Pluie fondante.
Un orage éclate, aussi soudain que brutal. Le bruit sur le toit de la voiture est inhabituel, et m'incite à ralentir. Je tends l'oreille, inquiète, car le bruit se rapproche, comme s'il pleuvait à l'intérieur. D'ailleurs je sens de l'humidité sur ma nuque. Je lève les yeux. Stupeur !
Des trous dans le toit de ma Simca 1000. Et du chocolat qui me dégouline dessus. Il pleut des œufs en chocolat. De plus en plus fort. Les trous s'agrandissent dans le toit de la voiture, le chocolat, liquéfié par la moiteur ambiante, se répand sur mon corps, éclabousse mes mains sur le volant, opacifie mes lunettes. Je me gare le long du trottoir. La pluie redouble, je suis entièrement recouverte de chocolat. La panique commence à m'envahir, quand on toque à la vitre.
Deux flics.
Je baisse la vitre. Ils me regardent ébahis, s'emparent de mes doigts, commencent à les lécher timidement. Ils semblent trouver le chocolat à leur goût. Ils me font sortir du véhicule. L'un me lèche le visage, consciencieusement, l'autre défait ma jupe qu'il m'enlève, et la suce méthodiquement. Les passants commencent à s'attrouper. Un jeune homme s'enhardit et s'empare de mes lunettes, qu'il nettoie d'une langue gloutonne. Un autre arrache mon gilet, et le déguste, caché dans un recoin. La foule, maintenant compacte, prend d'assaut ma voiture, et la nettoie en deux tours de langue. Les derniers arrivés finissent de me déshabiller, je me retrouve en combinaison.
La pluie a cessé dès l'arrivée des deux flics. Curieusement. Chaque vêtement m'est rendu, propre. Plus une once de chocolat. Je remets mes lunettes, me rhabille, et reprend le volant. Sur le chemin jusqu'à la maison, les feux tricolores me font de l'œil, les femmes sur les affiches publicitaires m'insultent, les peluches dans la vitrine du magasin de jouets me saluent au garde à vous. Les chiens aux intersections marquent l'arrêt, leurs maîtres pissent le long des trottoirs. Les grands-mères jouent à la marelle, les landaus slaloment entre les voitures.
Ouf ! Je suis arrivée. Je rentre dans la première pièce sur la gauche. Une table, une chaise qui me tourne le dos.
- Bonjour, vous savez pourquoi vous êtes ici ? Me demande très doucement un type en blouse blanche...
Domi
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