La mémoire des mains
Les mains sont les premières à ressentir l'absence, l'envol de cet oiseau qui les prenaient pour nid ! Alors, pour oublier ce grand vide impossible à combler, cette attente en creux, elles s'agitent en tous sens, cherchent une autre matière, s'inventant chaque jour des travaux inutiles auxquels on fait semblant d'accorder une importance extrême.
On fuit et on se perd, juste pour relier l'espace, capturer le fugace, renouer un à un tous les fils, pour remonter le temps, pour retrouver la source... Mais le vent a passé ! On a cru avancer mais on n'est nulle part, toujours entre deux rives, dans le brouillard des mots, dans l'enchevêtrement dérisoire des rêves, au beau milieu d'un conte ironique et cruel !
Pourtant, c'était hier ! Je sens encore dans mes paumes flétries la confiante fraîcheur de ces petites mains qui venaient s'y loger, paisibles comme des îles. Elles en gardent l'empreinte dans le moindre repli, le souvenir précis du contact espéré, des doigts qui se referment, des pouces qui se croisent ...
L'esprit peut s'égarer dans la trame des jours, sans fin on s'interroge sur ce pouvoir insensé qui sait dès le début vous harponner le cœur en agrippant un doigt !
Azalaïs
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