C'était une belle journée d'été. J'étais encore une petite enfant et, avec mes frères et une de mes cousines, nous jouions dans la cour de la grande ferme où habitaient mes parents, grands parents, oncle et tante. Il faisait lourd et étouffant, nous n'avions même plus la force de courir et régulièrement, nous interrompions nos jeux pour aller boire une grande rasade d'eau fraîche à la pompe. Les hirondelles, assoiffées comme nous, rasaient le sol à la recherche d'un point d'eau. Ma grand-mère sortit sur le seuil de la porte, mit son bras en visière au -dessus de ses sourcils et énonça : « Vous éloignez pas, les drôles ( c'était comme ça qu'elle nous appelait), va y avoir de l'orage ! »
Nous l'aimions bien cette grand -mère, mais parfois, avec ses interdits, elle nous agaçait un peu ( mon petit fils, actuellement dirait qu'elle nous pompait l'air !). Toutefois, ce jour- là, l'atmosphère pesante et les gros nuages noirs qui s'amoncelaient au - dessus de nos têtes ne nous donna pas du tout envie de désobéir, nous avions tous bien trop peur de la foudre et des éclairs et encore plus, je crois, des coups de tonnerre.
Nous ne nous éloignâmes donc pas et bien nous en a pris, car, peu de temps après, les premiers grondements se firent entendre. Nous nous réfugiâmes tous dans la grande salle commune, pas beaucoup plus rassurés les uns que les autres. Je crois pouvoir dire que notre petite grand - mère n'était pas plus à l'aise que nous, je me demande si elle n'avait pas commencé à égrener son chapelet ; c'était un geste qu'elle faisait souvent, en cas de peine , d'angoisse, ou de joie, parfois !
Nous nous occupions à une partie de cartes quand tout à coup, une déflagration puissante se produisit à l'intérieur du réfrigérateur et provoqua la descente rapide de mon plus jeune frère- mort de terreur- sous la table. La foudre était tombée sur le poteau électrique qui apportait le courant électrique à la ferme et avait suivi le fil jusqu'au frigo où elle avait provoqué la fusion de la lampe et peut -être même de la résistance, je ne me souviens plus.
Les jours très chauds d'été quand l'orage menace, c'est toujours cet incident qui me revient en mémoire.
Jaqlin
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