Je suis venue te dire
Je suis venue te dire que la Toscane est toujours aussi belle, que les grands cyprès noirs pérégrinent toujours dans les collines blondes et que les oliviers argentent comme avant les vignes rougissantes.
Comme avant, je me suis installée les pieds nus au soleil sur la Piazza Del Campo. Il faisait doux et tendre sur les marbres bleutés de la Fonte Gaia . Longtemps j'ai regardé le délicieux manège des pigeons amoureux qui allaient s'ébrouer sous de petits jets d'eau. J'avais la tête qui me tournait un peu du Chianti de l'Antica Trattoria Papei. Je n'ai pas retrouvé notre table mais le serveur avait toujours les yeux merveilleusement gris. Il y avait un mariage et les garçons d'honneur portaient des couronnes de feuilles. L'un d'entre eux m'a souri tout en levant son verre ; on aurait dit un dieu champêtre échappé d'une fresque.
A la villa Maiano, la piscine était emplie de feuilles mortes mais les grillons chantaient encore malgré la fraîcheur de la nuit. Il y avait un nouveau petit chat noir et blanc à la grille.
Bien sûr, je suis retournée me repaître du Persée de Cellini. Le guitariste de La Galerie des Offices jouait toujours le même air d'Albéniz. J'y suis restée longtemps, tout mon corps absorbé par l'air et par le ciel, par la pierre et le bronze et par cette brume sonore et colorée nulle autre part égale...
Bien sûr, je me suis à nouveau égarée dans le tourbillon des détails pittoresques des fresques de l'Abbaye de Monte Oliveto Maggiore. Tu les trouvais trop naïves, trop foisonnantes aussi.
Serait-ce ma naïveté qui t'a déplu en moi ? Naïve, il a bien fallu que je le sois pour croire en tes promesses et sans doute aussi en celles de l'homme aux yeux gris qui m'attend là, en bas, juste devant ta porte...
Azalaïs
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