
Il fait gris sur le parvis de la gare du Havre. Le ciel est désespérément nuageux, les gens se pressent, les cols remontés, les yeux baissés.
Il y a du passage ici. Des allées et venues incessantes.
Une population hétéroclite se croise, sans jamais vraiment se rencontrer. Des étudiants, des profs, des travailleurs. Le week-end, quelques familles.
Tout un petit monde conditionné. Robotisé.
Le Hall est encore plus triste, malgré quelques tentatives de mini expos, quelques œuvres artistiques abandonnées là.
Un relais-presse, des cabines-photos, une brasserie quasi déserte. Des toilettes insipides où je me réfugie de temps en temps. Un brin de toilette quotidien quand le personnel de la RATP est affairé ailleurs, et par grand froid pour me chauffer un peu les doigts sous le sèche-mains.
Sur les quais en courant d’air, trois voies qui s’en vont vers d’autres horizons. Plus gais ?
Une salle d’attente sommaire où je suis interdit de séjour.
Il fait toujours triste sur le parvis de la gare du Havre. Pourtant, j’ai dû y élire domicile. Mon gros sac en plastique comme seul bien. Je vois les gens courir leur vie sans grand enthousiasme.
Parfois, quand un d’eux me sourit, il y a comme un rayon de soleil qui passe, l’espace d’un instant.