
Tout à coup j’ai eu froid, très froid.
Ma main pendait dans la tienne, non pas forte et enveloppante
mais affolée soudain, perdue dans cette agitation du soir.
Et tous ces bruits, ces hurlements de freins, ces respirations
assourdies, ces pas pressés picotant les quais gris au rythme
des attentes, des espérances ou des frustrations !
J’ai eu si froid de te sentir lointain, en quête du voyage,
le corps serré tout contre moi mais tes rêves plein la tête.
Le cœur battant dans la fraîcheur du soir, le refus du départ, de
l’absence qui vient dérober le bonheur.
La gare est là, hideuse et grise, dévoreuse de nos instants
comptés, de nos mots chuchotés, de nos promesses.
Les ombres passent, s’enlacent puis se diluent, les paroles ne
restituent plus le réel, les nuages viennent assombrir les sourires.
Les premiers pas vers l’absence commencent à s’imprimer le long de la voie A, quai numéro 1.
Un an à avoir froid, à mesurer le temps, à remplir le silence, un an sans toi .
La gare n’est plus que ce gros ventre avide qui ne fait qu’ engloutir
des bouts de vie, des bouts d’amour, des bouts d’espérance.
La nuit, le froid, le bruit, le gris…. plus de lumière pour
accrocher la vie !
Ma main pendait dans la tienne, inerte et déjà résignée .
Balaline
http://balaline.over-blog.org