Pressions socio-vestimentaires
Au sortir de mon adolescence, ma post-adolescence étudiante pour être plus précis, j'ai acheté un habit.
L'émerveillement est rarement de mise après ce genre d'édifiante nouvelle mais...
Pour situer les pans de ma personnalité relatifs à l'historiette qui va suivre, il faut savoir que j'avais à l'époque un goût vestimentaire des plus réduits et je n'accordais que peu d'importance à mon apparence physique, y trouvant même un sentiment de rébellion contre toutes les autorités de mon existence. Que ce soit mes parents (" Tu ne vas pas sortir habillé comme ça, c'est ridicule, tu ne sais pas t'habiller ! "), la société (" La mode est un vecteur de consommation de notre société capitaliste de plus en plus rampante qui joue sur nos besoins culturels pour véhiculer des messages consuméristes ! Faut arrêter d'acheter des fringues hors de prix ! Rebellez-vous !"), mes professeurs... Tout était prétexte à réconfort dans mes choix d'habillement ce qui, au final, signifiait que je ne portais que des fringues super larges dont le nombre ne permettait pas la variété... Pour compléter tout cela, j'ai encore actuellement des problèmes dans la démarche d'achat mais je me bats (la post-post adolescence).
Dans mon aventure, je revenais de vacances accompagné d'un couple d'amis et de ma petite amie de l'époque, qui se battait pour me faire porter des habits "à la mode". On était en voiture, je conduisais, retour de vacances dans le Sud, beau temps, vallée de Rhône, bouchons. Alors que nous avancions à un rythme freiné, ma copine aperçoit une zone commerciale avec des magasins d'habits affichant des réductions "incroyables" sur leurs produits. Tout le monde (les deux filles) convenut d'un commun accord de la nécessité de s'y arrêter un moment, justifiant ainsi un repos et une occasion de faire du shopping...
L'autre mâle de la compagnie étant un garçon attaché à son habillement, et dont la stratégie d'achat d'alors était : "Si c'est immettable, c'est pour moi et si c'est rose, c'est mieux". En moins de temps qu'il en faut pour sortir de l'autoroute, se garer, et se faire engueuler pour un changement de voie un peu précipité ayant causé la frayeur de mes passagères féminines, je me retrouvais dans un de ces magasins, entourés de gens sur-motivés quant à l'idée de me relooker.
Personnellement, je ne me suis jamais senti à l'aise dans ce genre de magasin... Un vendeur vous saute dessus, veut vous conseiller, vous refusez poliment prétextant "juste regarder, mais c'est gentil, et oui, je vous appelle en cas de besoin, je vous remercie bien..."... On regarde des choses dont on n'imagine même pas qu'on pourrait avoir un jour à les porter. C'est empilé, c'est pas clair quant aux tailles (1 000 000 de systèmes différents), les dessins sont bizarres, les coutures sont louches...
"Moi je regarde vite et j'attends d'avoir un coup de foudre !" me dit l'amie. Raté pour moi... J'arrive pas à trier le nombre d'informations entrant dans mon cerveau, la musique est forte et stupide, les couleurs sont flashy, ca sent le tissu et le parfum...
"Non mais Seb, regarde cette veste, elle devrait t'aller super bien !". Là c'est ma petite amie qui me montre une veste rouge deux fois trop petite. "Heu... Ouais... Je sais pas trop... J'ai bien le côté idéologique de la couleur mais...". Sur ce arrive mon ami, mon frère de l'heure, qui je l'espère, va me tirer de ce mauvais pas, me soutenir et m'inviter à la sortie de ce temple démoniaque... Encore raté, il a sur son bras trois T-shirts d'un goût douteux... Et pire encore, il en indique un quatrième, orange flashy avec des gars en moto genre 70's dessinés dessus !
"Ouais Seb, avec ce T-shirt, ça va être cool...Confiance !". Ben voilà, j'enfile le tout... Applaudissements et émerveillements de l'assemblée réunie autour de moi. Et là, afflux sanguin dans mon crâne, coup de folie, je prends la décision de les acheter... Redoublement de joies parmi mes compagnons de fortune qui me félicitent et me congratulent. Limite ma copine en a les larmes aux yeux (j'exagère mais je le revis comme ça). Le prix élevé de l'ensemble ne me saute aux yeux que lors de l'acte de paiement mais bon... Faut bien faire des folies ! Et je repars tout guilleret avec mes habits dans un sac, la note exorbitante glissée dedans... La suite se devine : le T-shirt jamais porté et quelques tentatives avec la veste rouge sang mais pas à l'aise dedans...
Ainsi cet évènement n'a pas fondamentalement changé ma façon de m'habiller (j'ai grandi entre-temps et compris des trucs d'adulte)... Les fringues achetées ci-dessus sont encore difficilement portables (plus que moulantes : petites et démodées !) et occupent une place négligeable dans mon placard... Mais cela reste malgré tout mon histoire référence avant de faire un achat compulsif... Un point de repère dans cette société capitaliste de plus en plus rampante qui joue sur nos besoins culturels pour véhiculer des messages consuméristes... Tiens je vais aller la porter pour le fun !
Koroffstrogov