Tu prends la première à droite.
Une centaine de mètres plus loin, au croisement, traverse la route et face à elle, emprunte le chemin côtier, marche tant que tu le peux.
La matricaire maritime s’épanouie le long de l’Atlantique entre les rochers sur des centaines de mètres, baignée par le soleil qui la suit.
Tu te noies de ces lumières, dans le roulement des vagues écumantes et l’hirondelle de mer dessine au-dessus de ta tête, les traces de son chant qui suit le flux et reflux de la mer.
Tu t’arrêtes un instant auprès du vieux moulin pour écouter la mélodie de ses ailes qui nous berce toujours.
Etonnamment, tout au long de la côte, quelqu’un est venu empiler des galets plus ou moins gros, les uns sur les autres, formes mystiques, étonnantes, proches du précipice.
Qui, de si près avait pu déposer là ses croyances, formuler un vœu, laisser des empreintes de son passage ?
C’est la première fois que je les voyais.
Après le menhir isolé sur la côte déchiquetée, tu croises une tombe, surprenante en pareil lieu : « ici gît ma fille, emportée par une lame », année 1864
Si tu pars suffisamment tôt, une païenne du pays, y vient chaque jour prier, et s’approchera de toi:
« Cette pierre tombale est une légende .A ce que l’on dit, de l’autre côté de la route vivait une châtelaine et chaque jour elle empruntait à cheval ce sentier qui longe la mer sur huit kilomètres
En rentrant sous la tempête, brutalement une lame de fonds l’a ensevelie avec son cheval, la jetant dans le gouffre sous les yeux de sa mère. C’est en son souvenir que fut édifiée cette tombe en bordure de mer, la jeune femme n’avait que seize ans »
-« avez-vous vu tous ces galets ?je poursuis l’homme, qui ici bas les a empilés tout au long de la côte, pour qu’il les détruise, lui étranger, qui est venu semer le trouble .Qui dit qu’il n’a pas jeté une malédiction sur nos vieilles croyances, il faut le retrouver, le chasser de nos terres !
La vieille femme remontait son capuchon que le vent soulevait et après un dernier signe de croix avait repris son chemin.
Il y a le long de la dune, couchés les uns sur les autres enchevêtrés, ces têtes de coton en forme d’ovoïde, appelées « queue de lièvre », qui se balancent au vent comme mes cheveux longs sous tes doigts
Cueille juste un bouquet séché de ces « queue de lièvre »avant de repartir. Je t’imagine le bouquet à la main.
Tu es loin déjà .Maintenant ne te retournes plus, je n’ai plus sur mon visage que du crachin.
Continue de regarder la mer, elle est si belle !
Lilounette.