La culotte.
J'avais six ans. A cette époque-là, les mères tricotaient en abondance gilets, robes et même petites culottes en laine ou en coton. Il suffisait de mettre un élastique adapté à la taille de l'enfant et voilà qui était fait, ça grattait, ça avait un fâcheuse tendance à se loger dans la raie des fesses, ce qui n'était pas très confortable mais personne n'avait jamais eu l'idée de me demander ce qui m'était agréable ou non et moi je n'avais jamais eu l'idée de contester quoi que ce soit. A vrai dire, je ne savais même pas que j'avais le droit de préférer une chose à une autre.
J'étais donc affublée, ce jour-là, d'une de ces culottes faite maison, j'étais dans la cour de l'école, la cloche venait de sonner et nous nous mettions en rang quand soudain, je sentis que l'élastique venait de craquer... Que fit donc la culotte? Evidemment, elle descendit sur mes chevilles. Moi qui aurais voulu disparaître dans un trou de souris, vous imaginez ma détresse ! Quelle fut ma réaction dans cette situation dramatique? ça, vous ne le devinerez pas ? Je me mis à hurler... Ce n'était évidemment pas la meilleure façon de passer inaperçue, mais quand la terreur vous prend !
Pour me faire taire, la maîtresse n'eut d'autre solution que de me mettre dans un coin de la classe, de prendre une aiguille et de recoudre l'élastique récalcitrant. L'opération faite, je pus rejoindre ma place et je redevins muette.
Je me souviens bien de cette petite culotte en laine rose et de ma honte.
gazou