La rencontre…
Pour une fois Ethan avait de l’avance, il lui restait un bon quart d’heure devant lui avant de rejoindre le quai A comme il était indiqué sur l’écran de contrôle. Il pensa que, tout compte fait, il pouvait aller acheter une revue quelconque pour la feuilleter pendant le voyage et il se dirigea vers l’espace presse.
Il l’aperçut, il marqua un temps d’arrêt, soudain figé : elle était là comme la dernière fois, exactement au même endroit. Cette femme le fascinait. Il avait été frappé dix jours plus tôt par son port de reine, son attitude fière et altière. Aujourd’hui, un large ruban de velours noir orné d’une pierre bleue à reflet vert, enserrant la base de son cou accentuait encore cet effet. Ses yeux semblaient taillés dans le même joyau que son bijou….Cette femme ne ressemblait à aucune autre. Prenait-elle un train ? Attendait-elle quelqu’un ? Elle semblait n’avoir aucun bagage, elle avait juste une pochette de cuir noir à la main.
Complètement déplacée dans ce décor, elle aurait été plus à sa place dans une soirée mondaine, que dans un hall de gare. Elle portait un pantalon noir, assez large, évasé, tombant sur des chaussures noires vernies, très habillées, à talons hauts. Une tunique satinée vert émeraude, resserrée sur sa taille fine par une large ceinture assortie, complétait sa tenue.
Ses cheveux très bruns étaient coiffés en un petit chignon à l’ancienne, tenu par un large ruban du même tissu vert émeraude….
Malgré son aspect si soigné, elle ne semblait pas du tout maquillée, ses joues étaient pâles. Leurs yeux se croisèrent…Il se perdit un instant, qui lui parut une éternité, dans ce bleu couleur de fond marin….
Une sirène ! se dit-il fugacement…
S’arrachant au sortilège de son regard avec difficulté, il se dirigea vers le kiosque, il avait perdu la notion du temps. Il attrapa très vite une revue scientifique et, bien décidé à s’approcher de cette créature de rêve, il revint vers elle. Elle avait disparu ; tournant sur lui-même il regarda de tous côtés. Rien ! A croire qu’il avait rêvé… Lui, si heureux un quart d’heure plus tôt, se sentait vide de toute énergie, comme si elle avait emporté avec elle son avenir, ses rêves les plus fous.
A cet instant, il décida qu’il fallait qu’il la retrouve, tant pis pour le train…
Il ressortit de la gare…. Il la vit monter dans un taxi et prit le suivant donnant l’ordre au chauffeur de suivre son collègue….
Le train de sa vie, c’était ce taxi qui filait loin devant. Au diable ses rendez-vous sur Paris ! Il la rejoindrait aujourd’hui. Il saurait. Il fallait qu’il sache qui elle était. Il avait perdu toute raison. Intimement persuadé qu’elle n’était pas là par hasard. Elle était sa destinée, son présent, son futur. Il la conjuguerait à tous les temps.
Et ne parlerait plus avec elle qu’à la première personne du pluriel….
Publié par Le Bigorneau