa le fantôme pour s'abîmer au cœur de l'atmosphère. Puis, elle disparue dans un frisson. Le vent souffla un peu plus fort.
Les ombres allaient et venaient au gré du vent. Petit à petit, la poussière nivellerait la surface de la Terre, sans espoir de renouveau.
Très loin de là, à plusieurs millions d'années, une dizaine de navettes spatiales se posaient sur une planète bleue...
Mélodie
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