Perdue la mort
D’habitude l’on dit " perdre la vie"
mais cette fois, Jean a perdu la mort
dans les méandres de sa vie.
Pourtant elle rôdait depuis longtemps,
la mort ,
toujours à l’affût du plus petit interstice
où se loger, de la plus petite occasion
de s’y faufiler sournoisement.
Mais Jean veille.
Nuit et jour, mois après mois,
il la repousse fermement, la contient aux limites
du royaume qu’il s’est fixé
une fois pour toutes.
Quelle jouissance dans cette bataille imposée !
Que de mots prononcés, d’abord tout bas,
puis bien plus fort, jusqu’à crier à tue-tête
qu’il n’en veut pas, bien trop fou pour partir,
il lui reste tant de mondes à parcourir.
Perdue la mort !
Perdue de vue pour quelque temps.
Un long répit qu’il lui plaît de s’offrir
pour vivre ce nouveau printemps,
pour écouter chanter le vent,
se gorger de la vie qui gazouille tout près.
Balaline