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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 17:30
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Matabiau 64 
 

Un matin de septembre 1964, de très bonne heure, à la gare Matabiau, à Toulouse, un jeune soldat qui vient de descendre de la micheline d'Albi se retrouve seul sur les quais presque déserts.

Il est en tenue d'été.

Il fait frais.

C'est la première fois qu'il sort ainsi vêtu.

Il a un peu froid mais il est surtout gêné... autant que s'il était nu.

On lui a dit qu'il fallait saluer les officiers, les gradés...

Mais il n'y connaît rien...

A peine un mois "d'instruction", à la caserne Lapérouse dans ce prestigieux et terrible régiment de l'infanterie de marine.

Les commandos… les "Marines" !

Aucune fierté chez lui. Un mois "de classes" entrecoupé de séjours à l'infirmerie.

Aujourd'hui, il rentre chez lui. Sursitaire, il est en instance de réforme, catalogué RD2, classé A4... réformé définitif sans pension pour défaut grave d'audition...

Ce charabia qui lui semblait il y a quelques jours fournir la clé du paradis le laisse aujourd'hui désemparé. Le paradis est encore loin. Il faut parcourir les quais, le hall immense, prendre l'autobus pour traverser une partie de Toulouse, jusqu'aux Minimes et la barrière de Paris avant de pouvoir embrasser sa compagne... Puis, tout de suite après se rendre toujours en uniforme à la gendarmerie de la place St Michel pour faire viser son titre de permission. Il a droit  en effet à 12 jours de permission de convalescence avant d'être obligé de revenir à Albi se présenter devant la commission de réforme qui le rendra, en principe, à la vie civile. Autant d'occasions de faire de "mauvaises rencontres", de tomber sur ces féroces gradés qu'il oubliera de saluer... il en est certain... et adieu la perm et les bras de la bien-aimée...

Cette gare, qu'il aimait parce qu'elle évoquait jusqu'alors tant de douces retrouvailles, dans cette bonne ville, se transforme soudain un méchant lieu de perdition...

Alors que faire ? 

…Les employés de la gare, le moindre cheminot en uniforme plus ou moins galonné, les facteurs, les agents de police, les pompiers, les contrôleurs de la Société de Transports en Commun se souviennent encore en rigolant de ce jeune soldat qui, l'air absent,  le regard affolé, les a salués tous fort réglementairement ce matin de septembre 1964... 
 

jean-marie

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commentaires

D
c'est drôle comme les évènements peuvent être liés à un endroit bien précis... qui se fixe à jamais !
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A
Une belle histoire de jeunesse, l'appelé s'en est surement remis, et tant mieux pour ceux qu'il a fait sourire ou même franchement rire puisqu'au fond ce n'est pas un si mauvais souvenir !
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J
bonjour, tout le monde...<br /> mon histoire ? oui, en partie un peu "enjolivée"...<br /> pas la mer à boire le service militaire ?<br /> bien sûr mais perdre 18 mois quand on part plus âgé, après le sursis, les études terminées, et que l'on est déjà engagé dans la vie professionnelle... on a l'impression de gâcher un peu sa jeunesse.<br /> Et les porteurs de galons n'étaient pas des plus accueillants pour les appelés... surtout sursitaires...<br /> pas grave... sourires...<br /> gros bisous<br /> jean-marie
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B
est-ce ton histoire Jean-Marie? Bien émouvante...
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C
Ce n'était quand même pas la mer à boire, le service militaire, vous avez du faire une fixation sur tout ce qui portait "galon".... Sourire !
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A
Je faisais le parcours dans l'autre sens : Paris / Toulouse de nuit, 2 ou 3 heures d'attente à Matabiau avec les jeunes soldats hélas pas aussi timides que toi et puis enfin le train pour Albi ! Quand j'entendais :" SaininininT Sulpice la Poininininte!" je savais que j'étais sortie d'affaire !<br /> Ils ont dû bien s'amuser les chefs de gare, les pompiers et les facteurs !!! On n'était pas très fut fut quand même quand on était jeune !
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P
Tout perdu, comme un enfant, on a envie de l'aider vraiment.
Répondre

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