- Non, je ne veux pas redoubler !
- Alors tu te condamnes à une seconde professionnelle ma fille, parce qu'une troisième avec le niveau que tu as aujourd'hui, c'est droit dans le mur.
- Et tu auras un an pour trouver ta voie, dit le proviseur.
- Non, j'irai en seconde générale.
- Alors il faudra vraiment beaucoup travailler et combler tes lacunes, dit le proviseur.
- Et comme tu en es incapable, je reste sceptique.
- Vous verrez, je serai tête de classe.
- On connaît tes capacités Julie, mais c'est vraiment un investissement de tous les instants qui t'attend.
Julie sort du collège et son père reprend la conversation sur ce redoublement qui ne peut lui être que profitable. Elle fronce son petit visage, très contrariée. Elle réussira, elle le sait, elle en est capable confirme-t-elle.
- Oh ! mais je sais que tu as les capacités, sauf une : le travail.
- Je te prouverai le contraire et je mériterai ainsi un beau cadeau.
- Ce n'est pas à l'ordre du jour.
- J'aurais au moins le droit de partir en vacances avec mes copines ?
- Sûrement pas. Je ne vois pas les choses comme ça. Si tu réussis tu auras toute ma considération parce que tu auras fait des efforts colossaux. Tu auras aussi tout mon respect parce que tu auras montré ta pugnacité et enfin tu auras toute mon estime parce que tu seras devenue une jeune fille accomplie.
- Pfff ! Toujours les grands mots.
Elle s'échappe toujours autant, va traîner chez les copains, tourne les talons dès que la surveillance se relâche, et pourtant le premier trimestre de la troisième avance. Aux vacances de la Toussaint, les parents s'étonnent du relevé de notes, elles sont plus qu'excellentes.
- C'est incroyable, je ne la vois jamais travailler, elle continue sa petite vie d'effrontée comme avant.
Le bulletin de noël confirme pourtant les résultats. Comment fait-elle ? s'exclame le père. La mère hausse les épaules, on verra bien si elle tient la distance.
Elle la tient, elle la tient si bien que l'année s'achève avec la meilleure moyenne de sa classe et un brevet avec mention.
- Nous sommes vraiment ébahis. Et nous voudrions savoir comment tu as pu obtenir de tels résultats avec tes escapades incessantes.
-C'est simple, j'allais bosser avec mes copains, je leur dois beaucoup. C'est ma vraie famille, c'est pour ça que je ne voulais pas redoubler.
- Ta vraie famille ? Tu y vas fort ! Et nous ?
- Vous, vous êtes contents. Et vous me devez considération, respect, et estime.
Et elle s'enfuit dans sa chambre, claquant la porte et les laissant plutôt embarrassés, on ne se fâche pas contre quelqu'un qu'on estime.
- Quel orgueil !
- Quelle peste !
Le lendemain matin, la mère découvre dans la chambre vide un mot épinglé sur l'oreiller.
« Je suis partie chez Grand-Ma pour quelques temps. Je me suis rendu compte que ma place de première ne m'a pas apporté ce que j'attendais. Moi, ce que j'aurais voulu, c'est simplement une goutte d'amour ».
Polly