Tu prends la première rue à droite et tu vois au loin le pont de l’Alma.
Va jusque là, ne fais pas attention à tous ces touristes, l’œil humide, venus rendre hommage à une improbable légende.
Tu traverses le pont, peu importe le vent qui t’aborde par la droite et se faufile dans ton cou. Tu vois, non tu ne vois pas, il n’a aucun charme. Regarde plus loin vers le vent, elle est là la grande dame métallique qu’on ne peut s’empêcher de trouver émouvante.
Au bout du pont, tu tournes encore à droite et là tu sens s’approcher le temps des origines. Oublie les bâtiments raides qui le précèdent, au loin, le verre et le végétal t’attendent.
Tu croises ceux qui en viennent, le regard nourri, l’âme ancrée…
Avance, tu trouves le passage, sur ta gauche qui franchit la façade transparente et te met dans le courant onduleux de l’allée.
Tu achètes ton billet là devant toi et tu t’impatientes de ces quelques mètres qui te restent avant…
De courbes extérieures en courbes intérieures, tu gravis, les yeux déjà gourmands de ce que tu attends.
Et les premiers objets sont là, agglutinés dans la colonne de verre, instruments de la voix des temps, poussiéreux de leur nombre.
Tu les regardes incrédule. Continue de les encercler de ton chemin et là, dans l’obscurité grandissante, tu entres dans l’univers primitif comme dans un ventre.
Tu touches le cuir, tu suis les parois douces, tu sens les grains du braille et tu hésites : par quelle rive vas-tu aborder ces mondes ?
Tu vois, devant toi, il y a un sens officiel, un ordre établi, oublie-le et laisse tes yeux t’emporter vers l’objet qui t’appelle.
Bois, fibre, métal, matières où l’homme premier a inséré son âme, il n’y a pas de musée qui contiendrait tout ce sens.
Tu avances et tu vis.