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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 15:59


Histoire de pompon


Pour mon entrée en sixième, ma mère m'avait choisi dans le catalogue du "Mulet Rouge" un ensemble manteau et bonnet marron glacé avec parements de fourrure (fausse bien sûr).

Moi, j'aurais préféré le vert bronze, mais j'ai eu le droit aux "le marron c'est moins salissant" "le marron c'est indémodable" comme si à onze ans je n'allais pas grandir encore.

Bref, je me retrouvais au début de l'hiver, dans la cour de récréation, engoncée dans mon superbe manteau dans lequel je me sentais d'autant plus mal à l'aise que d'une part il faisait trop "classe", trop "endimanché" au milieu des anoraks et autres blousons de mes condisciples.

Et en plus, cerise sur le gâteau si je puis dire, je n'avais pas pu y couper il avait fallu que je mette le bonnet.

Or, j'étais une fille obéissante.

Or, le bonnet avait un pompon !

Or, pour la première fois de ma vie j'étais dans une école mixte (je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans (et même de 30), enfin vous connaissez la chanson).

Or, le propre d'une école (enfin d'un collège) mixte c'est qu'il y a des garçons !

Or, les garçons c'est lourd et ça ne recule devant aucune mauvaise blague !

Or, donc me voici pauvre esseulée au milieu d'une meute de jeunes futurs acnéiques en train d'essayer de rattraper mon pauvre bonnet qui s'envole au-dessus de ma tête pour passer de main en main.

Or, in petto, je maudis ma mère pour m'avoir imposé cette fichue tenue !

Et, enfin je récupère mon bonnet d'un côté, mon pompon de l'autre parce que bien sûr ces foutus jeunes rouleurs de mécanique n'ont rien trouvé de mieux que d'arracher le pompon sus-cité.

Ma mère maugréant a recousu le pompon et en dépit de mes protestations et de mes supplications m'a renvoyée au collège avec la même tenue.

Et devinez !

Ben, oui ce qui devait arriver, arriva à nouveau.

Les garçons avaient trouvé une tête de turc et un nouveau jeu super drôle, "piquer le bonnet de l'autre tartignole"

Et je revins à la maison, non pas une, mais plusieurs fois avec le moral dans les chaussettes (parce qu'à l'époque à 11 ans les filles portaient encore des chaussettes, se reporter ci-dessus à la phrase -je parle d'un temps, etc-) et mon pompon dans la main.

Or donc la diplomatie ayant échoué et ayant une mère qui du genre "aux grands maux, les grands remèdes", je repartis le lendemain avec mon manteau (que je commençais à détester grave) sur le dos et mon bonnet (que je haïssais carrément) sur la tête.

Seulement, ma mère avait concocté une petite surprise pour les mauvais plaisants.

Comme d'habitude je me retrouvais au milieu de l'arène.

Les fauves étaient lâchés.

Au milieu des rires, un moutard ricanant s'empara à pleine main de mon bonnet par le pompon.

Et là, il tomba sur la surprise maternelle, hurla en se tenant la main et lâcha mon bonnet au milieu de la consternation générale.

Le pompon, qui était une boule de fourrure compacte, avait été copieusement garni d'épingles !

Bref j'avais sur la tête une bombe à retardement.

Ces grands flandrins sans aucune vergogne allèrent se plaindre au directeur, je dus expliquer les mauvaises plaisanteries dont j'étais victime depuis un moment et la parade inventée par ma mère.

Nous fûmes renvoyés dans nos buts par un directeur qui n'en avait pas grand chose à faire (c'était comme ça en 68/69 interdit d'interdire).

En tout cas, j'eus ensuite une paix royale du côté du bonnet, mais une vie sociale assez médiocre, ce qui peut se comprendre.

Dieu merci, je grandis et l'année suivante ma mère n'insista pas pour m'habiller à nouveau comme une petite fille modèle, je rentrais dans le rang avec un anorak tout-à-fait standard et très franchement je ne sais plus ce que sont devenus manteau et bonnet, d'ailleurs cela ne m'a jamais empêchée de dormir !

 


Martine27

http://moncarnetamalice.over-blog.com

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commentaires

D
Ben moi, j'ai connu une histoire de ce genre mais, je crois, encore pire... C'était en 1963 ou 1964, j'avais 10 ou 11 ans et la mode, à cette époque là, était aux bonnets tricotés au crochet en grosse laine, attachés sous le menton et surmontés d'un gros pompon. Et si je me souviens bien les catalogues de l'époque (La redoute et Les 3 suisses) proposaient de tels modèles en précisant que les tailles allaient de 0 à 16 ans ! En les feuilletant, l'idée est venue à ma mère de m'en faire porter un mais plutôt que de commander par correspondance, elle préféra m'emmener dans une chapellerie dont la vitrine débordait de modèles de ce genre tous âges confondus (évidemment, puisque c'était "la mode" !). Je n'étais pas du tout enthousiaste mais il est vrai que les enfants n'avaient pas grande latitude en ces temps-là pour discuter les décisons des parents et à partir du moment où ma mère avait décidé de m'affubler d'un couvre-chef de ce genre je n'avais d'autre solution que de me plier à sa volonté !Donc, malgré mes réticences, me voici quasiment entraînée de force un mercredi après-midi de fin d'automne dans la boutique tenue par une vieille demoiselle aidée par une vendeuse plus jeune. A l'intérieur, il y avait déjà un bébé de 2 ou 3 ans qu'on avait assis sur le comptoir et auquel on essayait justement plusieurs bonnets ! C'est alors que la vendeuse, après s'être renseignée sur le but de notre venue, demanda à ma mère de me faire asseoir également sur le comptoir à côté du bébé et commença à sortir des bonnets pour me les essayer. J'étais rouge de honte et à chaque bonnet, je devais supporter les commentaires non seulement de ma mère, mais encore ceux de la vendeuse, de la patronne et de la maman du bébé !!! Des trucs dans le genre: "Celui-ci lui va à ravir" ou bien "Il faut le serrer un peu plus sous le menton" ou encore: "Elle est mignonne comme tout ! ". En fin de compte, je me retrouvais avec un bonnet blanc, mélangé de rose et bleu, surmonté d'un énorme pompon et dont les attaches étaient elles-mêmes terminées par un pompon !!! L'accueil au collège, le lendemain, fut à la hauteur du bonnet et les quolibets du genre "Oh, le bébé, oh le bébé !" n'infléchirent en rien la décision de ma mère de me le faire porter, prétextant qu'il m'allait très bien et qu'il protégeait parfaitement ma tête et mes oreilles. C'est vrai qu'il était très doux et très chaud et si j'en ris aujourd'hui, je n'ai jamais imposé à mes enfants quelque vêtement qui leur déplaise.
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M
Je vois que je vous ai rappelé à toutes un certain nombre de souvenirs pas forcément agréables mais bon, ils font partie de nous. Oui j'étais obéissante à l'époque ça m'a un peu passé heureusement. C'est sûr Melly qu'avec mon pompon à épingles aujourd'hui ma mère serait passée devant un tribunal (tu devais être chou avec ton noeud). Pour tout dire Azalaïs je crois que plus on m'embêtait et plus j'avais envie de résister.
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C
Bouh ! Quelle remontée dans le temps ! Le coup du bonnet à pompon je l'avais oublié celui-là, les images me sont revenues d'un coup : premier jour dans le bus, un chef de bande m'avait fait le même coup, mais je n'ai rien trouvé mieux que de lui coller une monumentale giffle devant tous les acolytes qui portèrent les mains au visage en pensant "elle va se faire massacrer", tandis que j'allais rechercher mon bonnet avant de regagner ma place en le rangeant dans mon cartable. L'autre la joue rouge m'a alors rendu ma giffle (normal pour garder la face devant ses potes !) mais... plus jamais il ne s'est attaqué à moi ! <br /> Merci pour ces souvenirs aigre-doux.<br /> Clo
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S
Ta mère tenait vraiment à ce que tu portes ce bonnet pour avoir eu cette idée.
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F
je compatis! :-)))))<br /> big bisous
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L
C'est vrai , pour avoir vécu ces périodes que nos parents ne badinaient avec le ' ridicule' , à chacun ses moyens et les faibles étaient souvent la risée des autres .<br /> Amusant cette manière d'être conté
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A
que de souvenirs à la lecture de ton texte!! nous, nous avions des tabliers pour cacher nos misères mais il y avait toujours des filles mal intentionnées , tout comme le dit si bien Babeth, pour railler le dessous! Elle m'impressionne quand même ton histoire de pompon! J'imagine ton désarroi au milieu de cette cour, servant de tête de Turc! c'est quelque chose que je n'ai jamais pu supporter!
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C
Belle histoire Martine...! Ca me rappelle l histoire de Beatrix Potter de la couturiere-herisson, Mrs Tete d´epingles, que j adorais !!!<br /> Ton aventure est tout a fait actuelle cependant: aujourd hui, on arrache les capuches pressionnees des anoraks et on ne les retrouve pas...moi je les couds avec du fil elastique maintenant ...<br /> Claire
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O
Tu étais obéissante! moi je me souviens que dès mes 7ans,je tournais au coin de la rue et le bonnet dans le cartable! jolie histoire ,quelle époque...
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B
ma pauvre, quelle aventure, ça me rappelle ma vie d'écolière... La même année, l'école mixte, la cruauté des garçons, mais aussi celle des filles qui ne manquaient jamais de me rabaisser, en me faisant comprendre que nous n'étions pas du même monde... (Vu les vêtements que je portais)... Et pourtant, comble de l'ironie, c'était une école catholique avec des religieuses...
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M
Et bien moi, (un peu plus âgée...en 68 j'avais mon Bac...)<br /> je retrouve des vielles photos, ma maman m'affigeait d'un GROS énorme noeud blanc dans les cheveux !<br /> c'était la mode pour les petites filles !<br /> en tout cas ça fait des photos noir & blanc géniales !<br /> <br /> ton pompon à épingles, aujourd'hui, ferait scandale : les parents des copains porteraient plainte !!!!<br /> <br /> récit amusant !
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P
Ben, dis! Quelle mère et quelle humiliation! Remarque tu as été persévérante et courageuse, moi je l'aurais planqué avant d'entrer au collège.<br /> Mais qu'est-ce que c'est bête un garçon à 11 ans, mais pas seulement un garçon, et pas seulement à 11 ans, parce que des têtes de turcs il y en a à tout âge.
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