Maladie de A
Il marche en pantoufles le long de cette allée piétonne, l'œil perdu dans le vague, à petits pas, mécaniquement. De temps en temps, il s'arrête, regarde autour de lui, longuement, comme s'il avait beaucoup de temps à perdre. Puis il repart, et semble reprendre le compte perdu de ses pas. Personne à perte de vue, mais cela n'a pas l'air de lui faire perdre son sang froid. Il semble indifférent à tout, comme s'il avait perdu toutes ses illusions. A force de se hâter lentement, l'homme arrive au centre ville. Perdu dans la foule, il est beaucoup moins visible. Les gens ne font pas attention à lui, ils n'ont pas de temps à perdre à regarder les autres. Il continue sa marche inexorable, éperdue, bien qu'apparemment sans but. Et soudain il s'arrête, ouvre le portillon d'une maison bourgeoise, traverse le jardinet, et toque violemment à la porte. Une femme d'une trentaine d'années ouvre la porte.
- Maman ! lui dit-il en souriant, les bras ballants.
La femme, interloquée devant ce vieil homme en manteau de femme à col de fourrure, est sur le point de perdre le peu d'humour qu'elle a en général, quand elle aperçoit autour du cou la plaque sur laquelle est gravée :
Je suis atteint de la maladie d'Alzheimer, si vous me trouvez, merci de me ramener à la maison de retraite Le Bois Fleuri, d'où je me suis enfui.
Domi