Ai-je perdu à aimer ?
Pas un seul instant, je n'ai perdu de vue la petite nouveau-née,
que l'on avait posée sur mon ventre nu, toute enduite de sébum
et qui venait de pousser son premier cri.
Dans son silence, les deux petits poings fermés, je ne perdais rien
de son souffle humide que je percevais
croquant comme un baiser.
Ai-je perdu beaucoup de temps à partager ses joies et ses peines,
en la regardant grandir, si ce n'est celui de rêver
que la vie lui soit belle.
Un jour, franchissant la porte, main dans la main dans celles d'un jeune homme, j'ai caché mon trouble et sans doute blêmie.
C'était un grand vide dans la maison, où se mêlaient parmi les photos des albums refermés, les chants, les jeux,
les rires de l'enfant.
Un peu bohème, le temps de perdre mes illusions,
je me regardais dans la glace, les traits vieillis,
consciente que l'enfant ne m' appartenait plus,
mais je n'avais certes pas perdu mon temps de l'avoir trop aimer ...
et de les voir heureux tous deux !
Lilounette
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