
La gare au bout du chemin de fer s’impose dans la fenêtre du compartiment
comme une grosse masure grise salie par le temps.
Le train crisse, gémit et frémit.
Il s’arrête en hoquetant.
Il semble n’y avoir aucun candidat pour ce lieu désolé.
Je suis la seule à traîner ma lourde valise dans l’allée étroite.
Je pousse la porte avec difficulté.
Le quai est vide. On sent l’odeur du métal chauffé.
Ça y est, je suis arrivée.
Je suis de retour à mon point de départ, mon point de rupture.
C’est dans cette gare que tout s’est fini et que tout a commencé.
Suis-je prête à revenir et à affronter leurs regards durs ?
Je reste longtemps assise dans le hall de gare.
Comme un passage entre deux mondes, un sas entre deux atmosphères,
il adoucit la transition.
Je n’ose plus sortir.
Quelle porte prendre ? Celle allant vers le quai ou celle donnant sur la place ?
La gare comme un lieu de refuge, entre deux décisions : partir ou revenir.
Dodue de la Plume